Scène française
Interview Chimène Badi
Interview Chimène Badi
A l’occasion de la sortie de son nouvel album, baptisé « Laisse les dire », Chimène Badi a eu la gentillesse de se confier dans une interview pour Zikeo. Découvrez là dès aujourd’hui….
Quatrième album, presque autobiographique non ?
C’est la moitié de moi-même, c’était le but. Pour ce 4ème album, j’avais besoin d’utiliser la musique comme je l’avais rêvée au départ, telle un exutoire. J’avais vraiment une envie de liberté à travers la musique. C’est pour cela que j’ai besoin de la musique, mais je ne l’ai jamais vraiment assumé. Quand on sort son premier album, on se laisse toujours diriger, surtout quand on est jeune. Au fur et à mesure, des choses naissent en toi, tu as des choses à exprimer. C’était important que cela m’arrive enfin ; c’est pour cela que je me sens réellement accomplie avec cet album.
100% investissement au niveau de la réalisation, l’arrangement, et co-écriture pour la première fois.
Pour la première fois, mais pas pour la dernière j’espère. Finalement, il s’agit d’essayer de savoir ce que mon public pense de ce que je pense moi. C’était un moyen de me livrer. Je voulais que mon public me connaisse réellement, qu’il sache vraiment à qui il a affaire. J’ai l’impression qu’il est passé parfois à côté de ma personnalité. Cet album, c’était l’occasion de me livrer, afin de laisser sortir des choses importantes et révélatrices.
Avec le single Laisse-les dire, qui est aussi le titre de l’album, qu’est-ce qui s’est passé pour que vous disiez ces choses ?
C’est une chanson très importante que j’ai acceptée immédiatement. Le thème était proche de mon état d’esprit du moment. C’était une manière de dire que tout ce qui a été dit de façon difficile sur mon sujet, toutes ces médisances, ces incompréhensions par rapport au fait que j’existe dans le monde de la musique, tout ça a été difficile à accepter, surtout quand on est jeune et qu’on est propulsée sans comprendre ce qui nous arrive. C’est toujours un peu plus difficile à gérer. Ça m’a empêché de vivre de très beaux moments à 100%. En m’arrêtant, en faisant un break, en me reposant mentalement, ce dont j’avais besoin, j’ai pu analyser ce qui m’était arrivé. Je me suis rendue compte que j’ai loupé de très belles choses et je ne voulais pas reproduire ça. La musique est importante pour moi. C’est à travers la chanson « Laisse-les dire » que je raconte tout ça. A un moment donné, il faut dire à ceux qui ont envie de l’entendre que ce genre de critiques au ras des pâquerettes ne me fera plus de mal. Si ça m’arrive de nouveau, je serais terriblement déçue de moi-même.
Qu’est-ce qui est le plus blessant ?
Quand on est jeune et qu’on n’est pas bien dans ses pompes, c’est certainement les critiques sur mon physique. Je crois que ça a été le plus dur. Me juger sur mon travail, ma musique, je crois que c’est tout à fait acceptable, c’est constructif et ça m’aide à avancer. Ça me booste, ça m’aide à me dépasser. Par contre, quand tu es jeune, que tu n’es déjà pas bien dans tes pompes, et qu’on te le fait ressentir sous les lumières du monde de la musique, c’est beaucoup plus difficile à gérer, et ça peut t’abimer.
Maintenant, c’est une nouvelle vie qui commence ?
J’ai même envie de dire une renaissance. J’ai le sentiment que tout ce que je suis en train de vivre aujourd’hui, la création, le lancement d’un album, la promo… je revis tout ça avec un sentiment assez neuf et c’est agréable. Ce n’est pas ce que j’ai ressenti la première fois où j’ai sorti un album. J’arrivais avec des choses plein les yeux, je ne comprenais pas trop ce qui se passait, et j’étais un peu effrayée. Là avec ce nouvel album, j’assume complètement ce qui se dit, je me sens bien dans mes pompes et dans ma personnalité, je me sens bien dans ce que je véhicule. C’est agréable de vivre le lancement d’un album dans un état d’esprit pareil. C’est quelque chose que je n’ai jamais vécu.
Tu t’es offert les services d’un réalisateur de musiciens américains. Paradoxalement, il a du découvrir le français, et il t’a guidé au niveau de la voix ?
Oui. Quand on a décidé de faire un album très proche de moi, on en a parlé avec mon directeur artistique et il m’a parlé de Scott Jacoby, le réalisateur de cet album. Il m’a proposé une rencontre et j’ai accepté, j’aime l’idée de rencontrer des personnes avec qui je pourrais travailler. Ça a été une très belle rencontre. Il est venu chez moi, dans mon salon à Perpignan. Quand il est entré dans mon salon, j’avais le sentiment qu’il apportait un sac à dos rempli de belles choses, que des choses qui pourraient beaucoup m’apporter. Je ne me suis pas trompée. Au fur et à mesure de cet après midi où on a appris à se connaitre, je me suis sentie super bien, je me suis sentie artiste. C’était une sensation étonnante. Il s’adressait à moi, il me posait des questions, me demandait ce que j’avais envie d’entendre musicalement, là où j’allais me sentir réellement moi. Ça a été un moment super et je l’ai suivi. Je ne le regrette pas. Je suis sortie grandie de cet album, j’ai beaucoup appris sur la musique.
On a l’impression que tu cherches la passerelle entre la variété et la soul, tu peux citer aussi bien Jacques Brel que Stevie Wonder.
Tu as complètement raison. C’est ce qui s’est passé pour cet album. C’est la rencontre de deux univers musicaux. J’ai baigné dans la variété avec maman, qui écoutait du Piaf, du Brel, du Aznavour, et dans la soul, le Rythm & Blues, le gospel avec papa. Ces sonorités là ont plané dans ma tête tout au long de mon adolescence jusqu’à aujourd’hui. Je me demandais comment faire pour les associer et livrer quelque chose de respectueux et de sincère au public. Je voulais quitter un peu ce côté marathonien, ce côté envolée musicale à cœur ouvert, qui m’a beaucoup plu et dans lequel je me suis bien amusée mais qui m’a lassé. Je voulais arriver à quelque chose de plus proche de mon for intérieur. Je pouvais le trouver là dedans. C’est pourquoi j’ai essayé d’associer tout ça, et ça reste en osmose, c’est quelque chose qui ne me trahit pas.
Un des titres a été écrit par Grand Corps Malade, tu dis « Merci public » ?
Oui, c’est dire «merci pour tout» au public. Toutes les plus belles choses que j’ai vécues dans ma carrière sont dues à mon public. Ils m’ont offert la chose la plus belle qui existe, la plus naturelle à donner, l’amour. J’ai un profond respect pour mon public, je les aime réellement. Je les côtoie de manière très proche, certains ont même mon numéro de téléphone. J’ai un profond respect pour eux, ils ont un profond respect pour moi. Je fais tout en fonction de mon public et de moi, concernant ma carrière. Je ne veux en aucun cas les trahir. Ils m’ont toujours respectée, portée à bout de bras, je n’ai pas envie de me jouer d’eux. Il n’y a rien de plus flagrant. Le public voit tout.
Qu’est-ce qui a pu te surprendre de la part de ton public ?
Qu’ils ne me jugent pas. C’est ce qui est surprenant, des gens qui t’aiment et qui ne te jugent pas. Parfois tu n’es pas bien et tu n’as pas le sourire. Les gens te croisent dans la rue, et ils croient que ta vie est très facile, que tu as tout en claquant des doigts. Quand on fait la gueule parce qu’on a des emmerdes comme tout le monde, les gens te jugent et pensent que tu es prétentieux. J’ai jamais vécu ça avec mon public, ils ont tout compris sans même que j’ai à leur expliquer. C’est une relation exceptionnelle que je ne vis avec personne d’autre. C’est quelque chose que j’ai envie de garder. Comment les remercier si ce n’est en musique? Je ne vois pas une meilleure manière de le faire.
Il y a un titre qui est presque l’expression d’un malaise, Septembre 94. Chimène entre en classe de sixième. Que s’est-il passé ?
C’est l’horreur. Quand tu rentres en 6ème, c’est un grand chamboulement. Je venais d’une classe unique dans une ville de campagne, avec un seul instituteur et des petites habitudes de famille. Quand je suis arrivée au collège, j’avais une personnalité assez complexe. Je n’avais pas une facilité pour aller vers les autres. J’acceptais que les autres viennent vers moi, mais j’étais un peu refroidissante. Je me suis donc vite sentie seule et perdue dans cet univers là. Je ne me sentais pas à ma place. Mes années collège n’étaient pas les meilleures, je me suis beaucoup plus éclatée au lycée. Quand tu grandis, tu penses toujours que le monde des adultes sera plus facile. Je me suis rendue compte que c’est pire. Le monde des adultes est encore plus compliqué que celui des enfants. Ça m’a remis en plein dedans cette époque où je rentre en 6ème et c’est un chamboulement. J’ai associé ce monde d’adulte et ce monde d’enfant et ça m’a donné envie de faire cette chanson. Finalement, ce sont de vieux démons qui se sont amplifiés au fur et à mesure des années, avec le fait d’évoluer dans un monde compliqué. C’était une manière de tourner la page, et d’épauler de jeunes ados qui rentreraient en 6ème et qui vivraient la même chose. J’espère que je ne suis pas la seule à avoir vécu cela, ça serait triste.
Quel rendez-vous avec le destin ! Tu as failli être inspecteur d’hygiène dans la restauration.
Oui.
Tu te projettes comme ça, une Chimène pas du tout dans la musique ?
J’aurais été malheureuse. Ma personnalité est comme les montagnes russes, parfois ça va, parfois ça va moins bien, je suis un peu cyclotimique. J’aurais été triste, mais mon père voulait que j’assure mes études. Il était derrière, il fallait que je sois sérieuse. J’ai choisi de me diriger vers ça parce que ça me plaisait d’aller fouiner et de voir si on était sérieux dans ses cuisines. Aujourd’hui, je me vois beaucoup plus à ma place d’artiste que dans une place d’inspecteur d’hygiène.
On peut t’imaginer un peu dans le futur. Je sais que tu as eu des propositions au cinéma. Ça t’attire ? Qu’est-ce qui t’attire, quelles sont tes références ?
Ce qui m’attire au cinéma, c’est interpréter de manière différente. Dans la musique, tu interprètes une chanson, un texte. Dans le cinéma, c’est un peu similaire, tu joues un rôle. C’est surtout ça qui me plait. J’aime beaucoup les comédies et les films romantiques. Si on me proposait le rôle d’une fille complètement cinglée à la Nikita, tout le contraire de ce que je suis, j’aimerais faire ça. J’aimerais interpréter un rôle complètement différent de ce que je suis.
Tu craquerais pour un rôle comme ça ?
Oui je pense. Jouer une nana barrée, pour me voir dans autre chose que l’image à laquelle on m’a toujours associée, une fille profonde, mélancolique… C’est vrai que je suis quelqu’un de nostalgique, mais je suis aussi hyper vivante et dynamique. J’aimerais que cela ressorte aussi.
A l’époque, tu avais travaillé avec Michel Sardou, et tu disais que votre point commun c’était votre « grande gueule ».
C’est vrai !
On est un peu étonné. En quoi es-tu grande gueule ?
J’ai parfois besoin de me faire entendre et je le fais. Je suis un être humain comme tout le monde. On a tous nos coups de gueule, envie de se faire entendre et respecter quand il le faut. Je ne pense pas le faire à outrance, je ne pense pas être une grande gueule dans l’âme. Mais j’aime bien me défendre quand il faut que je me défende.
Ton dernier coup de gueule, c’était quoi ?
Ça fait longtemps. C’était avec mon copain.
Quand ça ne va pas, ça ne va pas.
Je suis très dure. Il a l’intelligence de partir et de revenir quand je suis calmée. Quand je suis en colère, je suis en colère, je ne fais pas semblant. Je n’arrive pas à faire semblant, dans aucun de mes sentiments. Je fais tout à fond. Quand j’aime quelque chose, je vais le montrer à 200%, c’est la même chose quand je suis très en colère. Je n’arrive pas à faire semblant, je ne peux pas me retenir.
Il y a cet album, une tournée, et un retour à l’Olympia. Il y a eu un album à l’Olympia déjà ; tu as vécu ces sensations. C’était ton rêve ? Quelle est ta sensation par rapport à l’Olympia, qu’est-ce que ça représente maintenant que tu l’as vécu ?
Ça représente un endroit où les plus belles voix, les plus belles âmes, les plus beaux interprètes sont passés. C’est un endroit où tu as une énorme pression. Dans mon cas, je me demandais si j’avais ma place sur cette scène. J’ai abordé l’Olympia comme ça le premier soir. C’est dommage, parce que je ne l’ai pas apprécié. J’ai beaucoup apprécié les deux soirs qui ont suivi, mais le premier soir j’étais dans cet esprit. C’est dire à quel point les doutes malsains ont pu m’attaquer à ce moment là. L’Olympia, c’est exceptionnel, les sensations sont inqualifiables. J’avais juste envie de m’enfuir au dernier moment, tant je trouvais qu’il était insensé que je puisse faire l’Olympia. C’était mon état d’esprit le premier soir.
Au niveau de la scène, est-ce que tu as l’impression de t’être lâchée ? Il y a un titre sur l’album qui va peut être surprendre quelques fans, c’est le duo avec cette Américaine. On a l’impression qu’on a lâché les chevaux et qu’on est dans un univers qui te correspond vraiment.
Il faut se faire plaisir.
Un mot sur cette Américaine ?
Maiysha a une voix exceptionnelle, j’espère qu’on me rejoindra à ce sujet là. C’est une vraie présence et une vraie voix. Il se passe quelque chose avec cette fille. On m’a proposé une idée de duo et j’ai dit oui. Je trouve l’idée intéressante de faire découvrir à mon public un duo un peu différent de ceux de d’habitude. J’ai rarement chanté avec une femme; j’ai plus souvent chanté avec des hommes, ce que j’ai énormément apprécié. Mais j’ai trouvé ça sympa de m’entendre chanter avec une gonzesse, qui en a vraiment. C’était sympa de chanter avec une fille qui pouvait même me faire flipper. Ça te permet de te rendre compte que tu ne peux pas rester sur tes acquis, tu es obligée de te dépasser, de donner de ton côté. C’est toujours une sensation sympa. Comme un sportif en compétition, j’ai ressenti cette adrénaline avec Maiysha. Mais c’était sain, parce que j’étais très contente de partager ce duo avec elle. En même temps j’avais envie d’être à la hauteur du duo. C’était un très bon moment, un moment un peu plus relâché, un titre un peu moins engagé.
Le traitement de ta voix est très proche, avec très peu d’effets. On a la sensation que tu te projettes très vite sur la scène.
C’est un album qui appelle la scène, qui a été pensé pour ça. Je voulais des titres qui puissent m’apporter un côté pêchu sur scène, parce que j’ai besoin d’avoir des spectacles un peu fougueux. Je suis un peu « rentre-dedans » sur scène. Musicalement, j’ai besoin de ce genre de titres pour m’éclater, et pour ouvrir à mon public une nouvelle facette de moi, qu’il ne connait pas forcément. C’était un peu dans ce but là. Je voulais aussi chanter d’une manière moins marathonienne, c’était une évidence.
Une sensation de bien être et d’apaisement ?
Oui, je ne voulais pas rester sur ce que j’avais fait précédemment, je trouvais que c’était trop facile, qu’il fallait prendre des risques. C’est toujours sympa d’avoir le trac, de douter de soi, toujours de manière saine bien sûr. Il y a douter de soi d’une manière saine et logique, et douter de soi d’une manière malsaine où on ne s’apporte que du négatif. Je suis assez sereine vis-à-vis de cet album, parce que j’ai le sentiment réel qu’il n’y a que du naturel, de l’honnêteté et de la spontanéité dans cet album. Ce n’est pas surfait, c’est juste honnête.
-
Télé / Cinéma1 semaine avant
Miss France 2025
-
Télé / Cinéma1 semaine avant
Soirée spéciale Grand Corps Malade sur Culturebox
-
Télé / Cinéma6 jours avant
« Multitude Le Film » : Le concert événement de Stromae
-
pop-rock1 semaine avant
« The Rocket Man – A Tribute to Sir Elton John » de retour en France
-
Scène française1 semaine avant
Étienne Daho Show à l’Accor Arena
-
pop-rock1 semaine avant
Chiara Pugliese réalise l’affiche officielle du Paléo 2025
-
pop-rock7 jours avant
Les Lovebugs annoncent leur retour avec l’album « Heartbreak City »
-
pop-rock6 jours avant
Le grand final de Shaka Ponk diffusé au cinéma