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Chet Baker

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Chet Baker 4

L'empreinte de Chet Baker déborde largement les seules frontières du jazz. Le musicien (trompette, bugle) et chanteur, emblématique du style west coast des années cinquante, un cool jazz qui prend alors le contrepied du be bop échevelé des décennies passées, a laissé une marque indélébile dans l'histoire. A l'image de ce personnage iconique, au destin fracassé, sujet idéal de biopic, à l'instar de ce visage crépusculaire, éminemment photogénique à travers les époques, beau et désenchanté comme celui de James Dean dans ses vingt ans, parcheminé dans ses dernières années, témoignage d'une existence bouleversante. Une dimension que l'on retrouve dans sa musique, à la trompette comme au chant, source d'inspiration de plusieurs générations, point de départ de cette session en forme d'hommage, mais pas que, rendu au natif de Yale dans l'Oklahoma (en 1929), disparu en 1988 à Amsterdam dans des circonstances dramatiques. Chet Baker est ici incarné par des trompettistes et des chanteurs d'aujourd'hui, venus du jazz et de la pop pour réinterpréter des thèmes devenus des classiques de son répertoire.
Réalisé par Clément Ducol (avec les musiciens Bojan Z (piano), Cyril Atef (batterie), Christophe Minck (basse) et Pierre-François Dufour (batterie/violoncelle)), déjà aux commandes d ‘Autour de Nina, dédié l'an passé à la grande prêtresse de la soul et du blues, Nina Simone, cet album est constellé de temps forts, singuliers, comme si tout ce qu'avait touché celui que l'on reconnaît à l'évocation de son simple prénom, « Chet », restait avant tout dans l'inconscient collectif synonyme d'un expressionnisme écorché, de failles en brisures, à fleur de peau.

Contrairement à certains grands trompettistes de son époque, Chet Baker n'est pas un virtuose. Cela ne l'empêche pas, dès son avènement au sein du quartet du saxophoniste baryton Gerry Mulligan, puis en leader, de déclencher un enthousiasme immédiat et rare pour un jazzman, bien au-delà du cercle des seuls aficionados, au point de susciter controverses et jalousies. Poète de l'indicible, hanté par le démon de ses addictions, Chet Baker joue comme il vit, tel un funambule, sur un fil, à ciel, à cœur ouvert, de notes soupirées en souffles brisés. Sa belle gueule, mi play-boy, mi archange déchu, immortalisée par le photographe William Claxton, fait fondre les filles. Chet Baker est l'une des premières grandes stars du jazz. Et lorsqu'au mitan des années cinquante il se met à chanter, tout le monde succombe à cette voix nue, d'un être au bord du vide, qui voit ses proches plonger dans des abymes qu'il tutoie dangereusement, d'overdoses en faits divers et incarcérations répétées. Dans la dernière partie de sa vie, de 1975 à sa mort, ses concerts sont mémorables, incertains, comme autant de petits miracles, de sursis. Les témoins de ces parenthèses à la limite de la rupture, en sortent marqués à jamais.

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