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Scène française

La chanteuse Yelle, un trio à l’image de sa musique.

Entretien avec Yelle, Grand Marnier et Tepr

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La chanteuse Yelle, un trio à l'image de sa musique. 4

En 2007, on faisait connaissance avec Pop Up, le premier album électro-pop-kitsch écrit par Yelle, composé par Grand Marnier et produit par Tepr. Mais cet été, c’est un trio scénique et à l’affiche des plus grands open-air du monde que l’on découvre. Rencontre à Musilac, en Savoie, avec un trio à l’image de sa musique, décalé, fantaisiste et lucide.

Eté 2005. Julie est derrière son ordinateur, chez elle, dans les Côtes d’Armor. Elle met en ligne sur son Myspace, Je veux te voir, en réponse à la misogynie de TTC. En deux jours, deux mille personnes écoutent le titre et deux semaines plus tard, un contrat est signé dans les bureaux d’une maison de disques, Source. Trois ans après, l’été de Yelle se déroule sur la route des festivals, de Benicassim à Musilac, des Vieilles Charrues au Pukkel Pop, du One Love Festival d’Istanbul au Summer Sonic de Tokyo. Yelle est au micro, Grand Marnier à la batterie et Tepr aux claviers.

Vous êtes sur beaucoup de festivals, parmi les plus prestigieux. Le style musical de Yelle n’est pas forcément fait pour le live, qui plus est sur des grandes scènes. Beaucoup sont surpris de vous y voir, c’est votre cas aussi ?
Grand Marnier : Non parce qu’il faut savoir que Yelle ce n’est pas qu’une chanteuse populaire avec des titres qui passent en radio. Et ce n’est absolument pas une chanteuse de variété. Yelle c’est un trio avec une vraie formule live, qui a beaucoup d’énergie et qui dégage quelque chose de très rock, finalement. Donc on a tout à fait notre place dans toutes ces programmations. Et généralement les gens sont agréablement surpris.

Mais vous vous doutez bien que dans le public de tous ces festivals, nombreux sont ceux qui pensent que Yelle fait de la variétoche. C’est un handicap ou une motivation, pour vous ?
Yelle : Je trouve que c’est très motivant. Aller chercher les gens, les conquérir, je prends ça comme un challenge. Sur un festival où l’on est programmé avec des groupes très différents, c’est une vraie belle expérience pour nous, d’aller à la rencontre des spectateurs, de tout faire pour qu’ils restent. On se donne à fond, et on en envoie même encore plus que d’habitude.

Grand Marnier : Parfois, on se donne tellement qu’on joue nus et on lance aussi plein d’argent dans le public.

Si une partie des gens s’arrêtent au côté « variétoche » de Yelle, d’autres savent qu’il y a une double lecture dans votre musique, beaucoup de second degré. On peut dire que Yelle est un concept ?
Yelle : Ce n’est pas vraiment un concept, même s’il est vrai qu’on a une identité et une musique particulières qui ne rentrent pas dans des cases. C’est forcément plus compliqué de nous classifier. Mais concept, non, disons que nous sommes simplement un groupe, fier de son album qui tend sur l’électro et de ses live qui tendent plus sur le rock. Nous sommes avant tout des musiciens qui n’ont pas envie de refaire sur scène ce qu’ils ont fait en studio à la minute près et au son près. Et on est content de proposer quelque chose de différent.

Quand je disais second degré, je pensais surtout à votre démarche artistique, il y a beaucoup d’ironie dans vos paroles et dans votre musique…
Tepr : Mais c’est parce qu’on est comme ça dans la vie, aussi. Les textes, par exemple, c’est notre façon de parler, c’est également une façon d’écrire et un autre moyen de faire passer des choses. On aime autant la musique très indie que celle un peu commerciale, on n’a aucune limite et on savait dès le départ que ce ne serait pas facile à faire passer auprès de tout le monde. Donc l’ironie, le second degré c’est une sorte de lien. Certains écrivent des textes engagés, nous notre manière de militer c’est de ne pas avoir de limite, de toucher à tout, sans se placer.

« Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ». C’est Lino Ventura qui disait ça dans les Tontons Flingueurs. C’est une phrase qui vous correspond alors ?
Grand Marnier : Non, parce que nous ne sommes pas des cons.
Yelle : Si, on est toujours le con de quelqu’un d’autre.
Grand Marnier : D’accord, mais en l’occurrence dans ce cas, les cons c’est les autres !

Malgré le succès et toutes les dates que vous enchaînez, en Europe, au Japon, au Canada, vous avez le temps de penser à repasser en studio ? N’avez-vous pas l’impression, d’ailleurs d’être attendus au tournant pour votre 2e album ?
Grand Marnier : Non, parce qu’on ne fera pas de 2e album. On va directement passer au 3e. On saute celui de la maturité pour aller tout de suite à celui du changement.

Et ce 3e album, alors, est-il déjà en préparation ?
Tepr : Oui, on a nos idées, des orientations mais pas encore de choses concrètes. On a quelques petites ébauches dans nos têtes mais surtout, même si on apprécie notre tournée, on a hâte de retourner en studio.

Jusqu’à maintenant vous avez toujours été là où l’on ne vous attendait pas, du coup est-ce que ce « 2e / 3e album » sera, lui aussi, inattendu ?
Yelle : On a envie d’expérimenter d’autres styles, oui. Peut-être qu’on décevra, mais on n’a pas envie de se brider. Alors ça peut perturber les gens de ne pas se reconnaître dans notre « 2e / 3e album », mais notre ligne de conduite sera d’abord d’être contents de nous.

Grand Marnier : Ce sera juste de la liberté et du fun. On est assez fascinés par ces artistes qui changent d’un album à l’autre, comme Beck, par exemple, qui va proposer à chaque fois des choses de qualité et toujours intéressantes parce que différentes de ce qu’il aura fait auparavant. On écoute plein de choses, donc nous sommes inspirés par plein de choses. Alors il ne faudra pas s’attendre au 1e album bis.

Tepr : Même si on décide sur ce 2e album, ou plutôt le 3e, de changer radicalement, il restera un fil conducteur, la voix de Julie. Grand Marnier parlait de Beck, qui change du tout au tout, nous sommes aussi influencés par des groupes comme Depeche Mode qui, depuis 25 ans, font plus ou moins la même musique, tout en étant à la fois mainstream et indy, pop et assez spéciaux. On gardera, quoi qu’il arrive, cette liberté de naviguer entre le pointu et le commercial. Mais le maître mot de Yelle, c’est le plaisir.

LES ALBUMS DE YELLE SONT DISPONIBLES ICI

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