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Interview Diam’s

Interview Diam's

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Interview Diam's 4

Diam’s rappe mieux qu’elle ne parle. Voilà pourquoi elle préfère la scène aux interviews, son public aux journalistes. La meilleure preuve ? L’interview qui suit, celui d’une artiste à cœur ouvert, sans tabous, en phase avec ses émotions. Une interview virtuelle et inédite réalisé au travers des textes de ses chansons.

On ne t’a pas entendu depuis un moment. Que s’est-il passé dans ta vie ? Es-tu Diam’s ou Mélanie ?
« Ils ont dit que j’étais morte, ils ont dit que j’avais péri, Je vous réponds que je suis forte, que je suis guérie (…) Si je perds pied, c’est que j’en ai marre qu’on nous conjugue. Et si Diam’s a perdu des amis détracteurs, sachez que Mélanie n’a pas perdu son cœur« . (extrait du titre Mélanie)

Le premier single de ton nouvel album est dédicacé aux enfants d’Afrique et d’ailleurs, ceux que tu appelles « Enfants du désert »…
« Je suis sortie de ma bulle, j’ai pris le temps de regarder le monde et d’observer la lune. Donc voici la nouvelle Diam’s, en paix avec elle-même. Bah ouais mec, faut être honnête ! Mes troubles m’ont rendue poète. Au point qu’on mette à ma dispo de quoi me doucher au Moët... C’était soit l’humanitaire, soit tenter d’être billionaire… Dans cette course au succès, je crois que j’ai connu l’enfer, je préfère que ça parte aux enfants du désert, car je n’emporterai rien sous terre. (extrait du titre Enfants du désert)

Tu nous racontes ce qui s’est passé depuis « Dans ma bulle » et la méga tournée qui a suivi ?
« En 2006, je suis sur scène avant la sortie de l’album. Quand les médias me dégomment, le public est mon atoll. Auprès d’eux je me sens mieux, à leurs yeux je suis BIG, alors je fais de mon mieux pour pas devenir droguée et VIP« , « Boostée par DJ Dimé, partout même dans les stades …Avec le cœur, je fais du rap et je m’éclate avec la foule » (extrait du titre I’am somebody)

Tu te sens comment aujourd’hui après avoir vécu cela ?
« A l’approche de la trentaine, j’appréhende la cinquantaine, mais seul Dieu sait si je passerai la vingtaine. Mon avenir et mes rêves sont donc entre parenthèses, à l’heure actuelle, j’ai mis mes cicatrices en quarantaine. Qui l’aurait cru, moi la guerrière, j’ai pris une balle en pleine tête, une balle dans le moral, il paraît que j’ai pété un câble. Paraît que j’ai fait dix pas vers Dieu depuis que j’ai sombré, paraîtrait même que je vais mieux depuis qu’on m’a laissée tomber. Car c’est comme ça dans la vie, quand tout va bien t’as plein d’amis. Puis quand t’éteins, t’entends une voix qui dit ‘Tu es seule, Mélanie’« . (extrait du titre Si c’était le dernier)

On comprend que ce qui t’es arrivé est un peu le résultat de la sur-médiatisation et du coté people qu’on donne aux artistes ?
« Je les regarde qui bataillent pour sortir du noir, y connaissent pas la taille des problèmes que t’apporte la gloire, Une épée de Damoclés au-dessus de la tête, On ne sort jamais indemne de la réussite ou de la Tess » (extrait du titre Si c’était le dernier) « J’ai retrouvé mon honneur, un bonheur sans limite, loin des heurts du showBizz, et de ce monde sans mérite » (extrait du titre l’honneur d’un peuple)

Mais toi qui a suscité tant d’amour et de ferveur chez les jeunes, tu ne te sens pas leur porte-parole ? Un modèle à suivre ?
« Les plus grandes stars de ce pays ne sont pas Diam’s et Jamel, mais surtout l’Abbé Pierre et Soeur Emmanuelle. Paix à leurs âmes, loin des pantins et des guignols, qui ont pour seul bagage un cul en couv’ de la presse people. Je n’ai rien d’exceptionnel, et si des petites sœurs veulent être comme moi, il va falloir que je me grouille d’être un modèle ! » (extrait du titre l’honneur d’un peuple)

Reparlons de ton album, « SOS ». J’aimerais qu’on évoque l’un des titres dont tout le monde va parler, « Lili« . C’est un texte à suspense dont il ne faut pas dévoiler la fin. Tu peux nous en citer quelques vers ?
Bien sûr : « J’ai beau leur dire que je suis normale, que je suis entière, que je supporte mal que l’on me traite comme si j’étais en guerre. Que je suis juste pudique, que je n’aime pas que l’on m’observe. Ma démarche, ma minerve, y a qu’à leurs yeux que ça énerve. Je ne mérite pas que l’on me prive d’études ou d’éducation. Elle n’est pas laïque cette nation, elle craint juste la contagion« . (extrait du titre Lili)

On ne racontera pas la conclusion, on rappelle juste que c’est un des titres-clé de SOS. D’ailleurs, puisqu’on en parle, pourquoi ce titre d’album en forme d’appel au secours ?
« Solidaire envers les dépressifs solitaires, car aucun être humain sur terre ne pourra vous porter secours, cherche la paix au fond de toi-même, j’sais qu’t’aimerais qu’on te libère, qu’on te comprenne quand tu saignes et que la vie n’a plus de goût.. SOS ! » (extrait du titre Si c’était le dernier)

Arrête, Mélanie, les larmes, c’est contagieux, tu vas me faire pleurer… Parle-moi plutôt de ce texte où tu as bouffé un clown ! Tu sais, Peter Pan
« J’ai pas envie de grandir quand je vois le monde, non. Pas envie de mentir, on est mieux chez les mômes, ouais. À force de vieillir on finit par être chiant, alors je veux rajeunir, bienvenue chez Peter Pan !…Dans mes rêves, j’suis un bandit et je shoote le Shérif, j’roule à plus d’90 en Vélib’ sur l’périph’, ni pull, ni chemise, jogging, bandana, les parents n’me connaissent pas, sont comme Fadela Amara. » (extrait du titre Peter Pan)

Et l’amour dans tout ça ? Ça reste une de tes quêtes ?
« Hier j’ai vu mes copines, elles parlaient de leurs mecs, quand y’en a une qui se marie, bah y’en a une qui pleure son ex. Mais comme d’hab’ je ne dis rien, je les écoute en tremblant. Je leur fais croire que je vais bien, ouais, je fais semblant. Elles veulent toutes me voir enceinte, sur mon mariage elles parient. Algérien, Italien, grand ou gros, elles charrient. Je suis la cible des railleries car je suis seule. Elles me disent : ‘Mel t’es pas en deuil, eh ! Souris ma gueule !’« (extrait du titre Poussière)

« SOS » est un album de lutte, et aussi le signe d’un engagement. Tu as changé, Mélanie ?
« J’ai bien grandi depuis le temps où on me voyait à la télé. Entre temps, j’ai pris 2-3 trempes, j’ai pris 2-3 ans dans la gueule et j’ai observé le globe, la bêtise de l’homme, ses guerres pour l’or et le pétrole. Avec les politiques français, j’ai clairement lâché l’affaire. Franchement, qu’est-ce qu’ils vont faire pour sécher les larmes de nos mères ? » (extrait du titre l’honneur d’un peuple)

Ta France à toi, ça n’est décidément pas la leur…
« Ils se prennent pour qui, à vouloir faire la morale ? Et nous faire croire que ce pays c’est des petits blonds dans une chorale ? Non, ce pays c’est des Ritals, des Noirs et des Arabes, Espagnols par héritage, des Auvergnats qui font du rap. Ce pays, c’est des Portugais qui se saignent à la tâche. Guadeloupéens, Martiniquais qui se fâchent quand on les taxe. Ce pays, c’est tout un tas de couleurs, tout un tas de cultures, vtout un tas de douleurs, tout un tas de futurs. Ce pays, c’est une banlieue qui aimerait qu’on la regarde, et qui fait péter les pétards quand on la traite de racaille. » (extrait du titre l’honneur d’un peuple)

On t’a parfois associé à certaines personnalités politiques de gauche pendant les élections. Tu es plutôt une artiste engagée politiquement ?
« Aucune valeur ne me ressemble dans leur putain d’Assemblée, à Gauche, à Droite, ils veulent tous se ressembler, D’ facon, Ils veulent le beurre et l’argent du peuple, Mais ils n’auront pas nos coeurs, ni nos fréres et nos sœurs » (extrait du titre l’honneur d’un peuple)

Même si c’est déjà ton 4ème album , on sent chez toi toujours autant de rage dans ton rap et dans ton écriture. Qu’est ce qui a motivé tout ça chez toi ?

« 1 mètre 68 de hauteur, 40 centimètres de largeur, moi j’étais tout sauf un moteur pour les p’tits mecs en chaleur, alors, en manque de regards, car les copines avaient la cote, j’ai mis un pied dans l’espoir et l’autre dans le Hip-Hop. Mon ambition: rapper mieux que tous ces p’tits rappeurs, qui me disaient : t’as vraiment pas la gueule de l’emploi, ma gueule !  » (extrait du titre I’am somebody)

Tu rends hommage à ta mère une nouvelle fois dans cet album mais de plusieurs facons et pas des moindres
« Pas là pour faire chialer les chaumières quand je parle d’elle… Je suis juste la progéniture d’une sacrée guerrière, je suis la fille d’une armure, la Grand-mére du Rap Français ». (extrait du titre Sur la tête de ma mère) « Alors, je m’empresse d’être une fille aimante, envers celle qui m’a portée plus de huit mois dans son ventre, elle qui a souffert le martyre le jour de l’accouchement, mérite bien que je la couvre de bisous et de diamants. » (extrait du titre Si c’était le dernier)

Quelques jours après la sortie de SOS, tu seras déjà en tournée. C’est une envie, un besoin ?

« Aujourd’hui je suis prête à ne me défendre que sur scène. Et peu importe si je vends beaucoup moins de disques. Ouais, je prends le risque de m’éloigner de ce biz, je veux redevenir quelqu’un de normal qui se balade sans avoir dix mille flashs dans la ganache. » (extrait du titre Si c’était le dernier) « J’ai besoin d’aide dans ma révolte, besoin de vivres dans ma récolte, besoin des cris de mon public, car j’ai besoin de bénévoles » (extrait du titre Enfants du désert)

Tu parles beaucoup de ton public, quel est le message que tu leur ferais passer ?
« J’aimerais que mon public sache que je l’aime, perdue dans mes problêmes : comme j’ai eu peur de vous perdre ! » (extrait du titre Si c’était le dernier)

On sent dans certains textes que tu as côtoyé le gouffre…
« Fin 2007, je me retrouve seule dans mon appart’. Dans ma tête c’est le casse-tête, je suis millionnaire en dollars. Je me sens coupable, c’est beaucoup trop pour mes petites épaules. Dieu est-il si bon que ça ? Ai-je vraiment rempli mon rôle ? Alors je cherche des réponses, à mes doutes, mes cicatrices. Petite star, je suis finie, vu de la clinique psychiatrique. J’en sors en vrac, les médocs me montent au crâne, aux Victoires de la Musique, ma gloire me monte aux larmes. » (extrait du titre I’am somebody)

L’album est fini, la tournée arrive. A quoi aspires-tu aujourd’hui ?
« J’aspire à être une femme exemplaire, je l’avoue, pas pour autant qu’ si tu me tapes, je tendrai l’autre joue ! » (extrait du titre «  Si c’était le dernier) « Il faut vite que je construise autre chose que des disques, qu’on me cite comme une mère de famille qui milite, comme une soeur au grand coeur qui prône la charité, et si j’ai un mari qui tue, ben je m’en fous d’ ta parité, j’suis une princesse, tout c’ que je mérite c’est un royaume, pas d’avoir à faire de courbettes devant des clowns et des gnomes. » (extrait du titre l’honneur d’un peuple)

On approche de la fin, Mélanie. Un dernier big up pour tes supporters, et un autre pour les haineux qui ne comprendront pas ton silence médiatique ?

« Je ne veux plus que l’on m’observe, je veux juste que l’on accepte que ce qui prime ce sont mes textes, pas la couleur mon survêt’. Je ne veux plus de vos débats de merde le soir à la télé, c’est un combat de mère que je mène, c’est un combat d’épée. Donc je me fous de ton forum, le seul que j’aimais c’est le mien, et les équipes sur les Skyblogs, qui me suivent au quotidien. À toutes les lettres que j’ai lues, auxquelles je n’ai pas répondu, je l’avoue c’était tendu, des milliers pour une seule plume ! Mais grâce à Dieu, j’ai compris que le succès est éphémère. Que la presse et les télés ne doivent servir qu’à faire la paix. À tous les paparazzis qui aimaient shooter ma cellulite : Messieurs, allez plutôt shooter ce qu’on nous cache en Afrique. »(extrait du titre I’am somebody)

Merci, Diam’s. Le mot de la fin ?
« Aujourd’hui je suis en paix donc je peux aider, plaider coupable si toutefois j’ai engrainé des gens dans le péché » (extrait du titre Si c’était le dernier) « Pour tous ceux qui me sont chers : je me sens mieux dans le noir. Donc je serai souvent en concert si vous désirez me voir.« (extrait du titre I’am somebody)

Propos (presque) recueillis par Olivier Cachin

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