pop-rock
Brisa Roché de retour avec son sixième album « Father »
La chanteuse californienne Brisa Roché est de retour dans les bacs avec un nouvel opus en hommage à son père.
Le 25 mai prochain sortira « Father », le sixième album studio de Brisa Roché, déjà annoncé par le single 48.
Avec « Father« , son sixième album, l’Américaine Brisa Roché signe son disque le plus personnel et le plus abouti. Une pépite de folk minimaliste, hantée par la voix unique de la chanteuse et produite par le grand John Parish – celui qui a réalisé entre autres le magique « To Bring You my Love » de PJ Harvey, disque avec lequel « Father » partage certains points communs : l’ambiance crépusculaire, fantomatique, comme de l’Americana gothique. Un climat inquiétant souligné par les photos réalisées par Jean-Baptiste Mondino pour la couverture du disque.
Dans cet album, écrit en partie à Paris, où la chanteuse vit, et en partie dans le village du nord de la Californie où elle a grandi, le timbre de Brisa Roché se révèle plus envoûtant que jamais. Elle s’inscrit dans la lignée des grandes chanteuses folk des années 60 telles Karen Dalton ou Vashti Bunian, ou dans celle d’artistes d’aujourd’hui telle Alela Diane. Des chanteuses chamanes, filles de l’eau et du feu, capables de ressusciter l’esprit des morts, de rappeler à la mémoire la saga familiale, les passions et les saisons qui passent.
Comme son titre l’indique, « Father » est un projet hors du commun. Brisa Roché y chante l’amour immense, impossible, quasi incestueux, qu’elle a éprouvé, enfant et adolescente, en Californie du Nord, pour son père (mort quand elle avait 16 ans), un dealer qui récitait de la poésie et vivait à 100 à l’heure, un aventurier charismatique et sulfureux, qui multipliait les conquêtes. Loin d’être un disque au caractère trop personnel, centré sur la petite histoire de l’artiste, ses chansons se révèlent universelles, explorant toutes les facettes de l’amour : le manque, la fascination, la tristesse, la séduction, le désir de sauver l’autre. Tout le monde pourra s’y reconnaître. Et Brisa y joue tous les rôles : celui de l’enfant éplorée qui cherche à retenir ce feu follet de père (les poignants Trying to control et Carnation), mais aussi celui de la mère bienveillante (le merveilleux Patience), ou celui des inquiétants dealers qui entourent son paternel (Holy Badness et son refrain puissant comme un cantique impie).
Au fil de saynètes qui nous emmènent dans des cabines en bois perdues dans la forêt (48) ou à l’arrière de banquettes de voitures garées devant des « liquor stores », Brisa Roché prouve qu’elle est une song writer accomplie, capable des plus beaux textes. Des histoires magnifiées par le travail de John Parish. On retrouve ici la production épurée qui caractérise la signature du musicien anglais : des accords de folk rugueux comme de vieux morceaux de bois, une stridence de guitare électrique (Nick Zinner des Yeah Yeah Yeah’s est venu prêter main forte), quelques coups de grosses caisses telluriques… Un écrin nocturne, bruissant comme la Nature, pour que s’élève la voix lustrale de l’Inconsolée.
Si Dean Moriarty, le héros de Sur la route, de Kerouac, avait eu une fille, elle aurait enregistré cet album. Assise à l’arrière de la Buick, sillonnant les Etats-Unis, elle aurait griffonné ses textes en regardant la nuque tannée de ce père « badass ». Dans la carrière de tout artiste, il y a une œuvre qui nous fait rentrer au plus profond de son coeur, dans sa matrice intérieure, là où s’est élaboré le désir de chanter, le besoin de s’exprimer. « Father » est de ceux-là. Nous sommes au plus près de la lave. Et, putain, ça brûle.
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