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Interview Bertrand Burgalat

French touch atout

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Interview Bertrand Burgalat 4

Sur l’arbre généalogique de la musique, le nom de Bertrand Burgalat se place au centre, au départ de multiples branches. L’une s’appelle Tricatel, son label, au bout de laquelle on trouve AS Dragon, Helena Noguerra, April March, Les Shades, Ladytron ou Michel Houellebecq. D’autres branches amènent aussi bien vers le groupe dark-wave slovène Laibach, que vers Alizée, Christophe Willem, Alain Chamfort, Philippe Katerine et Nick Cave. En près de vingt ans, Bertrand Burgalat aura collaboré à environ 150 projets différents auxquels s’ajoutent les BO des Nuits Fauves et de Palais Royal de Valérie Lemercier. Ce n’est qu’en 2000 qu’il se décide à sortir des albums sous son nom. Albums qui ne rencontrent qu’un succès d’estime.

Bertrand Burgalat fait de la musique d’ascenseur, oui. Mais d’ascenseurs intergalactiques tous droits sortis d’un épisode de Cosmos 1999, ou d’ascenseurs qu’emprunteraient Shaft ou Steve Mc Queen avant de faire ronfler sa Mustang dans les rues de San Francisco. Un mélange éclectique, électronique et chic entre pop sixites, jazz, électro-ambient et soul « blacksplotation ». Bertrand Burgalat monte une dernière fois sur scène, en ce début d’année 2009, pour défendre son troisième album, « Chéri BB ». Lunettes en écailles, costume bleu cobalt, cravate blanc-crème, écharpe en laine, mèche de côté, un sourire de premier de la classe qui aurait reçu un bon point vissé sur le visage. Rencontre.

« Chéri BB » c’est ton troisième album studio, seulement. Pourquoi si peu d’albums, en presque dix ans, par manque de temps ?
Non tu sais, souvent on fait des choses, mais après on passe plus de temps à essayer de les sortir qu’à les faire. Sinon le temps, je l’ai. Je n’ai pas d’enfants et je ne sors pas. Ma seule perte de temps c’est d’habiter Paris. C’est une ville où l’on perd son temps. Mais les gens qui me disent qu’ils n’ont pas le temps, sont souvent ceux qui, en y regardant de plus près, perdent surtout leur temps à des conneries. Notamment les ministres. S’ils restaient chez eux, ils travailleraient peut-être mieux.

A quoi passes-tu tes journées, alors ?
Je passe moins mes journées à faire de la musique qu’à essayer de la sortir. Mais c’est une frustration qui a aussi de bons côtés puisqu’au final la musique reste un plaisir. En fait, je suis dans la même situation que quelqu’un qui aurait un travail « normal » et qui ferait de la musique le week-end pour son plaisir. Peut-être même que j’en fais moins.

Est-ce que ta musique passe en second plan, comme une récréation ou est-ce qu’elle reste ta priorité ?
Je ne fais pas de différence entre ma musique et celle que je fais pour les autres. On peut être tout aussi personnel et sincère, à travers l’univers des autres. Et parfois il est même plus difficile de travailler pour soi, parce qu’on ne se met pas le même type de pression. Il y a des mauvaises questions qu’on ne se pose que pour soi et pas pour les autres.

Chacun de tes albums a son identité, avec une couleur musicale différente. Est-ce une manière pour toi d’exploiter l’éclectisme qui te caractérise ?
C’est vraiment le hasard qui fait les choses. Je n’ai jamais changé ma façon de faire, j’utilise à peu près les mêmes instruments depuis au moins quinze ans, mais ce qui change, c’est la façon dont est perçue ma musique. Elle renvoie plus à ce que les gens écoutent au moment où sortent mes albums. Par exemple, à l’époque de « The Sssound Of Mmmusic », les gens écoutaient beaucoup d’easy-listening, moi pas. Mais ils avaient l’impression que je faisais du easy-listening. Aujourd’hui ils écoutent plus de rock et tout le monde dit que « Chéri BB » est plus rock. Je pense que quand on écoute une musique, on a tendance à la situer par rapport à son contexte musical.

La musique de Bertrand Burgalat serait donc perméable à son environnement ?
Mais toutes les musiques sont perméables et pour moi il est très important de revendiquer ses influences. Un des plaisirs de la musique c’est d’aimer celle des autres et d’en faire autre chose. Donc je suis toujours méfiant face à ceux qui citent en référence le Velvet Underground et deux ou trois trucs un peu chicos. En général c’est pour masquer leurs vraies influences qu’ils copient bêtement. Et le danger c’est de composer en réaction à ce qui se fait sur le moment ce qui devient une sorte de conformisme. Moi je ne cherche pas à copier ou à reproduire, la seule question que je me pose, que ce soit pour moi ou les autres, c’est « qu’est-ce que j’ai envie d’entendre ? »

Les autres, justement, avec qui tu as été amené à travaillé. Ont-ils une influence sur ta musique ?
Oui parce que je n’ai pas de recette à proprement parler. Quand on fait un tube énorme, on peut être prisonnier d’une recette. Ma musique étant restée confidentielle, j’ai toujours essayé de ne pas refaire deux fois la même chose. Et puis, toutes ces collaborations sont aussi des aventures humaines où on apprend psychologiquement. Les Laibach, par exemple, m’ont appris ce qu’était la liberté, de par leur détachement vis-à-vis de la technique. Et plus surprenant, parfois, avec des artistes grand public, on se rend compte qu’ils sont beaucoup plus sincères que des gens qui avaient l’air plus intransigeants. Avant certaines collaborations je disais que ça allait être un plaisir et ça s’est avéré être un cauchemar et d’autres où j’y allais plus à reculons ont donné les résultats les plus intéressants.

Des exemples ?
Il y a deux jours, j’ai travaillé avec une actrice très connue qui est vraiment quelqu’un de très gentil, mais qui en studio m’a fait vivre un des pires moments de ma vie. Et en ce moment, je fais des morceaux pour Marc Lavoine, qui a un univers très différent du mien et j’ai découvert un type extrêmement élégant dans sa façon de travailler.

Même si on te demande de travailler avec un artiste très commercial, tu y vas ?
Oui toute expérience est bonne à prendre et il y a aussi un désir de revanche qui m’anime. Quand on baigne dans le monde de la musique et qu’on a un mauvais caractère comme moi, on n’a pas que des sympathies. Le milieu du rock indépendant, par exemple, ne m’intéresse pas. Je trouve que c’est devenu exactement l’inverse de ce qu’il y a de beau dans le rock en générant le même type de bêtise et de sectarisme que la génération de mes parents vis-à-vis du rock. Pour moi c’est une musique qui, aujourd’hui, représente tout ce qu’il y a de plus socialement ahurissant et oppressant. Je le constate avec les artistes de mon label. Que les grosses radios nous aient snobé, à la limite ça parait concevable, mais celles qui se targuent d’être rock, indé et sympa, souvent, sont celles qui nous ont donné le plus de fil à retordre. Alors quand je collabore avec Alizée ou Christophe Willem, c’est sûr il y a une forme de pied de nez, pour moi. Je ne peux pas le faire de façon cynique avec mes albums. Je ne vais pas claquer des doigts et faire un truc commercial. Ce serait moche et ça ne marcherait pas. Je préfère faire toujours la même musique mais pour des gens pour qui ça marchera mieux. La musique commerciale ne me dérange pas et quand il y a quelque chose de bien, au milieu, je trouve ça encourageant. Ce qui me révolte c’est la fausse qualité, les attrape-bobos que les gens achètent mais n’écoutent pas.

Les bobos, justement, c’est une catégorie dans laquelle on te met bien souvent, non ?
C’est vrai, mais pour moi un bobo c’est quelqu’un qui trouve qu’il y a trop de bobos.

C’est frustrant ou glorifiant de travailler pour des artistes qui, au final, vendront plus d’albums que toi ?
C’est très agréable. Et puis on ne sait jamais à l’avance ce qui va marcher ou pas. Aujourd’hui, la musique est surtout liée à l’habitude. On ne peut pas forcer quelqu’un à lire cent fois un mauvais roman, en revanche on peut bastonner 240 fois la même mauvaise chanson en radio. Et au final l’auditeur se dit que ce n’est pas si mal que ça.

Crois-tu que tes albums auraient plus de succès si tu n’étais pas en France ?
Non je ne crois pas. Plusieurs fois j’ai été tenté de me barrer, mais j’aurais trop peur qu’au bout de deux ans je me retrouve face aux mêmes problèmes qu’ici. Franchement, en plus, je me considère comme un privilégié, il y a quand-même, en France, de la bienveillance par rapport à ce que je fais. Et quand je me plains c’est d’une manière générale. Les problèmes que j’ai pu rencontrer, plein d’autres y ont sûrement été confrontés aussi.

Tes projets ?
En ce moment je travaille sur un album de reprises par des actrices françaises. Et puis je vais travailler aussi avec un groupe belge Aeroplane. Ma tournée s’arrête à la fin du mois de janvier. Ensuite je ne sais pas quand sera la prochaine, il est encore trop tôt pour le dire.

LES ALBUMS DE BERTRAND BURGALAT SONT DISPONIBLES ICI

Album de Bertrand Burgalat : Chéri BB sorti le 14 aout 2007

Label : Tricatel

Le myspace de Bertrand Burgalat : www.myspace.com/tricatelburgalat

Le site de Tricatel : www.tricatel.com

Le clip de Gris Métal : www.youtube.com/watch?v=2isRVZBN_Mo

crédit photo : © Cyril Vessier

BERTRAND BURGALAT EN TOURNEE :
20 janvierLa Coopérative de Mai – Clermont Ferrand (avec April March)
21 janvierLa Fourmi – Limoges (avec April March)
22 janvier – Nantes (avec April March)
23 janvier – Nantes (avec April March et Count Indigo)
24 janvier – Nantes (avec April March, Vigon et Dj Tricatel All Stars)
28 janvierNew Morning – Paris (avec April March)
29 janvierEspace Tatry – Bordeaux (avec April March)
30 janvierLes Cuizines – Chelles (avec April March)
31 janvierLe Botanique – Bruxelles (avec April March)

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