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Rock en Seine : Compte rendu

Seine classique…

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Un « Rock en Seine » sans annulation d’Amy Winehouse, c’est plus vraiment un Rock en Seine. L’édition 2008 du festival francilien n’a pas dérogé à la règle, et a offert à Mike Skinner une conclusion en grandes pompes.

Vendredi soir sur la grande scène laissée vacante à l’ultime minute par la diva britannique, le rappeur de The Streets a conclu dans le staïle et la bonne humeur deux jours de très haut niveau : pastichant Amy et son tube Rehab toutes les cinq minutes, arborant un autocollant « annulation » et incitant le public à faire tout pleins de conneries, il a rappelé à ce joli monde resté malgré la mauvaise nouvelle, que le festival ne devait pas son succès qu’aux prétendues têtes d’affiches.

Rock en Seine 2008 fut la fête de l’éclectisme, avant tout. Pour ne parler que de musique (parce que l’Expo photo, les stands, c’ était sympa aussi), tous types de festivaliers auront pu se croiser ces 28 et 29 août au Domaine de Saint-Cloud. Entre l’armada de petits rockers à la guitare bien pendue (on retiendra les fougueux Louis XIV, et surtout les discoïdes et fabuleux Black Kids et leurs tubes en pagaille), les métalleux toujours pros (Apocalyptica, Scars on Broadway et le déroutant Serj Tankian qui a su séduire un public très divers) et les bidouilleurs au sommet de la hype (Hot Chip transcendé par l’ambiance, The Do délicieusement indolents), tout le monde était servi. Et les poids lourds n’ont pas déçu.

Jeudi, Tricky a joué des vieux tubes, et même parlé (un peu) à son public. Le grand garçon briton était motivé, et joliement entouré pour un set qui suintait l’excitation, et aurait fort bien pu trouver sa place plus tard dans la soirée, genre vers 4h du mat’. Mais après, il fallait écouter REM et ses mélodies répétées par tous. Michael Stipe a changé sa gestuelle, mais il bouge toujours et c’est le principal. Sur Imitation of life, les gens qui souriaient étaient tout de même très nombreux. D’autres avaient fait le choix de Wax Tailor, et le brillant MC français a choisi la fin de sa prestation de haute volée pour balancer ses hits les plus puissants. Positivly Inclined a bordé tout le monde de manière très, très groovy.

Métro, dodo et retour à Saint-Cloud vendredi devant un Jamie Lidell très énigmatique pour quiconque s’est laissé séduire par ses deux albums solo (c’est-à-dire 95% du public). L’auteur de l’un des plus grands disques de l’année a préféré la jouer bruitiste, comme au bon vieux temps de ses années berlinoises, délaissant son piano qui n’attendait que l’arrivée de Gonzales pour jouer ses tubes tous frais… La longue montée en puissance mélodique s’est conclue par deux chansons en forme de joyaux, Another day et Multiply, où la voix du dandy a enfin retenti au loin dans le domaine.

Les Blues Explosion de John Spencer ont joué du bon vieux rock’n’roll, tandis que les Roots ont montré que les années n’ont pas d’effets sur eux, alors que Kate Nash a joué ses comptines so smart devant des milliers de kids en Converse, et c’était beau. Jack White et ses Raconteurs ont prévenu la foule d’une hypothétique « annulation de fin de soirée ». Pendant que la rumeur se propageait, d’autres préféraient se déhancher, insouciants, devant les merveilleux Black Kids qui n’ont rien à envier à George Abitbol en matière de classe.

Après un long blanc, Justice a électrisé la foule en délire. Le show du duo parisien et celui de The Streets s’étireront dans la nuit, pour une fin de festival ayant perdu en route son rythme effrené. La faute à une chanteuse absente, qui fera sans doute regretter à pas mal de personnes d’avoir dépensé sa thune pour Rock en Seine. Pas tout le monde, heureusement.

Crédits photos : Nicolas Joubard & Miller

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