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Rachid Taha de retour avec l’album « Zoom »

Zoom, le nouvel album de Rachid Taha

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Rachid, pionnier et Roi du rock’n’ raï, est de retour avec « Zoom », neuvième album solo et nouvel épisode d’une passionnante carrière de franc tireur entamée il y a 30 ans avec le groupe Carte de Séjour.

Avec son nouvel opus, Rachid Taha et beaucoup plus lyrique et tranchant, plus rock et plus fou que jamais. Il poursuit ainsi, avec douze nouvelles chansons, la construction de sa propre mythologie, car s’il s’inscrit dans une continuité musicale qui a vu le chanteur algérien marier dès ses débuts guitare électrique et oud arabe, ce nouvel album est un Zoom avant. Avec comme à chaque nouveauté, cette volonté de poursuivre l’écriture de ce récit dont il est le héros hybride et fantasmé, un tiers Sinbad, un tiers John Wayne, et un dernier Alan Vega.

Puisque dans son monde, la Conquête de l’Ouest américain se fait par l’Est. Que les histoires de la country music et du rock’n’roll y naissent bien de l’union morganatique entre des influences africaines et européennes mais que la marieuse est arabe. Ainsi de la guitare, aux origines Perses et moyenne orientales avérées, à la Santiag des cow-boys, qui découle de la babouche, Rachid a édifié son propre mythe créatif dont il se sert pour combiner avec toujours plus d’élégance et de maîtrise les ingrédients se son art. De sorte qu’avec lui rockabilly et chaabi sont cousins au premier degré. En cela Zoom est l’aboutissement d’une démarche, d’une pensée, d’une esthétique. Avec comme symbole de cette convergence entre les deux horizons culturels dont il est lui-même le produit, la présence d’Elvis Presley et d’Oum Kalsoum sur l’album. Du roi du Rock, il fait une langoureuse reprise en duo, mêlant anglais et arabe, de Now Or Never, standard romantique adapté du célèbre O Sole Mio.

« Zoom » est d’abord un disque à base de beats primaires et de cordes millésimées où la guitare et le luth arabe, tirent brillamment leur épingle du jeu. Au punch très punk anglais de Fakir répond le classicisme d’un Galbi avec une guitare à la Duane Eddy qui associée au mandole évoque cet horizon fantasmé par Rachid où les sables du Sahara semblent se mêler à ceux du Nouveau Mexique, où Damhane El Arrachi et Hank Williams boivent de la gnole au même goulot. De cet ailleurs idéalisé, le chanteur tire l’énergie démente et dépenaillée du titre Les Artistes, dont la coda fifties porte les paroles pleines de défi d’un éternel apatride qui ironise sur son sort et invoque Kurt Cobain, Elvis Presley et John Lennon, comme d’autres prient Sainte Rita ou Saint Christophe. Désorienté de naissance, Rachid n’en éprouve pas moins une formidable capacité à renouer avec l’âme algérienne. C’est le cas dans Ouesh N’Amal, folk limpide comme l’eau d’un oued de Kabylie, et dans Ya Oumri où, rejoint par Cheba Fadela, figure historique du raï, née à Sig près d’Oran comme lui, il signe un raï dans la plus (im)pure tradition des cabarets de la corniche oranaise pour exprimer cette soif jamais apaisée de liberté.

Comme un travelling dans un film de Godard, « Zoom » est aussi un mouvement dont la portée esthétique souligne un engagement moral et politique, où Rachid Taha affirme plus fermement que jamais son style unique et son identité atypique, celle d’un derviche rockeur dont l’esprit rebelle se teinte toujours de sensualité orientale. Les albums de Rachid Taha sont disponibles sur iTunes et Amazon !

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