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Interview Patrick Sébastien

Interview Patrick Sébastien

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Interview Patrick Sébastien 4

Son nouvel album, « Ah … Si tu pouvais fermer ta gueule » est dans les bacs depuis le 22 décembre 2008. Venez découvrir son interview !

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Retranscription écrite de l’interview :
A l’occasion de la sortie de son nouvel album « Ah … Si tu pouvais fermer ta gueule », dans les bacs depuis le 22 décembre 2008, Zikeo vous propose de lire la retranscription écrite de l’interview de Patrick Sébastien.

Tu signes ou cosignes la plupart des compositions de tes albums. Beaucoup de gens ignorent que tu es un très bon mélodiste. Tu n’as jamais appris la musique ?

Non, jamais mais j’ai une feuille comme on dit et je sais où je veux aller, dans quel genre de musique je veux aller et ce que je veux faire. Il se trouve qu’on s’entend super bien avec mes musiciens. J’ai la chance d’avoir René Col et deux mecs autour de moi qui s’appellent Gilles Arcens et Pascal Miconnet. Il y en a un qui est un ancien prof de musique, branché violon et musique classique. L’autre est branché appareils. On fait un mix entre les deux. J’ai des trucs qui me passent pas la tête, on prend une guitare et on met une base. Après on se retrouve au studio et on travaille en groupe. C’est pour ça que les chansons sont signées Boutot parce que c’est mon vrai nom pour les paroles, et musicalement je leur ai filé la moitié de l’arrangement et des compos, parce qu’on s’apporte des choses mutuellement. Un jour j’ai dit à mes musiciens que j’allais apprendre la musique. Ils m’ont dit « Surtout pas, n’apprends surtout pas la musique parce que tu vas commencer à te branler et tu ne trouveras plus de mélodies populaires ». Bizarrement la connerie qui reste dans la tête comme « Si tu pouvais fermer ta gueule » est la chose la plus difficile à faire, je te jure que c’est dix fois plus facile d’écrire des « La mer est loin et le soleil va tomber, sauvons la planète ». Ça c’est facile à écrire. « Tourner les serviettes » ça me fait marrer parce que quand je rentre dans un mariage et que je vois les mecs chanter ça, ça me fait plaisir. Quand je vois les mecs dans une féria à Nîmes ou à Bézier, qui chantent « Le petit bonhomme en mousse » en sautant, c’est joussif.

« Ah…Si tu pouvais fermer ta gueule » est ton huitième album, tu ne crois pas que le titre est un peu casse-gueule ?
Non. C’est léger. En fait, c’était surtout pour moi parce que quand je me vois à la télé je me dis « Ah… Tu pourrais fermer ta gueule » et puis pour les politiques pour lesquels je n’ai plus aucune estime. C’est pour ça que je dis que cet album est léger, avec le prochain je vais entrer un peu plus dedans. Ce sont des clowns qui ne font même pas rire, ils nous ont piqué notre boulot, ce sont des rock stars qui ont piqué notre taf. Je vois la promo, on m’a maquillé pour faire le truc qu’on est en train de faire, ça m’a pris du temps, et eux ne font que ça toute la journée. Passer à la télé… Donc c’est possible que le prochain album soit plus hard que ça. « Ah… Si tu pouvais fermer ta gueule » est un gentil clin d’oeil, ce n’est pas méchant. Surtout, il n’y a rien qui me gonfle le plus que les mecs qui analysent leurs oeuvres. J’ai voulu dire ça, que c’est léger la chanson.

Malgré tout, ce texte n’est pas si anodin que ça puisque tu fais allusion au passage obligé à la télé, au débats crus où on fait de la philo à deux balles, et surtout, tu es très autocritique puisque tu te reproches de la ramener trop.
La matière première la plus gaspillée sur terre est la salive. Pas toujours à bon escient mais c’est toujours la matière la plus gaspillée. Je me regarde et je regarde les autres et je me dis que ce que je me dirais le plus souvent c’est « tu pourrais fermer ta gueule ». Même à moi. On parle trop, on est devenu une société qui parle énormément. On ne fait pas, la réalité des gens c’est autre chose. Mais je préfère le dire avec des conneries. Je le dirais peut être plus hard plus tard mais pour l’instant… A chaque fois je veux partir dans des trucs plus sérieux et je me dis que je ne suis pas fait pour ça, qu’il faut détendre. On n’est pas assez déconneur. Il y a 25 ans de cela, c’était beaucoup plus léger la chanson. La chanson maintenant, tout ce que j’entends, tu te pends ! Ce n’est pas que ça la vie, tu as envie de te mettre une balle dans la tête ou dans le cul. Ce n’est pas possible, les petits jeunes qui sortent ce que j’ai entendu, les mômes de la Star Ac’ ou n’importe quoi, c’est une espèce d’écriture mécanique qui ne veux rien dire. Du moment qu’ils font rimer « dilemme » avec « je t’aime », ils sont persuadés d’avoir du talent. C’est hallucinant, un peu de gaité ! Regarde ce qui sortait il y a 20 piges, « Chagrin d’amour », « Niagara », « Téléphone », ce n’était pas de la mauvaise musique, c’était gai, optimiste. Ils tournent au Temasta en plus de la coke ? Ce n’est pas possible !

Finalement la vie est un grand spectacle mais n’y a-t-il pas danger à être exposé en pleine lumière au milieu d’une arène ?
Toujours, c’est un choix. Ça fait trente ans que je le fais. J’ai pigé plein de choses et surtout la futilité de ce métier là, c’est pour ça que je continue à faire des chansons légères. C’est un métier futile, la télé est un instrument moyen, la chanson est un aimable divertissement. C’est un grand débat qu’avaient eu Gainsbourg et Béart. Béart disait que la chanson était un art majeur et Gainsbourg disait que la chanson c’était de la connerie. Il a raison. Celui là je l’aimais bien. Il en a fait des merdes aussi. Mais festives. Ce qui me manque c’est le festif. C’est pour ça que j’en fais.

Dans « L M le Q » on retrouve ton amour pour les lettres ?
Il n’y a pas une vulgarité !

C’est une chanson gauloise traditionnelle avec jeux de mot, allusions grivoises et fausses pistes ?
Oui, il n’y a pas une seule vulgarité dans « L M le Q », pas un seul gros mot. Elle fait sauter les pommes de terre, elle se fait enfiler les pulls qu’elle achète pas cher, elle s’est fait baiser comme tout le monde aux dernières élections, tous les matins elle suce de la réglisse pour avoir bonne haleine… Il n’y a pas un gros mot. C’est dramatique, cette femme est profondément amoureuse d’un curé de campagne, ce sont des choses qui arrivent, un drame de la société. Cette femme aime le curé et aimerait qu’il la prenne par le Q mais ce n’est pas possible. C’est un drame de campagne, de province. Quelle connerie ! Ça s’appelle « L M le Q » et c’est vachement bien. Moi j’adore ça. En plus il y a des majorettes dedans et j’adore les majorettes, ça m’a toujours fait bander. Même les moches.

« Je mastique » est une ode à la pate à mâcher. Le problème avec ce titre c’est le risque de confusion phonétique parce qu’on pourrait entendre quelque chose d’autre qui n’est pas dans tes intentions, c’est-à-dire l’apologie de l’onanisme. As-tu pensé que l’on puisse mal le comprendre ?
Tu veux dire que je parle de quelqu’un qui se branle ? Mais bien sûr. La masturbation c’est formidable, je suis un apôtre de la masturbation, même à nos âges et surtout à nos âges. Tu n’a de merci à dire à personne. Tu vas à la vitesse que tu veux, tu t’arrêtes, tu peux imaginer tout ce que tu veux, tu peux niquer qui tu veux dans ta tête. La chanson, c’est « j’ai arrêté les filles donc je mastique le chewing-gum». Oui je mastique et je ne suis pas le seul, j’encourage fortement les gens à la masturbation physique, pour nous détendre de la masturbation intellectuelle. C’est vachement bien.

« Big band » va un peu dans le même sens que « Je mastique », c’est-à-dire les mots que l’on écrit et les mots que l’on entend. C’est un superbe hommage au jazz et aux instruments de musique.
Oui, musicalement, dans tous les albums on a fait un titre comme ça, avec le big band qui sonne vraiment bien. Au début le texte n’était pas comme ça et puis comme je me suis dit que la tenue de l’album est légèrement portée sur le cul, donc on va parler d’une nana qui a envie de se taper l’orchestre, en sachant très bien que ça existe. A l’époque, il y a avait des spécialistes, qui ne se tapaient que les guitaristes ou que les batteurs. Des nanas qui ont envie de se taper l’orchestre on en connait plein, j’en connais même une qui venait à chaque fois au spectacle et qui disait « Vous êtes où samedi prochain ? ». C’est pour ça que j’ai mis la phrase dedans. C’est une blague mais ça nous a permis de faire sonner un peu tous les instruments. Là c’est moi qui aie donné l’idée générale de la chanson et le chorus c’est Gilles qui l’a écrit.

« Dix ans de fête » est un medley qui symbolise les dix ans de succès du Grand Cabaret. Qui en a écrit cet arrangement redoutablement efficace ?
Les musiciens et moi. C’est moi qui aie choisi les morceaux et puis on a fait un petit medley de tout, c’est pratique, ça servira pour le Cabaret. C’est fait pour un moment du mariage, pour les gosses qui aiment bien cette chanson, et il y a des gros mots, c’est bien aussi. Ils aiment ça. C’est le résumé de tout ça.

Tu as toujours été attiré par le théâtre et en particulier par le répertoire classique. Quand verra-t-on Patrick Sébastien dans du Molière, du Shakespeare ou de Feydeau ?
Dans cent ans, je n’en sais rien. Tu sais, aujourd’hui, 55 piges, avec ce que je fais, il ne m’en reste pas beaucoup donc il faut que je choisisse. Je ne vais pas m’embarquer dans des trucs à longue échéance, je vais le gérer plus au quotidien. Je vais peut être finir clodo ou terroriste.

Il y a 20 ans, tu prétendais ne pas être indispensable, qu’en est-il aujourd’hui ?
Encore moins. Tu es indispensable toi ? Qui est indispensable ? Personne. Comme disait ma grand-mère, les cimetières sont remplis de gens indispensables. J’ai un oeil sur ma « carrière » depuis 20 ans et j’ai l’impression de n’avoir rien fait d’important. La seule chose que je pourrais faire d’important maintenant, c’est de me consacrer aux autres. En parfait anonymat, en allant aider des gens qui en ont besoin. Après, c’est joli ce qu’on a fait, ça brille. On a fait du bien au gens, je leur ai apporté du bonheur. Mais ce n’est pas important. Important ce n’est pas ça. Moi je connais des gens qui font des actes importants, qui soutiennent des gens quand ils en ont besoin. Tu as regardé à la télé, tout ce qui se passe, les tremblements de terre, les machins… Après tu te dis que les hommes sont vraiment connards pour s’inventer des emmerdements en plus de ceux là. Important, ce sont les gens qui s’aident au quotidien, pas forcément des associations d’ailleurs. L’important, c’est le soutien que tu peux apporter à X ou à Y. ça c’est important. Le reste après c’est du show, c’est du spectacle. Les échelles de valeur dans nos métiers sont ridicules. Tout est futile dans nos métiers, même le cinoche. Ce n’est pas le septième art.

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