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Scène française

Le groupe Tryo en interview

Tryo en interview

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Le groupe Tryo en interview 4

Voilà plus de dix ans que Tryo existe. Le groupe avait pour l’occasion fêté leur anniversaire à Genève. Un concert de trois heures plein de surprises et d’invités, au cours duquel le groupe avait offert un show énergique à un public venu en masse pour les applaudir. C’est en exclusivité et dans un cadre « hors promo » que Manu s’etait confié à nous, juste par amitié. Retour sur cette interview où Zikeo à fait le bilan d’une décennie… 

Voilà dix ans que Tryo existe, quel bilan dresses-tu de ces années ?
Manu : On s’est beaucoup amusé. Dix ans c’est long et en même temps ça passe vite. Donc un petit coup de vieux et une partie du système nerveux qui est parti en fumée puisqu’on n’est pas souvent chez nous et qu’on dépense beaucoup d’énergie sur scène. Depuis un an on était en pause, là on fête nos dix ans et après on repart de nouveau en repos, chacun avec des projets personnels. Dans le groupe on ne fait pas de bilan, notre but aujourd’hui c’est d’être heureux de vivre. C’est pas parce qu’on fait de la musique qu’on est plus important qu’un autre.

Comment vois-tu les dix années à venir ?
Manu : Avec un public encore fidèle, de l’inspiration et des connexions avec d’autres artistes sur certaines valeurs.

Lesquelles ?
Manu : Celles de ce métier qui ne sont pas toujours partagées. J’aimerais que tout le monde arrête d’être chez soi et que chacun se parle et se dise au moins bonjour. On aimerait être plus humain qu’aujourd’hui, être meilleurs musiciens qu’on ne l’est.

En bref il faudrait vous souhaiter quoi ?
Manu : D’être heureux !

Qu’est ce qui a changé depuis votre premier album ?
Manu : Le temps et les rencontres. Au début de notre carrière on était terriblement enfermé puisqu’on faisait tout nous-mêmes. Finalement, on s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas évoluer comme ça et qu’on devait aller chercher ailleurs d’autres compétences et d’autres inspirations.

On ressent cela dans l’album « Grain de Sable »…
Manu : C’est vrai, comme on avait raté l’album précédent, pour celui-ci, on s’est dit qu’il fallait changer et qu’on se face « driver » par quelqu’un. On a rencontré Hélène Bohy qui nous a fait travailler le chant et les techniques vocales. Quand on a fait l’album « Grain de Sable », elle était avec nous en studio et nous a fait du coaching vocal. Aujourd’hui c’est une amie !

Vous avez sorti une chanson qui s’intitule Télé réalité, alors Tryo un jour à la Star Académy c’est possible ?
Manu : Je ne pense pas, mais des gamins de la Star Ac’ ont déjà repris nos titres.

C’est une forme de consécration ?
Manu : Non je ne crois pas. Lorsque tu écris une chanson et qu’elle passe au public, elle ne t’appartient plus, les gens font ce qu’ils veulent avec.

Si tu devais me citer un mot pour définir l’évolution de Tryo ?
Manu : Ouverture.

En parlant d’ouverture justement, sur votre site Internet vous faites la promotion d’autre groupes, votre dada en ce moment c’est qui ?
Manu
: Les Ogres de Barback qui est un groupe familial composé de deux frères et de deux sœurs.

Groupe totalement autonome un peu comme vous ?
Manu : Exactement, puisque nous sommes très indépendants, nous sommes auto producteur de notre musique.

Pourtant vous êtes signé chez un gros Label ?
Manu
:Oui, chez Sony/BMG, mais on est libre de faire ce qu’on veut. Mais si on avait vraiment un groupe à envier ce serait les Ogres De Barback car ils font tout eux-mêmes de la distribution au marchandising.

Ce soir vous avez invité du beau monde pour vos dix ans, comme Hubert-Félix Thiéfaine. Pourquoi lui ?
Manu : Car j’aime bien les empêcheurs de tourner en rond et les gens qui sont révolutionnaires comme lui. C’est un artiste qui nous a beaucoup inspiré.

Jouer de la musique, pour toi, c’est une manière de faire de la politique ?
Manu : C’est un acte politique ! Il ne faut pas oublier que le mot « politique » est un mot grec qui veut dire pugnacité [ou « la cité », NDLR]. Cela sous entend que tu es citoyen et que tu dois participer à la vie de la cité. Il y a un mot qui définit bien cela c’est « Citerriens » qui veut dire citoyen de la terre. Pour moi on est tous citerriens, alors maintenant il y a ceux qui vivent avec ce sentiment et les autres, ceux qui laissent agir les autres à leur place. Quoi qu’il arrive on est tous acteurs et responsables.

As-tu déjà rencontré un homme politique ?
Manu : Oui, Jack Lang qui est très engagé sur le Tibet. Quand on avait fait la compilation « Tibet Libre » en France en 2002 il avait parlé de ce disque. C’est un homme qui a souvent invité officiellement le Dalaï Lama en France, alors que Chirac ne l’a jamais fait.

Soutenir un candidat lors d’une élection, c’est envisageable pour Tryo ?
Manu
: Non, c’est hors de question ! Il y a trop de récupération, nous on est dans un soucis d’indépendance et se rattacher à un parti politique, ce n’est pas possible.

Et que l’un des membres du groupe se lance en politique ?
Manu : Si cela devait arriver un jour, à un stade communal ou dans la ville où on habite peut-être. Ça serait un peu comme Zebda à Toulouse. Si tout d’un coup il y avait une envie réelle de notre part qui pourrait accompagner un vrai projet pédagogique, pourquoi pas. Il faudrait que ça reste vraiment à une échelle embryonnaire. Une révolution cela commence d’abord par soi-même en faisant tout pour être heureux et s’intéresser aux autres. Peut-être qu’à partir de là, il y a une foi commune qui fait que tu peux monter un projet pédagogique et politique.

Fais-tu partie de ces gens qui critiquent les politiques et qui ne vont pas voter ?
Manu : J’ai toujours voté. Dès que j’ai eu 18 ans et ma carte d’électeur, j’y suis allé direct.

Ton homme politique préféré ?
Manu : Je n’en ai pas !

Qui détestes-tu ?
Manu
: Nicolas Sarkozy.

Qui dit Sarkozy dit autorité. Tryo a fait une chanson sur la dépénalisation du cannabis. Pendant un certain temps ; les gens se sont focalisés là-dessus, ça t’emmerde ?
Manu : On a écrit plus de 50 chansons et il y en a qu’une qui parle de ça. Mais ce n’est pas du tout notre cheval de bataille. Dans le groupe il y en a que deux qui fument et tout le reste c’est non-fumeur.

Sur quoi aurais-tu aimer que les gens se focalisent, L’hymne de nos Campagnes par exemple ?
Manu
: Exactement ! Aujourd’hui il y a deux grands dangers qui menacent notre planète, le nucléaire et les gaz à effet de serre. Il y a dix ans on disait : « attention les glaciers vont fondrent », aujourd’hui on dit : « les glaciers fondent ! »

Beaucoup d’artistes se disent engagés par leur carrière. T’es tu engagé aussi personnellement, en dehors de Tryo ?
Manu
: Absolument ! Je suis co-président d’une petite association qui s’appelle Douceur du Monde où on s’occupe d’un orphelinat à Bamako au Mali, où il y a beaucoup de gamins séropositifs ou illettrés. Le but est d’arriver à amener du matériel médical et des médicaments.

J’ai entendu dire que tu préparais une soirée pour récolter des fonds ?
Manu : Je suis en train de faire l’affiche, mais la soirée se déroulera dans une salle parisienne. Mano Solo va sûrement venir. Cela devrait se passer courant avril 2006.

En 10 ans quel a été ton meilleur souvenir en concert ?
Manu : C’est en ce moment, c’est notre spectacle pour les dix ans. Il y a aussi eu les Francofolies de la Rochelle, depuis la grande scène tu as une vue magnifique sur l’esplanade. Sinon il y a les concerts qu’on a fait en Egypte et au Soudan car nous jouions devant des gens qui n’ont rien.

Au début du groupe tu devais jouer sur des scènes moins imposantes qu’aujourd’hui…
Manu  : Oui, c’était génial on faisait des concerts à l’arrache, on jouait dans des clairières devant 6 000 personnes au lever du jour avec la lumière du soleil qui arrive progressivement sur la tête du public, c’était super ! Mais c’est en ce moment qu’on fait vraiment des trucs exaltants.

Ton pire souvenir ?
Manu
: Il n’y en a pas. Il est arrivé qu’il pleuve des trombes d’eau : dans ces cas-là on invite le plus de gens possible sous le porche, on prend les guitares et on joue acoustique devant eux.

Ton meilleur souvenir en tant que spectateur ?
Manu
: No One Is Innocent et Mano Solo qui est un très grand artiste. Dans les artistes internationaux, Fantomas m’a fait halluciner. Ce qui est génial lorsque tu assistes à un concert et que tu es dans le public, c’est que tu vois des artistes qui disent super mal les choses, et tu te dis : « Mais oui, on peut se permettre cela !». Les artistes sont là pour libérer les gens et faire qu’ils se lâchent. Je pense que le monde irait tellement mieux si on se lâchait un peu plus et qu’on se faisait un peu plus confiance.

La question qui t’emmerde le plus en interview ?
Manu : « Combien d’albums vous avez vendu ? » Parce que cela ne veut rien dire !

Si tu n’avais pas fait de la musique qu’aurais-tu fait ?
Manu : J’aurais pu être un gros paumé, quelqu’un de perdu, un brigand. Je ne sais pas vraiment. Comme j’aime bien la magie, j’aurais pu devenir magicien. Ou interprète car j’aime bien l’anglais. Ou encore… super héros !

Les albums du groupe Tryo sont disponibles sur AmazonLe groupe Tryo en interview 5

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