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Missill sort l’artillerie lourde

Missill a plus d'une balle dans son barillet ; électro, hip-hop, ragga, breakbeat, grime, dubstep et rock.

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Dire que Missill est une bombe, relève plus du constat que du mauvais jeu de mot. 26 ans, lookée comme une Yelle hardcore, graphiste, graffeuse, dee-jay et aujourd’hui productrice et styliste, dans tous les domaines, elle aime faire parler la poudre. Couleurs flashy et rythmiques explosives se retrouvent dans son 1e album, Targets et dans ses live, qu’elle enchaîne depuis maintenant quatre ans, en clubs, mais aussi en festivals, des Transmusicales de Rennes aux Eurockéennes de Belfort en passant par Solidays et le Paléo, en Suisse où nous l’avons rencontrée.

Missill, beaucoup de gens te découvrent aujourd’hui, mais ton personnage ne date pas d’hier…
En fait je viens du graffiti, ensuite, je suis devenu graphiste et après, j’ai commencé à mixer dans des soirées. C’était il y a 5 ou 6 ans. Mais surtout, je pense que j’ai vraiment décollé en faisant des festivals. C’est là où je me sens le mieux et ça se voit que je viens de la scène plus que des clubs.
Je kiffe à jouer en clubs aussi, mais je me sens plus à l’aise entre deux groupes de rock, limite punk, qu’après un dee jay dans une petite boîte, en haut à droite où personne ne te voit.


La France est un pays où on aime coller des étiquettes aux artistes. Dans ton cas, soit on t’en colle plein dans le dos, soit on ne t’en met aucune.
C’est clair que c’est pas évident de me cibler. Dans la presse j’ai déjà vu 200 tonnes de styles différents à propos de moi, mais aucun ne correspond vraiment à ce que je fais. En même temps, ma musique c’est juste une sorte de mash-up super intense. Je prends l’intensité qu’il y a dans l’électro, la patate qu’il peut y avoir dans le hip-hop, l’énergie dans les guitares du rock. En fait, je vais chercher la puissance là où elle est. Je cherche juste le truc efficace qui va me faire vibrer, donc peu importe l’étiquette. Et tant mieux, parce qu’à mon avis, c’est la fusion qui fait avancer les styles.

Et avec cette énergie, finalement, tu arrives à rassembler sur le même dance-floor, des teufers, des punks et des fans de hip-hop.
Mon public est super éclectique, c’est clair. Et en général j’ai devant moi des gens très ouverts, qui écoutent plein de styles différents, donc malgré le mélange, tout se passe très bien, y’a pas de bagarre. Mais en festival, de toute façon, tout le monde joue devant un public très varié, ça vient de partout.

Le hip-hop et l’électro sont deux styles qui paraissent très éloignés à première vue, mais en y regardant de plus près, on se rend compte qu’ils sont très proches…
Carrément ! Regarde Mantronix, 2 Live Crew, tous ces vieux groupes de l’époque, ils tournent tous à l’électro, autour de 130 BPM et ils tchatchent hyper vite par-dessus. C’est juste qu’après les années 90, le rap s’est un peu endormi et les deux styles ont été identifiés comme deux mondes à part, avec la house d’un côté et le hip-hop de l’autre. Mais en réalité, le hip-hop est allé super loin, il est passé par tous les BPM, y compris ceux de l’électro. Donc en effet, je ne pense pas qu’ils soient si différents que ça.

Dans ton mélange des genres, est-ce qu’il y en a un qui est dominant ?
Ben en gros, je viens du hip-hop et c’est après que je suis allé vers l’électro, au fur et à mesure des années. Donc on peut dire que tout part du hip-hop, d’ailleurs c’est comme ça que commencent mes sets. Je démarre entre 90 et 100 BPM, pour parler technique. Ça rape dans tous les sens. En principe ce sont surtout des titres old-school. C’est sûr que je ne vais pas jouer des titres, genre hip-hop conscient avec message politique, où il faut réfléchir. Moi je suis là pour qu’on foute le bordel, que tout le monde saute en l’air, que tout le monde danse. Donc il faut que ça reste dance-floor. Ensuite je speed de plus en plus, je bascule vers des sons plus ghetto, booty bass, parce que le pied commence à devenir techno, avec des gars qui tchatchent dessus. Et après je bascule carrément dans l’électro.

C’est un peu de cette manière qu’est construit ton album, d’ailleurs. En l’écoutant je me suis cru dans une soirée. On se met dans le bain avec du bon gros hip hop et au fil des plages, on se lâche de plus en plus…
Mais c’est le but ! C’est exactement de cette manière que j’ai pensé mon album. Je voulais retranscrire en 15 tracks, ce que je fais en live, dans l’ordre. Commencer dans la bonne vibe et monter la vitesse pour finir carrément club. Et surtout ce qui m’a plu dans la conception de cet album, c’est d’avoir pu travailler avec des gens comme Nine Lives The Cat ou Dynamite MC, je voulais absolument bosser avec eux. Et enfin j’ai pu travailler avec des gens, parce que derrière tes platines ou tes machines, tu es toujours tout seul, donc là pour une fois j’ai pu collaborer avec des musiciens, des MC, des arrangeurs, des techniciens…

En tout cas, quand on écoute ton album et tes mixes, on se dit que ton Ipod doit être blindé de mp3 et que ça doit partir dans tous les sens.
Non, parce que je n’ai pas de Ipod. Par contre, j’ai un Itunes et oui, je te confirme, il est ultra blindé, j’en ai au moins pour 5 jours de musique. Mais c’est plus une collection de titres que des playlists qui s’écoutent d’une traite. Et dedans il y a une grosse tonne de Baile Funk que j’ai ramené du Brésil, Ghetto Tek pareil j’en ai plein. Du break et de l’électro j’en ai, genre, deux tonnes et demi. Beaucoup de reggae, également, de funk, de soul, de hip-hop évidemment et un petit peu de rock, mais pas trop.

Maintenant que le Missill est lancé, quelle sera sa trajectoire ?
Je termine la grosse tournée d’été liée à la sortie de l’album et pour l’année prochaine, je prépare un live avec des musiciens, batteur, guitariste, chanteur et des instruments. Je m’en suis même fabriqué un. Un keytar, mi clavier mi guitare, vert et rose fluo, contrôlé en MIDI. Le but c’est de tourner avec le groupe et tous les morceaux de l’album et ceux que j’aurai produit d’ici là, parce que j’ai encore plein d’idées.

crédit photo : © Anne Furblur

label : Discograph

album : Targets (sortie février 2008)

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