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Brian Molko

Interview

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Brian Molko 4

Placebo revient avec un sixième album saisissant, se jouant des limites et qui marque le début d’une nouvelle ère pour un groupe qui avait fort besoin de changement. Pour l’occasion Zikeo vous offre l’interview de son leader, Brian Molko.

Ravi de te rencontrer pour ce nouvel album. J’ai envie de dire que c’est une nouvelle étape pour toi : nouvel album, nouveau label, nouveau batteur. Est-ce qu’on peut revenir sur les années précédentes ? Sans réfléchir, depuis 1996 avec l’album « Placebo », est-ce que tu as eu l’impression d’avoir accompli ce que tu voulais faire ?
La chose qui me vient à l’esprit est la naïveté. Nous étions très naïfs au début de notre carrière. Que ça explose de cette façon sur le premier album, je ne m’y attendais pas du tout. Ce n’était pas vraiment mon désir en ce temps de devenir un groupe énorme. Moi je voulais seulement ne pas avoir un vrai boulot, ne pas faire métro boulot dodo. Ma motivation était de me nourrir et de me loger, sans devoir faire ce métro boulot dodo. Quand tout a explosé, c’était surprenant. Je n’y croyais pas beaucoup. Je pense que cet esprit là est resté avec moi au fil des années. Je me demande « quand est-ce qu’ils vont découvrir que je ne suis pas vraiment une rock star ? ». Je pense que c’est une attitude saine, sinon on commence à croire à son propre mythe et on disparait.

En même temps, 6 albums, 10 millions d’albums vendus… Les chiffres te ramènent à la réalité.
C’est vrai. C’est accompli. Mais moi, ce qui me pousse c’est l’amélioration en tant que compositeur, musicien et chanteur. C’est ça ma motivation. J’ai un besoin de m’exprimer, et j’ai la chance de m’exprimer dans un contexte où les gens m’écoutent. Je me sens assez béni pour ça.

Dans ta quête musicale, on a l’impression que tu es toujours dans un laboratoire.
C’est vrai. Moi et Stefan cherchons toujours à pousser les limites de notre son et de notre identité. Dès qu’on fait quelque chose qui est très symbolique, pour laquelle on devient célèbre, on a envie de casser ça et de recommencer dans un contexte différent. Chaque album n’a pas le même son que le précédent.

Il y a aussi des producteurs différents. Il y a la volonté de s’entourer de gens qui te permettent d’avoir du recul, d’aller les chercher là où c’est intéressant d’aller.
Nous avons choisi les producteurs avec qui nous avons bossé pour des raisons différentes. Nous cherchons toujours à bosser avec des gens différents pour faire des choses qui nous surprennent. Sinon, comment va-t-on surprendre le public et nos fans, et rester indispensable, intéressant ?

Comment te mets-tu en danger ? Je sais que dans le processus de création, pour cet album, vous étiez en répétition dans un local, et vient ce qui vient. C’est un peu ça non ? Je pense à une chanson en particulier, qui est née d’un processus totalement spontané.
« Battle for the sun » et « Speak in tongues », ces deux là ont été écrites de cette façon. C’est la façon dont nous avons commencé à écrire. Le reste des chansons sur le nouvel album ont été composées par moi et Stef séparément. Pendant la dernière tournée, on ne s’entendait pas vraiment dans le groupe. Quand un groupe ne s’entend pas, quand les relations personnelles se dégradent, le groupe n’a pas envie d’être créatif ensemble. Stefan et moi avons composé la plupart de l’album sans contexte. On s’est réuni avec notre nouveau batteur pour mettre un peu de chaire sur ces squelettes de chansons que nous avions. Pendant ce processus, ces deux chansons sont nées.

Qu’est-ce que ce sang neuf t’a apporté ?
Nous avons retrouvé la joie d’être créatif sans être inhibé ou conscient de soi même. On se sentait très libre. Nous avons quelqu’un dans le groupe qui est vraiment heureux d’être là, pas cynique du tout. Ça nous a vraiment apporté de la fraicheur.

Au niveau de l’écriture, tu as ta poésie, ta façon d’être, mais il y a toujours cette polyvalence. On parle à mon ange, mon démon ?
Je n’ai pas envie de dire aux gens quoi ressentir, je ne vais pas faire de la polémique. Je préfère que les gens vivent leur vie à travers mes chansons. Je ne prétends pas donner des réponses, seulement des questions. C’est important pour moi, cette ambigüité, ça donne l’opportunité à chaque personne écoutant la musique de se mettre dans la chanson, et de vivre sa petite histoire. Bien sûr, mes chansons ont une valeur très personnelle pour moi mais je n’ai pas envie de l’imposer aux autres. C’est pour ça que les chansons touchent les gens et restent avec eux, ont une grande valeur pour eux.

Il n’y a pas une idée d’acceptation de ce que l’on est ? Quand on prend le symbole du titre de l’album « le combat pour le soleil », il y a une idée de cercle. Il n’y a pas ça dans la façon dont tu écris ?
Pour moi, sur cet album « Battle for the sun » et le précédent, quelque chose s’est passé qu’il n’y avait pas eu sur les albums précédents. Les 4 premiers albums sont des collections de chansons. Je pense que « Meds » et « Battle for the sun » ont des cohésions thématiques. Ce n’est pas vraiment une histoire avec un début, un milieu et une fin. Mais c’est une unité thématique, qui se présente pendant le processus créatif et le processus d’enregistrement. Il y a un moment où les rôles et le pouvoir se retournent, tu deviens le serviteur de la chanson. Ce genre d’unité thématique commence à se présenter. Nous essayons de travailler de la façon la plus instinctive possible. On se laisse ouvert pour que le subconscient se présente. C’est une sorte de voyage, de découverte de soi même. Tu avances un mois dans le processus, et tu te dis « je commence vraiment à comprendre ce qui me concerne, ce qu’il y a de profond en moi auxquelles je ne peux pas accéder au quotidien ». C’est ça qui sort. Je suis l’album. Je commence par être son créateur et je deviens son serviteur.

Il y a une sorte d’écriture automatique ?
Le début, le déclic de l’inspiration, ça vient d’autre part. Quand ça a un sens pour moi, c’est là que le boulot plus intellectuel commence.

A un moment donné, tu as été un peu en rébellion contre la religion, toi qui a eu une jeunesse protestante. On a l’impression que tu passes là du côté du mystique, il y a un côté très spirituel.
Oui, il y a un côté spirituel dans cet album qui n’existait pas avant. Peut être que c’est l’âge, mais quand on a presque tout vécu, quand on a vécu le rêve de milliers de gens, on se rend compte que ce n’est pas nécessairement ça, le show business, le festival de Cannes, qui va remplir ton âme. Tu commences à chercher un autre sens.

Il y avait cette rébellion qui s’est transformée en réaction, comme si tu avais digéré les choses. Le discours est un peu apaisé, même s’il y a des choses fortes dans tes paroles.
Je suis quand même convaincu que la religion organisée est responsable de nombreux maux dans la société d’aujourd’hui, et historiquement. C’est peut être pour ça que je suis plus attiré par le bouddhisme ou le taôisme, par des sortes de quêtes spirituelles plutôt que par les Dix Commandements. C’est aussi un processus de renouvellement pour moi, j’essaie d’attaquer des questions un peu plus grandes cette fois ci, les grandes questions de la vie et de l’amour. J’essaie de le faire de la façon la plus simple possible et d’utiliser les mots de tous les jours, pas des gimmicks.

Dans cet album il y a des violons, des choses que tu n’avais pas l’habitude d’intégrer dans ta musique. Ça donne un contrepoids aux paroles, quelque chose de grave devient un peu moins grave, il y a quelque chose d’assez lyrique par moment ?
C’est vrai, avec les cordes et les cuivres, nous avons cherché des choses qui ne se dataient pas. C’est ça le problème avec l’électro, quand on en utilise trop, comme la technologie s’améliore si vite, change si vite, ta musique est datée dans un période spécifique. Nous avons cherché des choses plus intemporelles comme les cordes, les cuivres, les choses qui viennent de la soul, de la musique classique, ou des plus belles bandes originales de films. Ce sont le genre de musique avec lesquelles nous avons grandi. J’espère qu’il y a un côté lyrique. Je suis trop proche de cet album pour vraiment l’analyser, ça va prendre un peu de temps pour avoir une distance objective avec l’album. Mais je l’espère.

Après toutes ces années, toi qui avait des références rock&roll assez précises, on peut citer les Pixies, aujourd’hui Placebo est devenu une référence du rock&roll. Tu te rends compte que tu es en train d’influencer des groupes qui arrivent ?
J’en suis conscient mais je ne passe beaucoup de temps à y penser.

Qu’est-ce qui te vient à l’esprit quand je te dis ça ?
Je pense aux Killers, My Chemical Romance, des groupes comme ça. Je pense que c’est Herman Melville, le gars qui a écrit Moby Dick, qui a dit que l’imitation est la forme de flatterie la plus élevée, donc ça ne me dérange pas trop. Il n’y a rien qui vient de rien, il y a presque rien qui n’a jamais été influencé par quelque chose d’autre. Il n’y a rien qui est sans histoire, il n’y a pas d’ovni qui arrive en year 0. A part quand le rock& roll est né dans les années 50. C’était l’année 0 pour la musique. Mais là aussi, s’il n’y avait pas eu l’esclavage aux Etats Unis, peut être que le rock&roll n’aurait jamais existé. Tout est lié et tout a une histoire.

Est-ce que pour terminer tu peux nous dire ce qui va se passer pour cette tournée où tu seras sur scène. Vous serez plus nombreux que le fameux trio qu’on peut imaginer ?
Oui, nous sommes à six maintenant sur scène, nous avons un nouveau batteur, un guitariste, et nous avons même une violoniste dans le groupe. C’est la meilleure incarnation de Placebo. Je suis très heureux avec mon nouveau groupe alors venez nous voir !

LES ALBUMS DE BRIAN MOLKO SONT DISPONIBLES ICI

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