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Aufgang

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C'est en l'an 2000 que Rami Khalifé et Francesco Tristano se rencontrent à New York, où tous deux étudient le piano à la très prestigieuse Juilliard School. Fréquentant les clubs (au moins) aussi assidûment que les cours, les deux compères se lancent en marge de leur cursus classique dans un apprentissage passionné de la musique électronique – en particulier la house, dont New York est l'un des plus brûlants foyers. Bientôt ils commencent à jouer ensemble et pratiquent d'emblée un détonant mélange des genres, en rupture radicale avec les sectarismes de tous poils.

Les choses se précisent un peu plus en 2001 lorsqu'Aymeric Westrich, musicien (batteur de formation) issu du même conservatoire que Rami, se rend à NewYork et, guidé par ses deux amis, s'immerge dans la musique électronique. Les trois scellent alors leur union, au nom d'une attirance commune pour l'expérimentation sans limites. Le groupe va demeurer en suspens pendant un certain temps, durant lequel chacun poursuit son chemin de son côté. Fils d'un célèbre compositeur libanais, Rami donne de nombreux concerts à travers le monde, aux côtés de son père ou avec d'autres formations, publie deux albums de musique classique et travaille pour le cinéma et la danse. Opérant dans la sphère hip-hop en tant que compositeur et producteur, Aymeric exerce également ses talents de batteur au sein de Cassius, en pleine euphorie french touch.

Considéré comme l'un des pianistes les plus doués de sa génération, Francesco publie plusieurs enregistrements très remarqués (notamment les Variations Goldberg de Bach, en 2001) et remporte une belle brassée de prix. Sa carrière prend une nouvelle direction en 2007 avec la parution de Not For Piano : post-produit par Fernando Corona (alias Murcof), le disque transcende les barrières stylistiques et contient trois frappantes reprises de standards de la musique électronique (dont l'hymne The Bells de Jeff Mills). Poursuivant toujours plus loin ses investigations, Francesco s'associe ensuite avec Moritz Von Otzwald – légendaire sorcier du son berlinois – pour signer Auricle Bio/On, captivant disque hors-norme, sorti sur InFiné en novembre 2008 et constitué de deux plages d'une vingtaine de minutes chacune.

L'acte de naissance officiel d'Aufgang intervient en juin 2005, à l'occasion d'un concert barcelonais dans le cadre du fameux festival Sonar. Les circonstances ayant amené à ce concert méritent d'être dévoilées : lors d'une soirée dans une galerie barcelonaise, Jeff Mills et l'un des programmateurs du Sonar assistent à un récital de Francesco. A la fin, celui-ci est rejoint par Rami et tous deux se lancent dans une interprétation débridée de The Bells. Jeff Mills s'enthousiasme. Quant au programmateur du Sonar, il sait ce qui lui reste à faire… Arrive le jour J : chauffé à blanc après cinq nuits de répétitions intensives, le trio livre une performance explosive et suscite l'enthousiasme d'un public averti. A partir de ce moment-là, l'aventure va continuer de plus belle.

Dopés par l'énergie de ce concert inaugural, Francesco, Rami et Aymeric s'attachent à structurer leurs morceaux et à forger un langage original, à la croisée de l'acoustique et de l'électronique. Nourrie d'influences diverses et irriguée par le flot impétueux de l'improvisation, leur musique est de celles qui refusent obstinément de se laisser catégoriser : elle cherche avant tout à vibrer et faire vibrer – et envoie gaiement valser les étiquettes. « Ce n'est ni de la techno acoustique ni de la musique classique assaisonnée à la sauce électronique, façon Wendy Carlos », précise Francesco qui, gardant bien Fluxus à l'esprit, rappelle que « le piano est aussi une machine : c'est une grosse boîte avec un mécanisme à l'intérieur ». En utilisant ses pianos comme des machines et en les confrontant à d'autres machines, à commencer par la batterie, Aufgang parvient à générer une musique aussi étonnante que puissante.

Foncièrement organique, cette musique se révèle pleinement sur scène, où elle peut faire des ravages, comme ce fut le cas, par exemple, aux Transmusicales 2007 et lors du festival de Venlo (Hollande) en 2008, les milliers de spectateurs présents réagissant au quart de tour. De la communion collective à l'écoute individuelle, du dancefloor au salon, la musique d'Aufgang se caractérise également par son caractère évolutif : sans cesse retravaillé, chaque morceau peut passer par de nombreux états. Une fois enregistré et gravé, il ne s'arrête pas de vivre, bien au contraire. Cette aptitude à l'improvisation et à la réinvention transparaît clairement sur le premier album d'Aufgang qui sort sur InFiné/Discograph le 31 août. Le disque, dont le mixage a été assuré par François Baurin (véritable quatrième membre du groupe), succède à l'épatant maxi Sonar – qui comprend deux redoutables remixes signés Spitzer et Krazy Baldhead – paru en début d'année. Fruit d'un long processus de maturation – près de quatre ans -, l'album reflète parfaitement la créativité d'un trio en complète osmose.

Empreint de nuances multiples – de la musique contemporaine à l'electro, en passant par le post-rock – l'album témoigne d'une audace et d'une liberté de jeu exaltantes, assez comparables à celles des Battles, autre groupe kamikaze surgi ces dernières années. Jusqu'où ces jeunes gens peuvent-ils aller ? Une chose est sûre : dès Channel 7, échevelé morceau d'ouverture qui éveille le bondissant souvenir du mythique Jaguar de Rolando, on sent que cet Ascenseur (Aufgang, en allemand) va nous emmener très haut…

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