Télé / Cinéma

Michaël Youn évoque son rôle dans « Le jour où j’ai brûlé mon coeur »

A l’affiche de la nouvelle fiction de TF1, Michaël Youn se confie sur le rôle qu’il a accepté d’interpréter.

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«Comment n’a-t-on pu rien voir ?» se désole après le drame, le CPE du lycée où Jonathan était harcelé depuis des années. Michaël Youn incarne cet homme de conviction, prêt à outrepasser ses fonctions pour retrouver les auteurs des faits. Après « Les bracelets rouges », le comédien livre à nouveau une interprétation bouleversante, en adéquation avec son choix de diversifier ses rôles. Explications.

Pourquoi avoir accepté ce rôle ?
A la télévision et plus particulièrement sur TF1, on me propose d’incarner des personnages très éloignés de mon univers et j’adore cela ! Je peux ainsi continuer d’être un acteur comique au cinéma tout en campant des personnages plus profonds à la télévision. Ma personnalité n’est pas monolithique et tous les sujets en lien avec l’enfance, l’éducation, l’isolement ou la compassion me touchent comme tout être humain sensé, me motivent et m’enthousiasment. Je me suis donné corps et âme pour Les bracelets rouges comme pour Le jour où j’ai brûlé mon cœur afin de livrer une interprétation la plus sensible et la plus juste possible. Je suis ravi car lorsque j’ai débuté ce métier en 1997, je rêvais de rôles comme celui-ci. Mais les chemins empruntés avec mon mégaphone au poing et mes parodies m’ont éloigné d’eux. Aujourd’hui, je suis heureux de pouvoir concilier comédie et dramaturgie. C’est un luxe que connaissent peu de comédiens et j’ai la chance d’en faire partie. Je suis né et j’ai grandi sur le petit écran. Lorsque je tourne aujourd’hui sous la direction d’Olivier Marchal ou de Nicolas Cuche, le public n’a pas d’a priori négatifs et il est plutôt curieux de me voir interpréter des personnages profonds. Lors de ce tournage, j’ai eu un contact privilégié avec le réalisateur Christophe Lamotte et nous avons longuement échangé sur le thème du harcèlement scolaire.

Parlez-nous de votre personnage, Patrick Demarescau, CPE au lycée Jean Monnet…
Je suis fils de psychologue et de pédagogue, incarner un CPE m’inspirait. A travers ce rôle, j’ai essayé de reproduire ce que mon père aurait fait dans une situation identique. Je souhaitais interpréter un homme moderne, proche des élèves, à leur écoute, mais aussi un être angoissé. Il n’est pas juste un monstre de discipline tel qu’on peut schématiquement l’imaginer.

Vous retrouvez-vous en cet homme ?
Absolument. J’ai un profond désir de justice dû à mes origines et l’éducation que j’ai reçue. J’ai perdu une partie de ma famille dans les camps de concentration et rien n’est plus important que ce principe moral. Il est primordial de comprendre comment les responsabilités doivent être assumées par les uns et par les autres. De toute façon, il y a deux manières d’appréhender un rôle : créer un personnage de toutes pièces ou l’épouser avec votre personnalité.

«C’était évident. On n’a pas su voir» regrette votre personnage en apprenant le geste désespéré de Jonathan. Comment interpréter ces paroles ?
Au départ, l’incompréhension règne en maître. Mon personnage oscille entre plusieurs sentiments : la culpabilité, la colère et l’impuissance face à une situation dramatique qui lui échappe. Il était de sa responsabilité de voir, de réaliser et de colmater les brèches avant qu’il ne soit trop tard. Or, par laxisme, immobilisme et sûrement par fainéantise, cela n’a pas été fait. C’est le drame de notre société actuelle. La force d’inertie est si puissante que le temps de réagir, le mal est déjà fait. Dans cette fiction, tout un lycée est concerné. Elèves et professeurs sont tous responsables. Tout le monde a un jour vu Jonathan se faire harceler dans une indifférence totale.

Justement, vous avez rencontré Jonathan Destin, dont l’ouvrage a largement inspiré cette fiction, sur le tournage à Strasbourg. Que lui avez-vous dit ?
Dès que je l’ai vu, ma première question a été : «Mais pourquoi as-tu fait ça ?». Il m’a avoué avoir réfléchi trop tard aux conséquences dramatiques de sa tentative de suicide. Parfois, il vaut mieux crier très fort pour se faire entendre. Jonathan hélas, s’est exprimé par ce geste désespéré. Le calvaire qu’il a subi durant des années a été extrêmement difficile à vivre. Aujourd’hui, Jonathan a l’air plus épanoui et c’est le plus important. Maintenant, il existe. Sa mère va de collège en lycée pour raconter son histoire, transmettre son message afin que cela ne se reproduise pas. En revanche, le quotidien de Jonathan est encore marqué par des séjours à l’hôpital pour y subir des greffes. Les conséquences sont à vie.

Vous êtes papa. Le harcèlement scolaire vous fait-il peur ?
Evidemment. J’ai une petite fille âgée de 7 ans, particulièrement sensible, et je rêve qu’elle ait une enfance harmonieuse car c’est la période de l’existence où tout est encore rose. Comme tous les parents, je redoute le harcèlement scolaire et je me sens concerné. Je demeure convaincu que les meilleurs remparts sont l’écoute et le dialogue. Par ailleurs, je trouve les responsables de TF1 courageux de prendre le risque d’aborder un thème aussi lourd. Ce sujet va passionner et interpeller les Français.

Vous revoici actuellement derrière la caméra…
Je réalise dans le sud de la France une comédie pour le cinéma, « Divorce Club« , avec entre autres Arnaud Ducret, François-Xavier Demaison, Caroline Anglade et Audrey Fleurot. Puis, je m’envolerai pour l’Afrique du Sud tourner « Bienvenue chez les Malawas » avec James Huth, un film que nous avons coécrit. Il s’agit de l’histoire de quatre stars qui, dans le cadre d’une émission, partent à la découverte d’une tribu primitive… Evidemment, rien ne va se passer comme prévu et elles vont se retrouver perdues dans la savane avec, pour seul bagage, leur égocentrisme ! Christian Clavier fait déjà partie de l’aventure. Et comment pourrais-je oublier les Enfoirés en janvier à Bordeaux ? Ils ont besoin de moi et j’ai besoin d’eux.

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