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Scène française

Dionysos en interview

Monster in interview

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Dionysos en interview 4

Célèbre pour ses performances scéniques, Dionysos a su marquer de son empreinte l’environnement musical de son époque ! Avant d’entamer une longue tournée qui passera par l’Olympia et le Printemps de Bourges, Mathias, le chanteur survolté du groupe, est venu prendre le thé avec Zikeo !

Dionysos en interview 5Dans ton dernier album « Monsters In Love » tu parles beaucoup des peurs de l’enfance, quelles sont les tiennes ?
Je parle d’oublier les peurs de l’enfance ! Lorsqu’on commence à oublier les peurs, les cruautés et les joies, en bref la capacité d’émerveillement et de magie avec trois fois rien, on ne devient pas seulement un adulte, on devient un vieux con et bien souvent un raciste. Lorsqu’on ne se souvient plus de l’enfance, on n’est plus tolérant de rien. Pour moi cela est super important, mais cela ne veut pas dire que j’aime la régression, je me sens très bien en tant qu’adulte de bientôt 32 ans. Je me souviens juste de comment j’étais étant plus jeune.

C’est utile lorsqu’on fait un métier créatif ?
Oui effectivement ! Je fais encore appel aux choses de la magie, de la surprise, du spontané et de l’instinct. Tout cela me ramène à mes connexions de l’enfance. Pour ma part, je ne comprends pas qu’on puisse être créatif et répudier son côté enfantin. Lorsqu’on voit un musicien sur scène on dit : « il joue ! ». Comme un enfant, il y a une notion de plaisir et d’envie !

Quels sont les artistes qui reflètent le mieux ce côté enfantin pour toi ?
Des artistes comme Cocteau, Björk ou Monbry qui sont des gens qui n’ont pas le snobisme de dire que ce qui est enfantin n’est pas tellement littéraire, cinématographique ou musical. Ca fait du bien de voir des gens comme ça ! Pour moi c’est dans ce genre de vibration que j’ai envie d’évoluer.

En parlant d’évolution, qu’est ce qui a changé entre ton premier album et ton dernier-né ?
Du vécu avec des expériences, des concerts, des rencontres et des envies. C’est comme un arbre qui pousse. Finalement l’état d’esprit n’a pas changé. Je crois qu’on veut toujours faire quelque chose dans l’esprit punk-rock car c’est le toi-même avec une certaine ironie. En bref un mélange de second et de premier degré. Les gens qui ne sont qu’au second degré finissent par m’ennuyer et ceux qui se prennent suffisamment au sérieux et qui sont toujours au premier degré ne m’intéressent pas non plus. Je trouve que le plus excitant sont les personnes qui utilisent les deux et qui créent une ambiguïté entre elles.

Qui par exemple ?
Des gens comme Chaplin ou Buster Keaton, qui sont des personnages qui pouvaient être drôles, mais pas que ça.

Justement dans ton précédent album tu rendais hommage à des artistes comme Robert Mitchum mais également à des écrivains. Pourquoi ?
Mitchum qui est l’un de mes acteurs préférés m’a surtout marqué dans « La Nuit du Chasseur » et « Dead Man », deux films que j’ai trouvés incroyable ! Jack Nicholson est également un de mes acteurs préférés car il dégage une folie marquante, mais j’aime également Lee Marvin.

Tu te bases souvent sur des films pour écrire ?
Oui mais pas seulement ! Il y a les disques, les livres et les rencontres également.

Tu as d’ailleurs écrit deux livres jusqu’à présent alors à quand le prochain, et que t’apporte le fait d’écrire alors que tu as la musique pour t’exprimer ?
C’est un peu comme si je te disais : « tu es parti en vacances en Grèce alors pourquoi tu veux aller au Portugal maintenant ? » Pour moi c’est un autre moyen d’expression et paradoxalement cela m’a beaucoup aidé à faire le nouveau disque.

Comment ?
Parce que les deux m’ont nourri, mais gêné aussi. Je crois que j’ai réussi à finir le disque grâce au livre et inversement.

On vient de parler de disques et de livres, parlons maintenant de tes collaborations, comme avec Dolly par exemple ?
Effectivement, je leur ai écris un texte sur leur précédent album.

Mais également pour Olivia Ruiz ?
J’ai coréalisé son album.

Alors avec qui tu rêverais de collaborer ?
Tom Waits je pense, Björk, Nick Cave et PJ Harvey, dans les vivants.

dionysos-en -interviewPas mal d’artistes étrangers ! C’est pour cela que tu étais parti à Chicago enregistrer ton précédent album ? L’atmosphère Made in France n’est pas source d’inspiration pour toi ?
Non cela n’a rien à voir ! Si Albini m’avait dit on enregistre à Valence on serait parti enregistrer à Valence. C’est pas un snobisme omni-Valence ni anti-France ! Par exemple pour l’album d’Olivia Ruiz, je ne lui ai pas imposé qu’on se casse à l’étranger, elle était contente du gars avec qui on bossait en studio et qui vivait ici, alors on l’a fait en France. C’est juste qu’Albini avait son studio à Chicago, c’est tout !

Quelle trace souhaiterais-tu laisser dans le rock français ?
Je ne sais pas si j’ai la prétention de laisser une trace, en tout cas, l’important c’est le présent. J’aimerais cependant que les gens retiennent une certaine forme de liberté. C’est-à-dire qu’on n’est pas là pour faire un exercice de style. On n’est pas là pour faire du rock français et pour utiliser certains éléments, les confronter et voir si on peut les partager à la fois dans le groupe et avec les gens pour voir s’il peut se passer quelque chose de spécial.

Si tu n’avais pas été artiste qu’aurais-tu fais de ta vie ?
Prof je pense, voire instituteur vu que c’est les tous-petits qui m’intéressent. Je trouve que leurs réactions nous apprennent autant que celles d’un adulte. Bien entendu ce ne sont pas les mêmes choses ! Mais il est vrai que si j’avais eu le talent et le courage d’aller jusqu’à faire une thèse, j’aurais peut-être été prof de fac. Mais c’est prétentieux car je ne pense pas avoir les aptitudes nécessaires pour ça. Il y a quelques profs de fac que j’ai détestés mais il y en a quelques-uns qui m’ont fasciné. J’adorais ces profs dans les amphithéâtres qui étaient comme ces raconteurs d’histoires à l’ancienne et où je me suis dit, tiens c’est vrai que j’aurais adoré faire passer ces émotions là où vraiment tu sors d’un cour en te disant : « Putain ! J’ai vraiment appris un truc là ! » Ce genre d’émotion qui te donne envie d’aller voir un film, d’aller fouiner en librairie parce qu’on t’a parlé de tel auteur et qui produit une effervescence en toi. Arriver à donner ça, c’est un beau passage de témoin, j’aime bien les passeurs en général.

J’imagine que ton plus beau souvenir dans ta carrière c’est l’Olympia? Peux-tu m’en citer un autre ?
C’est vrai, mais j’ai un flash total sur une date totalement pourrie, c’était au camping des Eurockéennes où on était prévu à trois heures du matin et finalement on a joué à 5 heures 20. D’un coup le soleil s’est levé derrière les gens tous bourrés. Il y en a plein qui sont sortis de leurs tentes en ayant dormi un peu et qui revenaient pour notre concert. C’était complètement surréaliste, j’ai fait remarquer à tout le monde que le soleil se levait derrière eux et là ils se sont tous retournés, j’ai fait asseoir tout le monde, on a joué un morceau acoustique devant des gens qui étaient tous retournés face au soleil. Ils se sont relevés et nous avons fini le morceau d’une manière totalement chaotique et bruyante. C’était vraiment spécial, c’était un concert hors du temps, on ne savait plus vraiment où on était, entre la fatigue, le jour qui se lève, la nuit qui s’achève, la boue, les bourrés et nous sur une petite scène au camping. C’était spécial !

En tant que spectateur ?
Tom Waits au Grand Rex ! Lorsque je l’ai vu débarquer avec son mégaphone et les musiciens qui jouaient déjà sur scène, j’étais vraiment très ému.

Dionysos en interview 6Après les bons souvenirs, passons à ton pire souvenir ?
Y’en a eu beaucoup ! Mais dans les récents c’était à Caen où vraiment on était trop nombreux, dans une salle trop moche avec le bar allumé derrière, j’ai horreur de ça ! Je trouve que c’est un manque de respect à la fois pour le groupe et pour les gens qui sont pas là juste pour boire des coups. Ca casse le cul ! Quand tu vois que tu as une équipe technique qui se lève à huit heures du matin pour monter les décors et que la scène est éclairée, je trouve ça nul ! J’ai horreur des gens qui montent sur scène et qui s’excusent d’être là ! Ca ne veut pas dire être prétentieux, ça veut dire essayer de donner quelque chose. C’est pour moi un acte bizarre au niveau de l’égo pour un artiste qui te sort : « Bon ben écoutez-moi ! ». Tu as déjà la chance d’avoir des gens qui viennent pour t’écouter alors la moindre des choses, c’est comme lorsqu’on t’offre un cadeau, c’est de faire un joli paquet, tu files pas le truc n’importe comment. Un concert c’est pareil ! Pour moi il y a une mise en forme, après il faut qu’il y ait le fond sinon la forme ne sert à rien. La forme doit être à la hauteur, tu donnes quelque chose ! Et là, à ce concert, on y voyait comme en plein jour. Il y avait un nouveau système de sono qui avait été installé et dès qu’on a commencé à jouer on entendait tout à répétition, c’était l’horreur ! Pour la première fois de toute ma vie j’ai baissé les bras dans un concert. C’est à dire que j’ai tout donné quand même, mais dans ma tête j’avais un truc qui me disait : « Ce que je suis en train de faire là, ça ne sert à rien ! ». Je me suis senti comme quelqu’un de ligoté, bâillonné, c’était très agréable !

En tant que spectateur ?
Les innombrables concerts de reggae festif qu’on a dû se taper y a deux trois ans en festival et où le mécanisme était toujours le même. Un jumbee, on crache du feu et où on dit qu’on a la bonne vibe, donc on a l’impression qu’on fait quelque chose de généreux alors que ça veut rien dire ! J’ai absolument rien contre la musique reggae, la vraie ! Tu vois je suis censé être d’obédience rock mais je suis pas d’accord avec les Guns n’ Roses, tu vois ce que je veux dire ? Pour moi, tous les groupes un peu festifs, et « hop je pète dans une trompette ! », je comprends pas ! Je trouve que c’est une imposture, je ne comprends pas comment on peut faire ça !

Vu qu’on est dans les choses qui te révoltent, quelle est la question qui t’emmerde le plus en interview ? Je te l’ai peut-être même posée…
C’est pas une question, c’est un état d’esprit, c’est genre les types qui ont la bio sur les genoux, cela m’est arrivé plein de fois ! Sinon c’est les questions du style : « Alors vous existez depuis quand ? ou pourquoi Dionysos ? ». Tu vois, les questions de base. Qu’est-ce qu’un type qui nous connaît pas en a à foutre qu’on s’est formé à Valence ou qu’on se soit connu au lycée. Je trouve que c’est bidon et qu’on fait de la récitation, je trouve juste que le mec qui me pose une question comme ça, il ne respecte pas les gens qui vont l’écouter car ils en ont rien à foutre !


Les prochains concerts :

18 février Lausanne – Les Docks
22 février Brest – Alyzée
24 février Chartres
25 février Angers – Chabada
08 mars Bourg les Valence – Théâtre du Rhône
09 mars Grenoble – Summum
13 mars Paris – Olympia
14 mars Paris – Olympia
17 mars Beauvais – Ouvre Boîte
30 mars Nice
31 mars Istres – L’Usine
06 avril Dijon – La Vapeur
07 avril Troyes – Espace Argence
13 avril Toulouse – Zénith
14 avril Cahors – Les Docks
28 avril Niort – Espace Leclerc
29 avril Bourges – Printemps de Bourges
02 mars Bruxelles – Botaniques

crédits photos : D.R

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