Artiste
Marcus Miller
En 1959 Marcus Miller est encore dans le ventre de sa mère quand son futur mentor, Miles Davis, enregistre « Kind Of Blue » avec Cannonball Adderley, John Coltrane, Bill Evans, Wynton Kelly (un cousin de Marcus) et Paul Chambers, futur idole de notre bientôt nouveau-né, qui fait vibrer ses deux premières cordes (vocales) le 14 juin à Brooklyn, New York.
En 1971 Le petit Marcus danse devant sa télévision en regardant les Jackson 5. Il a le même âge que le plus jeune et le plus doué d'entre eux, Michael. Il ne sait pas encore qu'un jour, il jouera à la basse l'une de ses chansons, I'll Be There. Tandis qu'il grandit dans le quartier de Jamaica (Queens), il commence à souffler dans une flûte à bec, puis dans une clarinette basse, qui restera l'un de ses instruments fétiches. Mais dès le jour où il s'empare d'une basse électrique, c'est pour ne plus jamais la lâcher. Quoique nettement plus doué que la moyenne, le jeune Marcus parfait sa technique en se passant en boucle la légendaire intro de Hair, classique du funk seventies propulsé par la basse tellurique de Larry Graham, l'inventeur, le maître du slap. Il écoute aussi passionnément Robert « Kool » Bell de Kool & The Gang, James Jamerson, le « Monsieur Basse » des studios Motown, Rocco Priesta, grooveur patenté de Tower Of Power, Gary King, le bassiste de Grover Washington, Jr., et Stanley Clarke, dont le premier 33-tours éponyme tourne en boucle sur sa platine dès 1975.
En 1976, tout en apprenant par cœur le premier album de Jaco Pastorius, Marcus commence à squatter les studios d'enregistrement de la Grosse Pomme. Les grands noms de la soul, du jazz et de la pop s'arrachent vite ce jeune virtuose polyvalent qui déchiffre toutes les partitions avec aisance. Mais Marcus voit déjà plus loin que le bout de sa basse. Ses mélodies attrayantes et ses talents de producteur séduisent chanteurs et souffleurs venus de tous les horizons : Lonnie Liston Smith, David Sanborn, Luther Vandross, Aretha Franklin, Roberta Flack puis, plus tard, Boz Scaggs, Al Jarreau, George Benson, Take 6, Wayne Shorter…
En 1981, Miles Davis se terre dans son appartement new-yorkais depuis cinq ans. Il broie du noir, touche à peine sa trompette. Mais le phénix finit par renaître de ses cendres. Le jeune bassiste de son nouveau groupe impressionne les foules. On peut enfin mettre un visage sur ce nom qu'on avait si souvent lu sur les pochettes de disque : Marcus Miller ! En 1986, ils enregistrent « Tutu », dernier grand classique du trompettiste. En 1989, Marcus compose le poignant Mr. Pastorius, en hommage à son héros disparu tragiquement deux ans plus tôt. Miles, touché par la beauté solaire de cette mélodie, accepte.
« The Sun Don't Lie », son premier album instrumental sort 1993, et lance brillamment sa deuxième carrière. Catalyseur né, découveur de jeunes talents, Marcus est devenu un musicien sûr de son art et un leader épanoui. Lors de ses nombreuses tournées mondiales, un public de plus en plus large l'applaudit, qui retrouve en lui une figure charismatique, un musicien généreux, un passeur naturel et un authentique créateur.
Après deux Grammy® Awards, six albums studio et trois live que sort l'album « The Renaissance » en 2012. Comme son titre l'indique, ouvre un nouveau chapitre dans sa vie. Marcus incarne désormais l'histoire et l'actualité du jazz. Quant à « Afrodeezia », son premier opus Blue Note, il reflète ses nouvelles aspirations d'ambassadeur et de messager des grandes musiques noires avec, toujours en filigrane, cette musicalité contagieuse, ce groove unique et ce son de basse reconnaissable entre mille, souvent copié, jamais égalé. En 2015, pas de doute : l'aventure ne fait que commencer.
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