PETER GABRIEL New Blood

« New Blood » s’inscrit dans le prolongement de « Scratch My Back », l’album précédent de Peter Gabriel, qui rassemblait des reprises interprétées avec un orchestre. Grâce aux arrangements précis de John Metcalfe, ce traitement a obtenu un tel succès que Peter Gabriel a vite su quelle direction il prendrait ensuite.

Pour « New Blood« , Peter Gabriel a commencé à choisir des titres de son répertoire, pas forcément les plus connus, et, une fois encore, il a chargé John Metcalfe de les arranger pour l’orchestre. La sélection des chansons présentes sur cet album, fruit de nombreuses discussions, a été établie avec circonspection. Le principe n’était pas de livrer une version orchestrale des gros tubes. En fait, certains d’entre eux, tels Sledgehammer ou Biko, sont absents au profit de titres moins connus. Mais l’intention n’était pas non plus de prendre délibérément le public à contre-pied. Il a plutôt été question de trouver des chansons que des cordes, des instruments à vent et des percussions pouvaient mettre en valeur. Et les arrangements orchestraux tombent parfaitement. Don’t Give Up, désormais avec la chanteuse à la voix craquante et fragile Ane Brun à la place de Kate Bush, monte en puissance jusqu’à son final. Alors que l’éclat de San Jacinto reposait sur les loops d’un sampler Fairlight, sa magie provient désormais d’un piano et d’archets. La relecture la plus extraordinaire est probablement celle de Rhythm Of The Heat où John Metcalfe a fait évoluer la longue jam africaine originelle en un maelström orchestral étourdissant.

Les légions d’amateurs de la musique de Peter Gabriel sont-elles prêtes pour cette nouvelle approche ? Après tout, il s’agit là de chansons qu’ils chérissent depuis trente-cinq ans et le début de sa carrière solo. Cette remise en perspective ne risque-t-elle pas de gâcher quelque chose de particulièrement familier ? A en juger par le succès des derniers concerts de Peter Gabriel, l’enthousiasme des fans ne saurait être mis en doute.

Malgré les craintes de Peter Gabriel, « New Blood » ne frise jamais le mauvais goût. Comme le fait remarquer Tom Cawley, « l’intégrité prime avec lui, et dans ce disque également. Il n’est pas du genre à publier n’importe quoi ou à suivre des recommandations auxquelles il ne croit pas. » Ben Foster, chef énergique du New Blood Orchestra, confirme que l’instinct du « patron » est toujours en alerte : « L’orchestre n’est pas rajouté, ce ne sont pas des cordes par-dessus un groupe de rock. Il s’agit plutôt d’une nouvelle construction, et c’est la raison pour laquelle ça fonctionne si bien. »

Avec « New Blood », Peter Gabriel déploie toute la richesse de sa voix. Gorgée d’émotion comme peu d’autres, elle chante des textes écrits vingt ou trente ans auparavant, leur donnant un nouveau sens et une intensité accrue.

Découvrez ces relectures, ces chansons rechargées à bloc, renouvelées. Une nouvelle vie, un sang neuf. Une véritable transfusion musicale. Des chansons qui ne mourront jamais à (re)découvrir de toute urgence !