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Iam l’interview

Tour de chauffe

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Iam l'interview 4

Avant la sortie du très attendu Saison 5, prévue le 2 avril prochain, Zikeo était présent à Lyon pour la deuxième date de la pré-tournée d’I am. L’occasion pour nous d’en savoir un peu plus sur leur nouvel opus et sur ce groupe qui à marqué de son emprunte le paysage musical français. C’est au lendemain de leur première date strasbourgeoise que nous avons pu rencontrer Shurik’n, Freeman et Imhotep, pour une interview où le temps semblait ne plus avoir d’importance. Un moment agréable où l’on constate avec plaisir que le groupe ne se la raconte pas.

iam interviewVous êtes arrivés la veille de votre concert lyonnais. Est-ce pour la promo de votre prochain album Saison 5 ou vous connaissez du monde ici et vous en profitez en même temps ?
Shurik’n
: C’est pour avoir le temps de faire la promo, sachant qu’en général le jour du concert c’est pas évident. On n’aime pas trop parler toute la journée et jouer après, le soir. On préfère faire la promo avant et être beaucoup plus relax le jour même.
Freeman : A la base on devait faire une tournée promo toute simple et finalement, on a émis le souhait de faire des concerts en plus, pour ne pas faire juste de la promo. Là, c’est pas la vraie tournée en fait, il y a juste trois ou quatre nouveaux morceaux et tout le reste c’est des morceaux classiques de nos albums précédents dont certains issus de nos solos respectifs.

Une tournée pour les vrais fans donc ?
Freeman
: Oui, et surtout pour nous, les vrais fans de hip-hop, c’est pour faire la fête. C’est aussi ça le but ! Vu que pour le dernier album, on était partis dans la logique de faire des petites salles justement, et au bout de quelques dates, on s’est rendu compte que ça devenait frustrant pour les gens qui venaient et qui restaient dehors. Et après, il s’en est suivi des problèmes de sécurité, donc on a été obligé de basculer vers des salles plus grandes. Aujourd’hui, on revient dans des petites salles, et retournez dans les tranchées de Verdun. (rires)
Shurik’n : C’était histoire de revenir à notre base, la scène ! On fait une musique de proximité. On voulait une certaine ambiance, d’où le choix de petites salles. Là, on n’a rien à vendre, on vient vraiment faire la fête à droite et à gauche.

Vous avez commencé votre tournée hier, à Strasbourg, comment cela s’est-il passé et surtout vous attendiez-vous à ce que toutes vos dates soient complètes ?
Freeman : On savait que ça allait être complet à peu près partout. Par contre hier, les organisateurs ont été obligés d’appeler les pompiers car c’était assez chaud. On a enflammé la salle (rires). On a reçu un accueil assez fantastique et c’est vrai que cela nous a donné la pêche pour la suite.

Vous rendez vous compte que depuis quelques années et surtout depuis l’Ecole du micro d’argent, ce ne sont plus seulement les fans de hip-hop qui viennent vous voir, mais également des gens issus d’autres horizons musicaux ?
Freeman
: On a aussi connu cela avec l’album Ombre et lumière où il y avait un morceau qui s’appelait Je ne veux voir plus personne en Harley Davidson, où même les rockeurs venaient nous voir car ça les faisait rigoler. A l’époque, quand on a commencé dans le hip-hop, il n’y avait rien, c’était le désert. Alors tu imagines bien que quand on partait faire des concerts, on était constamment sur scène avec ces groupes de rock. Il y a toujours eu cette proximité avec ce milieu sans que cela apparaisse dans nos morceaux.

Comment faites vous, après pratiquement vingt ans de carrière, pour être toujours là alors que vous avez pas mal de projets solos ? On vous ath-shurik-n-interview souvent comparés avec NTM dans le temps. Depuis, eux ils se sont séparés…
Shurik’n
: Les projets solos ont toujours été pour nous une façon de mettre plus de cordes à notre arc. Chaque projet solo est une expérience ! On revient fort de ces expériences quand on réintègre le travail de groupe. Ça n’a jamais été autre chose que ça. C’est la volonté de s’épanouir et de ne pas avoir à imposer des choses. À six, c’est une chose, mais il y a des sujets et des façons de travailler que tu ne peux pas forcément imposer à plusieurs. Le groupe a toujours primé ! Ce qui fait notre force, c’est que pendant vingt ans, on a su garder la même vision de la musique, donc il y a eu peu de divergences d’opinion. On ne calcule pas, on fonctionne à l’envie et le jour où on s’ennuie, on arrête !
Freeman : La grande différence avec NTM, je pense, c’est que le groupe a été formé par périodes et en plus, à la base, ils n’étaient pas amis, ils se sont retrouvés dans une situation qui les a obligé à monter le groupe petit à petit. C’était plus un business qu’autre chose. Nous, ce qui nous a sauvé et qui nous sauve encore aujourd’hui, c’est qu’avant même que le groupe existe, on était vraiment des potes, des amis qui vivaient une passion commune et c’est ce qui a fait les fondations du groupe. On s’est toujours dit que le groupe primait sur tout ce qu’on faisait. Après, même quand il y a eu les solos, on était quant même en groupe. Par exemple quand j’ai sorti l’album Le palais de justice, tu ne pouvais pas avoir plus le groupe I am que sur mon album, ce n’était pas possible. Tonton (Imhotep) m’avait fait des morceaux, Shurik’n m’avait fait des morceaux, et Akhenaton m’avait fait des morceaux aussi…

Il y a toujours eu une interactivité entre les différents membres en ce qui concerne vos projets solo…
Freeman
: C’est cela qui nous a réellement sauvé ! Le problème, c’est qu’on a toujours été habitué à ça, notamment à cause du rock, où quand il y avait quelqu’un qui partait, on disait : « ça y’est, ils ont cassé le groupe c’est fini !« . Nos projets solos ont toujours été des soupapes de sécurité par rapport au groupe puisqu’on pouvait faire ce qu’on voulait et ainsi revenir ensemble avec des expériences diverses.
Shurik’n : Les projets solos, c’est un peu : « Bon les gars, j’en ai marre, je vais faire un tour ! »

Il y a bien une autre explication à cette longévité ?
Imhotep
: On a aussi une autre soupape de sécurité, c’est l’humour ! C’est fondamental entre nous. Il y a souvent des situations un peu tendues à cause de désaccords. Dans ces cas là, on arrive à tout débloquer grâce à l’humour, on se chambre à longueur de temps !
Freeman : Attention, on n’est pas en train de dire que IAM c’est Walt Disney ! (rires) Loin de là, sinon j’arrête ça de suite ! Il y a toujours eu de vrais accrochages entre nous et il y a toujours eu des divergences sur des pensées et sur les manières d’amener les projets à leur terme.
Imhotep : Moi, je ne suis pas d’accord avec toi ! (rires)
Freeman : On est toujours à se poser autour d’une table pour parler de tous les problèmes. Cela nous permet de crever immédiatement les abcès et d’avancer ! C’est comme une famille, tu peux t’embrouiller avec ton frère ou ta sœur, mais à un moment ou à un autre tu te dis : « de toute façon c’est ma sœur, elle ne changera pas, c’est comme ça !« . Dans le groupe, on réagit de la même manière et l’humour nous aide énormément. D’ailleurs, celui qui morfle le plus c’est lui ! (désignant Imhotep)

Votre longévité peut également s’expliquer par vos textes, notamment avec une chanson comme Petit frère qui est toujours d’actualité aujourd’hui ?
Freeman
: C’est là que tu te rends compte qu’il n’y a pas grand chose qui bouge. Tu parles de Petit frère, mais tu prends un morceau comme J’aurais pu croire tiré de l’album Ombre et lumière où Shurik’n parlait du père Bush. Bizarrement si tu la réécoutes aujourd’hui, on a vraiment l’impression que cette chanson parle du fils Bush et de ce qu’il est en train de faire en Irak. Moi Shurik’n je l’appelle Nostradamus !

Les élections arrivent à grand pas, y a-t-il un parti qui vous a approché, un peu à la manière Cali par Fabius, ou M.A.P par Dominique Strauss Kahn ?
Shurik’n
: Durant la carrière du groupe on a été approché plusieurs fois !

Pas pour 2007 ?
Shurik’n
: Je pense qu’ils auraient eu la même réponse que les fois précédentes. Je crois que dans nos paroles, on est suffisamment positionnés pour ne pas être relancés.

freeman-interviewIl y a une chanson dans votre nouvel album à paraître qui s’appelle Rap de droite, de quoi parle-t-elle ?
Shurik’n
: C’est une chanson qui parle de certains comportements dans le rap, qui nous font penser qu’il y a certaines connivences entre le milieu hip hop et le milieu politique.
Freeman : Comme dans le parti de Mr Nicolas Sarkozy par exemple.

On a rencontré M.A.P il n’ y a pas si longtemps qui nous disait exactement la même chose au sujet d’un certain « rap français de droite »
Shurik’n : Après 20 ans d’existence dans le paysage musical français, le rap n’est-il pas le reflet exact de la société dans laquelle il essaye de s’intégrer, avec tous ses travers et ses avantages ?

Pourquoi vous ne le faîtes pas vous alors ?
Shurik’n
: De quoi ? Prendre position ?

Non faire du rap de droite !
Freeman : Parce qu’on n’est pas en France, on habite à Marseille !!! (rires)
Shurik’n : Je pense que c’est dans notre comportement, on a toujours veillé à ne pas apporter de l’eau aux moulins de certains clichés persistants.

Comment expliquez-vous que pendant la crise des banlieues, Marseille est une des villes où ça a le moins pété ?
Imhotep
: C’est que tout le monde était devant sa télé en train de regarder les parisiens… !(rires) Ce qu’il faut savoir c’est que certains d’entre nous habitent dans des quartiers, où à deux cents mètres, il y a une bagnole qui brûle tous les week-ends ! Donc, c’est peut être moins concentré mais malheureusement, c’est devenu un peu la routine à Marseille… On était surpris que tout ça flambe en même temps, et que ce soit aussi médiatisé, ceci dit, les circonstances pour lesquelles ça a flambé, étaient suffisamment graves pour que ça flambe autant !

Vous êtes vous inspirés de ces évènements pour Saison 5 et quelles en sont les grandes lignes ?
Imhotep
: C’est très variable ! Il y a des points de vue sur la société, sur l’évolution du monde, sur la politique, mais au sens vrai, la vie de la cité, point de vue social, culturel…
Freeman : La grande ligne de l’album repose sur le fait que notre culture en France a amené quelque chose d’énorme, mais aussi en Europe et dans le monde. Mais on fait tout pour que ce ne soit pas les gens issus de la culture hip hop qui soient mis en avant mais plutôt d’autres personnes. Il faut reprendre nos droits de citoyen ! Par exemple, dans Saison 5 il y a un morceau qui s’appelle United et qui explique que le drapeau bleu blanc rouge, c’est à nous aussi. Le bleu blanc rouge ce n’est pas le front national !
Maintenant quand tu vois un drapeau bleu blanc rouge, on dit : « Oh putain, il est raciste ! » Ce genre de clichés, il faut qu’on les arrête. C’est comme si le front national s’était approprié le drapeau national. Le drapeau bleu blanc rouge, il vient de Marseille, il vient de Belsunce ! La Marseillaise, elle vient de Marseille !

Pourquoi vous n’utilisez pas votre statut, par exemple pour créer une radio qui ferait connaître des artistes d’autres horizons ?
Freeman
: Tu sais, comme on dit à Marseille, on ne pète pas plus haut que notre cul ! Nous, on est des artistes à la base, et on fait les choses qu’on sait faire. Dans le business, il y a tonton (Imhotep) qui a un peu testé. L’amour qu’on a, à la base, c’est la musique, on veut vraiment pas se perdre. Un jour, Jo (shurik’n ) a sorti (et je me régale à le ressortir à chaque fois) : « Quand tu cours plusieurs lièvres à la fois, le soir tu manges que des légumes ! »

Pourtant Shurik’n a aidé, voir produit, Saïd qui fait votre première partie ?
Shurik’n
: Cela fait vingt ans qu’on est pote avec son frère. Saïd a un cursus impressionnant et cela faisait déjà plusieurs temps que je le poussais à faire son album. On reste dans le périmètre familial, c’est différent. On appel cela des satellites espions.

Vous pensez que dans quelques années, quand vous ne serez plus là, on se souviendra encore de vous ?
Freeman
: Oh… Nous mets pas la guigne (avec l’accent marseillais exagéré) (rires) Tu aurais dit ça à Ray Charles, t’es fou ou quoi ?

Propos recueillis par Daniel Kall  

Crédits Photos: Kymmo

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