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Wu Tang Clan « 8 Diagrams »

8 diagrams

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Après six ans d’absence, le crew de Staten Island est de retour avec un nouvel opus impeccable.

« La période est idéale pour les fans du Wu-Tang« . La formule est signée Christian Hoard, journaliste à Rolling Stones. Emprunter ici les mots d’un autre est la solution la plus commode pour matérialiser l’impression fraîche et bienvenue que procure l’écoute de cet album. Plus vraiment besoin de revenir sur le parcours du groupe, apparu en 1993 et responsable depuis d’un nouveau son lugubre et novateur, dense et véhément, sous de multiples facettes. Après le magique et ténébreux Iron flag en 2001, on avait seulement eu, comme d’habitude, des nouvelles du crew en solo, sur des projets très divers pondus ici ou là. Alternant continuité dans le bien fichu (RZA), surprises de saison (Masta Killa), rupture tranquilou (GZA avec DJ Muggs), essoufflement (Method Man) ou naissance d’une véritable légende vivante (Ghostface Killah) …Et l’on se languissait, comme tout fan connaissant par coeur C.R.E.A.M ou Gravel Pit, d’entendre à nouveaux les neuf fêtards (les neuf historiques, sans ODB et avec Cappadonna) réunis sur une galette. Voici donc l’objet du délit, un disque de 16 pistes sur lesquelles on entendrait presque le diamant de la platine craquer, tant la démarche old school est manifeste.

La promenade s’ouvre sur le jouissif Campfire, qui convoque les inimitables et inévitables extraits de vieux films de série B, propres au monde de sieur RZA. L’album est d’ailleus nommé ainsi d’après un enième film de kung-fu (The Eight diagram pole fighter). Avec (soit dit en passant) un excellent couplet de Method Man. On poursuit avec un Take it back résolument vieille ecole (le refrain !) où brillent une fois de plus Inspectah Deck et Ghostface.

Les tracks sont en grande majorité produits par RZA, comme le suivant, Get them out your way pa, à la ligne de basse fatale mais de niveau un poil plus faible. Très vite, un Raekwon revenu de nulle part euphorise l’excellent Rushing Elephants, sur lequel RZA entre autres fait encore parler la poudre de son flow agressif et coupant. Comme sur son solo, Sunlight. Des titres plus décalés comme Unpredictable rendent l’écoute plus complexe, et les sensations moins définies. Encore un album du Wu qui se bonifiera avec le temps. La preuve avec l’un des derniers titres du CD, le merveilleux Life Changes au cahier des charges d’une grande simplicité. Un sample de soul vibrant, et plus de sept minutes où les rappeurs se succèdent d’un geste solennel, pour rendre hommage à Ol’Dirty, mort depuis déjà trois ans. Sans oublier d’autres petits bonheurs, comme ce The heart gently weeps, invitant Erykah Badu et s’articulant autour du morceau quasi éponyme des Beatles. Même l’histrion George Clinton est de la partie, pour un Wolves génial, avec encore une fois Method Man au taquet. Qui remet ça sur le minimaliste et parfait Gun will go. Ne surtout pas rater non plus l’épais Starter et le crasseux Weak spot.

Enfin, l’un des deux bonus, egalement dédié à ODB, est un peu douteux, s’agissant d’un passage live à la qualité crado, du MC disparu. L’une des rares micro-scories de l’album, qui débarque dans les bacs comme un nouveau manifeste du hip-hop version 2.0. Talent, classe, mélange de modernité et de classicisme, confiance au progrès et vocations à l’ancienne, lyrics au couteau et samples d’orfèvre, équilibre entre dynamisme et recueillement. La grande classe. Ce groupe n’a décidément jamais fini (d’agréablement) nous surprendre. Et confirme que les meilleurs albums de l’année, en hip-hop, viennent toujours au moment des fêtes.

Pias

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