pop-rock

The Bewitched Hands Vampiric Way

Vampiric Way, le nouvel album de The Bewitched Hands

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Deux ans après la sortie de « Birds & Drums » qui a fait l’unanimité, The Bewitched Hands reviennent avec « Vampiric Way », leur nouvel album de 12 titres produit par Julien Delfaud (Phoenix, Etienne de Crécy, Herman Dune).

Parfois, seulement parfois, à l’écoute du premier morceau d’un album on se prend une claque. Non seulement parce que le morceau en question vous décapite d’entrée de jeu avec une force parfaitement sauvage mais aussi parce qu’on sent que ce morceau ne va pas en rester là. Qu’il est bien plus que ça. Annonciateur d’un grand album sur lequel on n’a pas fini de revenir inlassablement. C’est donc cette performance si rare et inattendue, qu’a réussi dès son deuxième disque The Bewitched Hands. Car Westminster, le premier morceau en question, a confirmé cette attente.

Que ce soit la mélancolie amphétaminée de Thank You, Good Bye, It’s Over, la pop nostalgique et syncopée du malicieux 50’s Are Good nous rappelant cet injustement oublié combo féminin répondant au nom cryptique d’Electrelane, la tristesse contemplative de Words Can Let You Down…le très « pulpien » Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! (6), ou Boss sous forme d’hommage à la scène de Sheffield… aucun des 12 morceaux qui hantent cet album ne cherche à désacraliser la beauté létale qui s’en dégage immanquablement. Un peu, finalement, comme si les Talking Heads avaient croisé les Beach Boys eux-mêmes en pleine discussion avec le légendaire Paul Williams apposant une touche finale à la composition de la bande originale de son cultissime Phantom Of The Paradise, alors que les Pixies débarqueraient de nulle part (ce qui tomberait bien car ces derniers, avec Daniel Johnston, occupent la meilleure place du Panthéon musical des Bewitched…).

Et d’ailleurs si le groupe avait été anglais ou américain, s’il résidait à Brighton ou bien à Portland, il aurait déjà fait la « Une » de Mojo, puis la « couv’ » de Uncut et enfin celle de Rolling Stone, sur le motif du « Renouveau de le Pop symphonique en mode punk, pastoral et psychédélique » pour finir par un dix pages dans le New Yorker sur le pourquoi du comment un groupe si « normal » peut accoucher d’une musique aussi extatique… Mais les « Bewitched » sont français (de Reims pour être précis et pour ceux qui l’ignorent encore), et c’est tant mieux. Car leur musique est de celle qui abolit les frontières, de celle qui vous ferait penser que Phil Spector est sorti de prison avec une permission spéciale afin de les aider à terminer la production de leur disque. Malheureusement pour Spector, Julien Delfaud n’a eu besoin de personne pour y parvenir, tant il a su ici magnifier la richesse intraitable des chansons. Car c’est aussi l’une des clefs fascinantes de ce disque : Si chacun de ses morceaux vous laisse sur le carreau c’est pour que le suivant remette ça de plus belle et qu’au final, le disque dans son intégralité vous lamine de part en part. Si bien qu’à la fin vous n’êtes plus bon qu’à être ramassé à la petite cuillère, évidé comme après une (longue) nuit d’amour… Et comme les Bewitched sont six (ils évoluent d’ailleurs à la manière d’un vrai collectif où tout le monde écrit, chante, joue, où les ego sont partagés avec inspiration et délicatesse), on parlera d’une partouse des sens, d’une marée émotionnelle dont le ressac n’a cesse de caresser votre sensibilité en appuyant uniquement là où ça fait du bien. Magie opérationnelle puisque après chaque écoute d’un album qui, comme tous les diamants noirs ne se donnent qu’à ceux qui ont sincèrement envie d’être bousculés, on en redemande. Et chaque fois nous sommes pris au piège de l’inextricable dépendance qui s’installe comme avec une drogue parfaite, sauf qu’ il n’y a pas de downs qui tuent, il n’y a que des highs qui vous explosent la tête.

Les Bewitched Hands sont aussi passionnés que sincères dans leur démarche, une attitude qui leur donne toute chance de continuer à nous surprendre ainsi et pendant très longtemps..

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