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Empyr Unicorn

Le nouvel album album d'Empyr Unicorn

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Empyr <i>Unicorn</i> 4

Après un premier album très réussi, « The Peaceful Riot », le groupe français Empyr est de retour avec un nouvel opus baptisé « Unicorn », à paraître à l’automne 2010.

Les habitudes sont, quand même, de sales petites choses. Elles ont parfois la vie dure. Elles peuvent faciliter les processus. Elles peuvent aboutir sur un excellent album comme « The Peaceful Riot », premier essai d’Empyr paru en 2008. Mais les atavismes de songwriting, les inerties sonores peuvent, également et dans le même temps, aliéner la créativité de garçons bourrés d’idées, freiner une inventivité qui n’a besoin que de quelques secousses pour donner sa pleine ampleur. Empyr, c’est dans le désordre Benoît Poher, Frédéric Duquesne, Benoit Julliard, Florian Dubos et Jocelyn Moze. Des garçons qui ont fait partie ou font partie, dans le désordre, de rutilantes machines comme Watcha, Kyo, Pleymo ou Vegastar. Un passé aussi riche laisse forcément quelques traces : les réflexes et automatismes ont d’abord eu le cuir un peu épais. Empyr, à l’aube de « The Peaceful Riot », était certes un groupe neuf, mais son identité n’était pas une page tout à fait blanche.

« On s’est rendu compte que « The Peaceful Riot » avait été un moyen pour nous d’évacuer toutes les frustrations, toutes les envies qu’on avait en nous depuis des années dans nos groupes respectifs. C’est un disque qu’on adore, on s’est bien éclatés, mais on s’est rendu compte a posteriori qu’il est un peu connoté, marqué par les codes des groupes qu’on écoutait tous dans les années 90. De la musique contemplative, progressive, très rock, métal -une petite partie seulement de tout ce que l’on écoute. Et ces limites, on a les ressenties assez vite, notamment en concert : on a compris qu’on préférait quand les choses étaient plus pêchues, plus dynamiques. » Ceci expliquant sans doute un peu cela, Empyr n’a donc pas, avec le pourtant déjà large « The Peaceful Riot », encore eu la chance de montrer son vrai visage. La facilité et des écoutes trop superficielles ont voulu cantonner le groupe à l’horizon réduit d’un rock sombre et aux atmosphères métal ? C’est mal connaître les garçons, dont les horizons sont aussi larges que la musique moderne. On pourrait ainsi lister à la Prévert les groupes et artistes qui nourrissent, consciemment ou par lointaines réminiscences, les esprits remuants des cinq garçons en interview, on entend aussi bien parler de Beirut que d’Editors, de Deftones que de Damon Albarn, de M.I.A. que de Feist, de Beck que de Apparat.

Mais l’influence principale du groupe ne porte finalement pas de nom en particulier. Elle réside dans son ouverture absolue, dans sa sensibilité à tout ce qui titille ses synapses ; l’influence principale d’Empyr est, finalement, Empyr lui-même. Encore fallait-il le prouver. Par envie de changement, pour inventer, justement, le moyen de mieux articuler ses univers et goûts multiples et pour aller chercher des noises aux groupes platinés avec lesquels il se sait capables de rivaliser, le groupe a dû effectuer sa révolution intime. Pas une petite, et plutôt radicale la révolution. Car armés de l’admirable courage de ceux qui n’ont peur que du surplace, ils ont littéralement tout cassé pour, évidemment, mieux reconstruire. Contre la démocratie totale des groupes trop cimentés et parce qu’ils ont souvent abandonné la guitare comme base de composition, les garçons ont trouvé une formule qui démultiplie les idées de tous sans les niveler par le bas, un modus operandi permettant d’échapper aux compromis castrateurs.

Lors de ses sessions d’écriture et de maquettage de « Unicorn » en Bretagne, étalées sur un an en 2009, le groupe a ainsi composé et enregistré en petits modules, en pièces de puzzle, en surprises et contre surprises. Un pour tous, tous pour un : chacun ses inventions, chacun ses aspirations, avant d’enrichir collectivement les parties morcelées et de reconstituer le tout avec la cohésion naturelle de types dont la confiance de groupe est devenue indéfectible. « On a voulu désapprendre, tout déconstruire. Il a fallu casser pas mal de choses, de réflexes et de facilités, notamment en termes d’écriture -et ça n’a rien de facile. Contrairement à « The Peaceful Riot »2, on n’avait pas vraiment de morceaux déjà écrits avant de commencer à bosser sur Unicorn, pas de direction précise non plus. Ca nous a, d’une certaine manière, totalement libérés : on a pu beaucoup plus jouer, tester des trucs, créer des accidents. Comme l’utilisation d’un mini drum kit électronique, découvert en studio, qui a largement modifié notre conception de l’album et du son. It’s Gonna Be, par exemple, est parti d’un synthe
et de beats, le reste a été construit autour de cette base -une manière de faire assez nouvelle pour nous. C’est le morceau fondateur de l’album : il a excité tout le monde et nous a conforté dans notre démarche.
« 

Changement ? Mot faible. Produit comme son prédécesseur par Ken Andrews (Black Rebel Motorcycle Club, Nine Inch Nails, Beck…), enregistré en plein hiver au studio ICP de Bruxelles, Unicorn sonne, le groupe l’admet, l’assume et l’a voulu, plus britannique, plus pop, plus léger, plus lumineux et surtout bien plus sensuel que « The Peaceful Riot », qui lui, paradoxe, avait lui été enregistré sous le cagnard d’un été de Los Angeles. Pas de méprise cependant. Car la rage d’Empyr ne s’est pas affadie, la puissance nucléaire des cinq garçons réunis ne s’est pas évanouie, les guitares n’ont pas été rangées au placard. Bien au contraire. Elles ont simplement changé de camp, sont passées du fusain sombre au soleil brûlant. Elles ont été intégralement dérivées vers les suspensions à la dynamique extraordinaire de chansons hybrides, génétiquement modifiées, entre uppercuts électriques, beats euphorisants et électronique rondelette. « Sur The Peaceful Riot, on était plus dans les ambiances que dans les chansons. On avait multiplié les couches, les guitares, les effets. Pour Unicorn, on voulait moins d’éléments -mais on voulait des éléments plus impactants. On voulait aussi des formats plus concis. Au niveau des textes, ça a également énormément changé. Tout simplement parce que tout va bien dans nos vies. Il aurait été impossible de retourner dans des choses torturées, de faire semblant : ça n’aurait pas fonctionné, ça aurait sonné faux. Les paroles sont plus catchy, avec des formules simples, elles sont plus légères, plus festives, plus lumineuses -ça parle de joie de vivre, de beaux moments, d’amour positif, de cul. » Le résultat ? Un disque bien plus fidèle à l’esprit de ces cinq garçons joyeux qui n’arrêtent pas, un instant, de se marrer. Un album chaud, énergétique, hédoniste, optimiste. Un disque charnel, aphrodisiaque, presque érotique -la Licorne fantasmatique choisie par le groupe a, dans les vieilles mythologies, la réputation d’accélérer la fusion des corps et d’affûter les désirs. Un disque puissant, souvent, un disque bricoleur, régulièrement, un disque agile, toujours. C’est, d’une certaine manière, un disque anticrise : fait grâce au plaisir et pour le plaisir, il se danse sur des dancefloors rugueux, s’écoute en pleins ébats, fait se secouer les chairs dans des salles de concerts incandescentes.

L’attaque se fait en force, avec It’s Gonna Be, premier de ces hits potentiels. Un lancinant appel à la joie instantanée, un son énorme comme le Texas, un équilibre impeccable entre électro et rock, des mélodies vives et enragées comme un félin furax. Plus loin, dans un mix similaire de rythmiques survitaminées, de guitares tranchantes, de basses enveloppantes et de voix acrobates, la tonitruantes Do It ou la très nerveuse Happy and Lost provoquent le même effet d’antidépresseur immédiat, donnent envie de danser au plafond, de partir à la conquête du Monde, de galoper vers les étoiles, de jouir sans entrave. La pop très très power d’Helena ou de Souvenir, leurs cathédrales sonores, leurs guitares rugissantes et leurs mélodies vocales indécollables pourraient, quant à elles, recoller un fier sourire aux babines de tous ceux qui pensaient avoir fait le tour du rock qui fait jouir. La grande Quiet pourrait faire rougir les Pixies, la romantique Still Here va chercher ses airs merveilleux et la brillance de sa production dans les étoiles. Le deuxième album d’Empyr est une collection de tubes dont l’évidence frappe fort. Dès la première écoute. On parierait nos deux mains que les ondes FM et les scènes internationales chavireront en quelques coups. C’est le rêve d’un groupe qui s’est donné les moyens pour, et ce sera justice.

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