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Première soirée à l’Openair Frauenfeld 2017

Bilan mitigé pour la première soirée à l'Openair Frauenfeld

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Première soirée à l'Openair Frauenfeld 2017 4

L’Openair de Frauenfeld en Suisse s’est ouvert ce jeudi sous un soleil assommant, où surtout les très jeunes sont venus brûler les records avec plus de 170.000 visiteurs attendus jusqu’à samedi. On doit le lancement officieux de la première nuit, aux allures de fashion week, aux gars de Flatbush Zombies : premiers à incendier le parc.

Le ton commence à monter vers 17h avec Desiigner, poulain juvénile (20 ans) de Kanye West venu de Brooklyn, qui avait su gratter une place de numéro un avec son titre Panda. Le set très moyen de Desiigner est représentatif de sa mixtape aux multiples décalages : très attendue mais trop lisse, très énergique mais peu rythmée – aucune subversion innovante dans son domaine. Pour que la magie opère, il manque ce p’tit truc, celui qui fait beaucoup pour ne pas dire tout… Une touche de charisme, un rythme mieux jalonné, des instru plus péchues et une connaissance du public plus pointue, c’est ce qu’il manque notamment à Desiigner pour que ses apparitions fassent partie du rang des mémorables.

Zikeo avait couvert le superbe concert de Mac Miller lors de la clôture de l’Original Festival à Lyon fin juin, et c’est avec étonnement que nous avons suivi un set suisse quelque peu bâclé. L’artiste pennsylvanien qui avait retouché sa track list en mangeant plusieurs morceaux incontournables, est parti de scène extrêmement tôt, quoi que tout en gardant pour lui cette connexion sincère qu’il entretient avec le public. Mettez ça sur le compte de la chaleur, sur le fait que le public avait la tête ailleurs, qu’il n’était pas satisfait… La furtive apparition de Mac Miller fut bonne mais loin d’être excellente comme à Lyon.

Comme évoqué, c’est bien les Flatbush Zombies qui ont lancé l’Openair Frauenfeld en ne commettant aucun crime de parcours. Si les trois compères à la réputation de stonards ont souvent déçu pour leurs concerts torchés, plus à l’arrache tu meurs, il n’en fut rien hier soir. Soutenus par un public tout bonnement en délire qui ne se complexait pas de hurler faux, le groupe de Brooklyn a offert un set équilibré, réunissant les meilleurs tracks de ses mixtapes et album. Flatbush Zombies a dévoilé deux morceaux inédits qui s’annoncent comme autant de nouveaux classiques tout juste bons à rendre hystérique.

Meechy Darko a allègrement exercé sur le public toute sa superbe, avec une outrecuidance bien à lui, ce qui en fait l’une des personnalités les plus emblématiques du festival suisse. Avec un terrain aussi bien préparé et un public qui n’a même pas eu l’opportunité de se sécher, vint le fameux Travis Scott, dont les moyens pyrotechniques ont épaté les plus rêveurs, fait briller les yeux des plus idéalistes et illuminé le parc.

On ne saurait en douter, à 25 ans, Travis Scott a tout d’un grand ponte indétrônable, et se saisit de n’importe quelle foule avec une aisance telle que cela en deviendrait rageant. Digne représentant alcaline, le texan a causé du soucis à la sécurité dont il se riait, et qui peinait à le suivre d’un perchoir improvisé à l’autre. Un set évidemment puissant, tendance, et dont chaque morceau était repris par une foule convaincue. Travis Scott excelle dans son créneau, sans même trop se fouler en force tranquille qu’il est ; aucun morceau ne sombre dans la passivité, chacun a sa petite touche qui le rend au final unique – du génie musical et scénique.

A ceux qui croiraient en l’absolu des choses, force est de constater que les montées en puissance ne sont pas toujours pures. Le manque probant de professionnalisme de nombreux artistes américains de la nouvelle génération hip-hop a bien sur pointé le bout de son nez.

Les frangins de Rae Sremmurd, des gamins à qui on ne donnerait pas le bain, ont servi un set en playback, et encore, un mauvais playback. C’est leur Dj qu’il faut remercier pour avoir tout de même apporté une voix authentique au plateau. D’aucun n’est capable de suivre les aigus. A noter que Slim Jxmmi s’est bien gardé de sauter dans la foule ce soir là, mais qu’il portait à nouveau une énorme chaîne. Ce dernier, à l’égo démesuré qui sonne faux, semble avoir compris que le respect n’est pas un dû.

Bien entendu, le duo a contenté la masse en diffusant ses morceaux phares sur lesquels tout le monde danse, saute, se pousse et s’égosille dans un anglais yaourt, toutefois, un goût amer stagne dans la gorge en fin de concert : doit-on accepter que ces artistes ne font le travail qu’à moitié en ne pouvant monter sur scène que raides défoncés, ou bien, que le public n’ait que très peu d’exigence et qu’il se resserve volontiers une dose de bouillie de performance.

La soirée continue sur Usher & The Roots, qui aurait pu être idéal pour fédérer un public aux profils différents, mais que les très jeunes quitteront peu à peu pour rejoindre les Dj sets. On les comprend. Le plateau très brillant au début, devient rapidement lassant, et l’on préfère opter pour une dose de drops supplémentaire crachés par des enceintes mal réglées sur fond d’odeurs de kebab. Certes, il s’agit d’une rencontre inédite entre les deux entités ce qui donne un événement « atypique » pour le festival, que les choeurs réchauffent et touchent forcément, mais qui laisse davantage une image vieillissante que réellement festive. Notamment pour Usher qui reste cloitré dans un passé révolu dont même les grands classiques n’émeuvent plus autant.

Si l’on ne peut douter que l’artiste conserve une voix sublime et sublimée par le live band, son avenir dans le panorama musical reste indécis, penchant d’ailleurs plus vers le néant lorsqu’on ne parvient à se renouveler que dans un faux-semblant.

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