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Jazzy Bazz à Lyon : Un succès certain pimenté de superficialité

Concert en demi teinte de Jazzy Bazz à Lyon

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Jazzy Bazz à Lyon : Un succès certain pimenté de superficialité 4

Jeudi soir le Ninkasi de Lyon a lâché sa scène à l’archi parisien Jazzy Bazz, qui a donné à manger à un public presque complet, reparti satisfait, et parfaitement assorti à l’image du rappeur. Jazzy Bazz a donné un bon concert mais dénué de surprise. L’homme, tout ce qu’il y a de parisien, a fait démonstration de la difficulté à lâcher-prise et à sortir des clichés même si on les conte avec brio.

La programmation ne manquait pas de cohérence. En effet, Cleim Haring, rappeur lyonnais (a)typiquement tendance, a lancé la soirée de son style virevoltant entre électro, rap et romantisme baudelairien. Des sonorités et des paroles résolument hype, quoi que l’artiste la réfute dans son titre évocateur Nique la hype. Pourquoi s’en cacher après tout, quand chaque époque connait sa propre hype.

Tiré à dix épingles, il a plus présenté que défendu ses derniers projets, deux EP aux noms de « Soledad » (produit par Everydayz) et de « Sun Cold », qui outre leurs allures impeccablement léchées de covers glacées de magazines, font preuve d’une inspiration vaste, tout à fait dans l’air du temps du rap qui évolue, se tue, se cherche et se recrée.

Bien escorté de musiciens, Cleim Haring a donné de sa personne avec toute la bonne volonté de ce monde, cependant le public est resté assez dubitatif – voire hermétique puisque les lyonnais ont une réputation à tenir. Les propos ne sont pas toujours lisibles, comme les mots pas toujours clairs, ce qui n’est pas une tare puisque tout se perfectionne avec l’âge. C’est peut-être d’ailleurs le lot de tout bon romantique qui se respecte : rester l’éternel sensible incompris.

L’attendu Jazzy Bazz a fait son entrée sous les cris fervents de son public comme un miroir, tant en terme d’apparence que de style. De la part d’un artiste qui présente des titres de longue date, on n’en attendait pas moins : il s’agissait d’un set organisé où aucun son ne pouvait manquer puisque les nouveaux tardent à tomber.

Heureusement, l’artiste s’entoure bien sinon le set serait rapidement devenu fade. Il est accompagné d’une belle équipe qui compte notamment son fidèle binôme de la Cool Connexion, Esso Luxueux, qui a bien du mal lui aussi à se transcender, si tant est que Jazzy Bazz veuille bien libérer ses ailes. Le titre Astral, divinement glauque, demeure l’un des rares seuls titres qui aura décomplexé la salle.

On sait que Jazzy Bazz avait eu du mal à dompter son inspiration pour son premier album « P-Town », après ce fameux EP. Sur la route du 3.14 dont le succès fulgurant ne pouvait que coller une pression d’enfer. Mais ces foutues aiguilles sur le cadran tournent, inlassablement. Aucune défaite mais aucune surprise musicale également au tableau.

Il serait temps d’assumer son choix de carrière au-delà d’une esthétique archi-maîtrisée par les dictats de l’avant-garde de la mode parisienne. Il serait temps d’assumer l’habilité de sa plume tel un vaisseau pour faire murir et sortir du déjà vu les idées. Jazzy Bazz écrit bien, il a de ses images et de ses métaphores qu’un Truman Capote envierait mais le talent n’éclôt pas, tristement. Par la même occasion, il serait tant de s’évader hors de murs trop poncés, loin des thèmes parisiens au classicisme lassant. Loin, aussi, des lieux communs politiques et sociaux dont la banalité et le manque de prise de hauteur ne font que prêcher la morosité parmi les convaincus.

Contre toute attente, Jazzy Bazz a légèrement bafouillé sur un son. Un point à notifier mais qu’on ne peut qualifier de vulgaire choke. Ca serait être imbécilement sévère avec lui et oublier que l’erreur reste humaine. Si l’artiste a enchaîné proprement et a construit son set en un up and down basique, il reste relativement rigide et semble faire preuve d’une retenue qui se ressent fort dans le public.

La fosse s’est peut-être déchaînée en quelques pogos gentillets où l’on fait attention à ne pas salir son K-Way vintage aux couleurs criardes, mais il manquait une sacrée dose de spontanéité à cette date. Il manquait tout simplement de lâcher-prise, ce qu’on sait ne pas être donné pour tous mais qui reste indispensable pour faire des dates mémorables. Une chose que certains de ses cousins de L’Entourage, comme Deen Burbigo, pourraient l’aider à mieux comprendre si leur nouveau projet n’est pas qu’une rumeur. Cette soirée manquait encore de folie, d’une touche de « sale ».

Il a fini son set sur les 64 mesures de spleen que chacun connait par coeur. Puisse Jazzy Bazz atteindre à nouveau ce niveau, un de ces quatre matins, la mélancolie et la résignation à vivre en moins, avec toute l’assurance d’un gamin devenu enfin adulte.

LES ALBUMS DE JAZZY BAZZ SONT DISPONIBLES SUR ITUNES ET AMAZON

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