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Interview K’Naan

Interview K'Naan

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Interview K'Naan 4

Avec la sortie de son nouvel album, K’Naan marque un grand coup et s’en explique sur Zikeo.net. Découvrez l’incroyable histoire de cet artiste hors normes.

On ne peut parler de votre musique sans parler de la Somalie. Vous êtes parti assez jeune pour échapper à la guerre civile.
Oui, je devais avoir 13 ans quand nous avons quitté Mogadiscio où je suis né et j’ai grandi. Je devais avoir 10 ou 11 ans quand la guerre civile a commencé, et on a réussi à s’enfuir sur l’un des derniers vols commerciaux qui quittaient le pays. On a eu beaucoup de chance.

Est-il vrai que vous étiez un enfant soldat ?
Non, je n’étais pas vraiment un enfant soldat, mais plutôt un enfant exposé à la guerre, qui vit dans la guerre. On peut dire que ce sont des enfants soldats, mais je n’étais enrôlé dans aucune armée d’aucune sorte, parce que cela n’existe pas dans le pays, nous n’avons pas ce système d’armée.

Vous avez grandi dans une région dangereuse, Riverblood.
Oui, le nom de l’endroit où j’ai grandi était « wildigle », connu sous le nom de riverblood. Cet endroit a encore aujourd’hui une réputation, mais quand j’étais là-bas, c’était un peu… Parce que certains endroits dans le pays étaient sécurisés, mais cette banlieue là avait tous les problèmes ; mais elle est plus connue dans le monde pour être un endroit très fier, très dur.

Dans une des chansons de votre album, intitulée Somalia, vous parlez des cauchemars que vous avez faits…Quel est le sujet de cette chanson ?
Je voulais peindre le pays en quelque sorte… expliquer les complications de cet endroit. Et c’est aussi une sorte d’ode, quelque chose qu’on écrit pour montrer le pouvoir, la beauté… alors à certains moments, je parle de ce que je vois quand je ferme les yeux, des cercueils qui se referment, et puis je les rouvre… Les paroles sur la Somalie sont assez précises, elles décrivent la difficulté de cet endroit ; je crois que c’est très précis.

Donc vous avez atterri à New York, à l’âge de 12 ans ?
Je suis arrivé à NY à 14 ans ; on a emménagé à Harlem, ça a été mon premier foyer en Amérique du Nord après la Somalie, puis on a déménagé pour Toronto, au Canada, un peu plus tard.

Vous avez eu des « Juno ».
Pour mon premier album, « The dusty foot philosopher », j’ai reçu plusieurs récompenses, celle de l’album de l’année, un Juno, qui est l’équivalent des Grammies canadien, et on a également été nominé pour le même album pour le Polaris Prize, et il a également reçu le prix de la BBC du « nouvel artiste de l’année », c’est bien !

Donc vous vous êtes constitué votre propre background musical, vous avez appris à raper avant de parler couramment anglais…
Oui, j’ai appris la construction du rap alors que j’étais encore en Somalie, mais on ne parlait pas du tout anglais, alors on imitait les rapeurs. Et lorsque j’avais une forte commande du langage, je pouvais utiliser mes idées poétiques et les injecter dans la langue anglaise; c’est comme ça que j’ai commencé à écrire ma propre musique, mais avant cela n’avait aucun sens, c’était juste de l’imitation.

Vous vous rappelez de votre premier album américain?
Oui, c’était un album de rap par Eric B et Rakin, intitulé Paid in Full. C’était mon premier album. Mais j’ai eu aussi des albums de l’ouest : Bob Marley, des disques de pop italienne ; j’avais des disques de pop italienne, des disques de Bob Marley et des disques de rap.

Comment définiriez-vous votre musique? C’est un mix coloré de différents styles.
Oui, je ne saurais pas vraiment le définir. C’est juste mon style de musique, c’est de la musique qui vient… quand vous mélangez des expériences qui remontent à mon enfance en Somalie, avec de la musique pop italienne, du Bob Marley, du Rap, au fait de vivre en Amérique, je pense que c’est le type de musique que vous commencez à faire. Je me contente de tirer du sens de mes expériences et d’en faire des chansons.

On dit que K’naan pense comme Bob Marley et chante comme Eminem. Cela vous plait ?

C’est très sympa, J’ai lu ça aussi, je crois que c’était dans Rolling Stones. Je crois qu’Eminem est le meilleur dans le rap, Bob Marley… c’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire. En fait, je crois que je suis simplement moi-même. Je suis quelqu’un qui fait sa propre musique, oui, je crois que quand on commence à très bien connaitre la musique, on commence à comprendre son originalité.

Que représente Bob Marley pour vous ?

Des chansons géniales, il était plus qu’un type qui a unifié les gens et qui a emmené son pays de l’insécurité vers le haut. On connait la Jamaïque surtout grâce à Bob Marley. Il a emmené le pays vers le haut pour que les gens puissent en apprécier la culture. Je trouve ça incroyable. Mais plus que tout ça, je pense qu’il écrivait des chansons formidables. Il n’y a pas une chanson de Bob Marley que je n’adore pas. J’aimerai me rapprocher de ça à la fin de ma vie.

Vous recherchiez une grande inspiration en enregistrant cet album dans le studio de Bob Marley ?

J’ai eu le grand privilège d’être invité à enregistrer dans la maison de Bob Marley par sa famille. C’est fou. C’est là que j’ai enregistré la plus grande partie de l’album.

Dites-nous en plus, il y avait de bonnes vibrations ?

Oui, l’endroit est rempli avec ses couleurs. Ses amis et sa famille continuent à y vivre, et il ya eu des moments incroyables. Je suis le premier artiste, depuis sa mort, à avoir eu les clés de chez lui. Quand je suis arrivé à la grille, – il vit dans un palais, dans un énorme palais – et en arrivant, le type de la sécurité ; qui n’avait jamais vu personne d’autre avoir les clés de la maison de Bob Marley, à part ses enfants, c’est un musée, mais on ne peut pas voir le studio, il est hors limite ; nous a dit : « Le musée est fermé ! » On lui a répondu qu’on allait à la maison, «la maison de Bob?», oui, et on a ouvert la porte avec les clés, et ses yeux sont sortis de ses orbites ! Il n’y croyait pas ! C’était un moment merveilleux pour moi !

Vous avez vu Georgy, sur un vélo… racontez nous !
Oui, Georgy, c’était dans la chanson No Woman no Cry (il chante) et il avait un vélo et tournait autour de la maison et dans la chanson Talking Blues (il chante) le type aux grands pieds. Il était dans le studio, et il dormait sur le canapé quand on écoutait les chansons. Et dès qu’on mettait la chanson qu’on venait d’enregistrer, il se réveillait. Il y avait beaucoup de monde autour, Benny Weller venait, des amis de Steven Marley, la famille… ils étaient tous là !

Votre musique, The sky is the limit, lorsque vous mixez quelque chose, est éclectique.
Je me moque d’être limité à un endroit, si je veux faire des chansons pour Metallica, c’est comme ça que je le sens. Mais trop de gens sont trop préoccupés par leur base de fans, ou leur identité, ou l’endroit exact où on va pouvoir les trouver dans les rayons. Ça ne m’intéresse pas vraiment. Je veux juste faire de bonnes chansons.

A propos de votre musique, c’est une thérapie pour vous ? Parce que je sais qu’il vous arrive de vous sentir mal physiquement et moralement à propos de ce qui s’est passé en Somalie.
Tout le monde se sentirait mal et sentirait un poids sur les épaules. Si vous avez survécu à ces expériences, vous connaissez des gens qui n’y ont pas survécu. Cela fait longtemps que c’est un sujet important pour moi, et j’ai écrit certaines chansons sur l’album pour me permettre d’être mieux. Par exemple, la chanson Fatima, qui était une fille que je connaissais, une amie, un amour de jeunesse de 12 ans, elle m’a remis une lettre qu’elle avait écrite en anglais, lorsque nous sommes partis – ça m’a encouragé à apprendre l’anglais, elle le parlait et moi pas – 3 jours après, elle a été tuée par balle dans la rue, sans explication. Ça m’a pris toutes ces années pour écrire une chanson sur cette expérience. Mais la chanson n’est pas triste, c’est un hommage à sa vie, je la décris. Il ya des chansons comme ça dans l’album.

Vous aimez alterner différentes humeurs dans votre album.
Oui, j’aime mélanger la beauté et le tragique dans le même plat. J’aime mélanger la tristesse et la joie, vous ne pouvez jamais dire ce que vous écoutez vraiment. Si vous devez rire ou pleurer, si vous devez danser ou penser ; tout est mélangé.

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