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Scène française

Interview de Florent Pagny

Florent Pagny

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Interview de Florent Pagny

Florent Pagny est de retour avec un nouvel album, mais comme à son habitude le chanteur nous prend à contre pied avec cet opus en espagnol. Zikeo.net est donc parti débusquer l’artiste pour lui poser en tête à tête quelques questions.

On a l’impression que cet album en espagnol, ça faisait un petit moment qu’il était prévu.
Non. Tant mieux que tu aies cette impression parce que ça veut dire que ça sonne comme quelque chose de muri. Tu dis au début que c’est un album en espagnol, mais j’avais envie de le faire espagnol, en tout cas latin. C’est le genre musical qui m’intéressait de développer, vivant depuis treize ans dans un pays d’Amérique du Sud, l’Argentine. Je me disais qu’un jour peut être, si cela m’était permis, j’irais voir si je suis capable de chanter en espagnol. Mais ça ne pourrait avoir lieu que le jour où je parlerais la langue. Avec l’anglais, je n’en pipe pas une et que je n’en aligne pas une non plus. Donc je ne me permettrais pas de faire un album en anglais. Mais treize ans après, l’espagnol est arrivé naturellement. Deuxième paramètre très important qui justifie ce projet est que le patron d’Universal France, Pascal Nègre, devient il y a deux ans le patron de tout le marché latin et il est plus facile de partir dans une entreprise comme celle-ci accompagné du patron que tout seul ! Donc il y a avait deux points importants qui me permettaient de m’engager dans un projet comme celui-ci.

Il fallait obtenir l’accord de certains auteurs compositeurs, aller chercher certains auteurs compositeurs, des « stars locales », et ça va au-delà de ça.
Avoir leur accord ou aller les chercher, il s’agit de se faire identifier et d’avoir derrière toi quelqu’un qui va produire un projet qui va prendre plus de temps qu’un album français. En France, je suis chez moi et ça prend six mois entre les écoutes et la fabrication. Le coût n’est pas aussi lourd que de se dire que l’artiste va partir un an et demi à Miami en attendant de voir ce qui va arriver. Il n’est pas sûr que quelque chose de bien puisse arriver. Il y a un véritable risque de production mais chacun a son poste et tout le monde travaille bien.

Sur cet album il y a un auteur compositeur Cubain qui vit à Paris. C’est lui le starter ?
Non, il est en parallèle avec toute l’aventure. Le starter c’est Julio Reyes qui a réalisé tout l’album. La clé d’un bon disque vient d’abord des chansons. Mais si on ne sait pas les produire, on peut passer à coté de bonnes chansons. Et je ne vous parle pas des mauvaises ! Il fallait vraiment un mec qui puisse me comprendre, qui soit aussi pointu que ce que je peux exiger après 20 ans de travail et de carrière en France où là j’ai affaire aux meilleurs. Je sais ce qu’un très bon peut apporter. Il faut identifier quelqu’un qui a ces qualités là sur le territoire latin et qui puisse traiter tous les genres musicaux que je veux choisir.

Pour nous Français, le côté latino a toujours les mêmes couleurs ? 
Quand tu es de l’intérieur tu te rends compte qu’il y a beaucoup de différences entre la pop argentine, mexicaine, vénézuélienne ou portoricaine. Quand tu commence à voir ces différences, et que tu veux les présenter toutes ensembles sur un album, il faut la personne qui puisse te le produire, qui ait la culture et le talent de le faire. En plus il vient du classique. C’est un prof de musique dans une université américaine, venant de Colombie, concertiste classique, sachant parfaitement traiter la pop, le rock et les cultures latines. La vrai clé de cet album est Julio Reyes. Après, il y a des rencontres comme celle de Raul Paz. Il est venu à un défilé de mode de Marithé et François Girbaud, qui sont des amis dont je vais tous les ans voir les nouvelles collections et qui me lookent pour mes spectacles depuis très longtemps. Je pense que Raul avait envie de se rapprocher d’eux pour trouver le look de son spectacle. Au moment des défilés, François est un peu sur une autre planète, il a du mal à communiquer. Quand ils se sont rencontrés, j’ai vu que ça ne passait pas.

Tu n’avais jamais vu Raul Paz auparavant ?
J’avais identifié Raul Paz dans un article quelques temps avant, qui avait bien suscité ma curiosité. Ce mec est bien raconté, il a un bel univers, exilé cubain vivant à Paris depuis 18 ans. En même temps, les gamins commençaient à me parler de lui. Quand il arrive ce jour là, je le regarde en lui demandant s’il a un disque. Il me répond que oui et je lui dis : « Donne le moi. Pour l’instant François va dire bonjour à tout le monde, il ne va pas pouvoir écouter ». Je suis parti dans la voiture et je l’ai écouté. Dans la demi heure qui suivait j’appelais François et lui disant « Lui tu peux l’habiller, il est bon, c’est un univers magique, génial. Vas-y, moi je vais aller voir le spectacle et je pense que j’ai des choses à lui proposer ». Je suis allé le voir sur scène et après derrière. Je lui ai dit que je préparais un album en espagnol, et je lui ai demandé s’il avait des chansons à me faire écouter. Il m’a demandé qu’on passe une journée ensemble, ce qui était la moindre des choses. Ça me plaisait aussi de le rencontrer et de le connaitre un peu plus. Le courant est très bien passé, il est entré chez lui le soir et a écrit le single « C’est comme ça ». Il était très inspiré de ce que j’étais et de ce que je lui ai envoyé pendant cette journée. Il m’a parfaitement cadré, il m’a vu à ce moment de ma vie, avec ce bilan que je peux faire et le côté un peu cool de ce que je vis et il l’a bien retranscrit. Il est même allé plus loin puisqu’il a écrit sur l’album « Me siento bien », qui est une pure merveille, et qui raconte l’histoire d’un mec qui est bien partout, il se réveiller il est bien, il ouvre les volets tout va bien… On lui sourit et on l’embrasse, c’est encore plus formidable. Il retourne se coucher pénard et tout ça sans jamais penser à la mort. Il m’avait parfaitement cadré encore une fois. Raul Paz, deuxième personne importante sur cet album.

Est-ce que tu as eu des sensations en tant qu’interprète ? Ça donne quand même un sentiment différent la langue espagnole.
Oui, oui, ça donne même un son différent. C’est pour ça que je m’amuse bien en interprète, et que je me suis vraiment positionné en interprète. Un jour j’ai réalisé que je n’avais pas qu’une belle voix, j’en avais plein, que je pouvais vraiment m’amuser avec cette voix, aller explorer des genres et des styles différents et peut-être que je ne me débrouillais pas si mal dans plein de trucs différents. Quand tu as cette multichance que la nature t’a donné, tu te dis « comment voir jusqu’où je suis capable d’aller ? ». A chaque fois que je m’embarque dans des choses différentes, ça m’amène des sons et des timbres différents. La seule chose qu’on me demande et que ça soit joli et que ça sonne bien. Je m’amuse à partir dans des aventures comme Baryton ou l’hommage à Jacques Brel mais là je me dis que le côté latino… Je me laisse toujours la permission d’essayer. Avec Universal, on peut quand même essayer de produire deux ou trois titres pour voir si c’est bon. Si ce n’est pas bon on n’y va pas.

C’est un luxe qu’un artiste obtient avec les années ?
Après 20 ans, je peux me permettre d’essayer et voir si a marche ou pas. Jusqu’à présent, à chaque fois qu’on s’est engagé dans un projet un peu bizarre et atypique, ça a toujours fonctionné. Je croise les doigts, j’espère que ça continuera comme ça. 6/ Il y a un côté « sans pudeur » chez les Espagnols ou les Sud Américains. Il y a moins de pudeur que chez nous, ça permet de chanter d’autres registres et d’autres genres, de pouvoir s’embarquer dans des mélodies un peu plus sirupeuses. Je m’épanouis complètement à chanter dans ces registres. J’avais cette facilité que j’ai dû un peu repoussée, parce qu’en France tu te fais vite dénigrer quand tu en fais un petit peu trop. Chez les Latins, c’est l’ovation, quand tu envoies des notes tenues tout la haut, ils sont comme des fous. Ici il y a toujours quelqu’un qui dit « moins fort et moins long ». C’est la différence qu’il peut y avoir. Dans l’écriture aussi. Par contre là j’ai continué à avoir l’exigence que j’ai sur les textes français, je dois pouvoir assumer ce que je chante et ce que je raconte. Il faut que je m’y retrouve. C’était une vraie difficulté parce qu’eux sont dans le premier degré, sur le coté cocu de l’histoire, ou trop amoureux et un peu béta. Cette sélection naturelle se faisait sans avoir à transformer les chansons ou à en modifier les paroles. Soit c’était bon soit ce n’était pas bon, ça permettait de faire un choix. J’aime bien choisir sur une première écoute et me dire que ça le fait tellement tout de suite que ça doit encore pouvoir marcher plus tard.

LES ALBUMS DE FLORENT PAGNY SONT DISPONIBLES ICI

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