Scène française
Interview Amandine Bourgeois
Interview
Cette semaine, à l’occasion de la sortie du premier album d’Amandine Bourgeois, Zikeo.net vous propose de découvrir la jeune artiste en interview.
Musicalement, tu as plein d’influences, à la fois francophones et anglosaxonnes, qui vont même vers des groupes des années 70 ?
Au niveau de mes influences musicales, j’adore Pink Floyd, c’est vraiment un groupe que j’affectionne particulièrement, Led Zeppelin. J’écoute aussi beaucoup de soul, Rachelle Ferrell, Joss Stone… J’écoute aussi la scène française comme Camille, Mademoiselle K, Anaïs. Je suis très éclectique dans mes goûts, je me nourris de plein de choses différentes, même du hip hop !
Et tu aimes le travail des voix.
J’adore le travail des voix. C’est pour ça que j’admire une chanteuse comme Camille, parce que ça résonne en moi. Ma manière de composer à la maison, c’est ça, j’ai mon logiciel, mon clavier, mon micro. J’enregistre une ligne de basse à la voix. Je la superpose avec une ligne d’autre chose, une trompette à la voix par exemple. Je superpose les voix comme ça, et ça me fait un petit morceau sur lequel je peux poser ma ligne mélodique et mon texte.
Quelques fois tu te laisses vraiment aller, et je pense qu’Edith Fambuena t’a laissé faire un peu ce que tu voulais au niveau de la voix. On découvre une autre Amandine sur Les loustics.
Les loustics ça donne la pêche, on a envie de danser. C’est « boule à facette, boule à facette, bouge ton boule, bouge ton boule ! ». C’est excellent, j’adore ce passage. Au départ, je n’avais fait ce passage qu’avec des voix. Edith a rajouté un côté un peu plus électro. Philippe Weiss a mixé les morceaux. Il a beaucoup de talent.
Tu as également été épaulée par des auteurs compositeurs que tu souhaitais approcher. C’était des rencontres très précises que tu voulais faire ?
Ça a été de belles rencontres. Ce n’était pas du tout précis. J’étais très ouverte. J’avais cette envie de m’ouvrir, de rencontrer des artistes et d’écouter différentes chansons qu’on pouvait me proposer. J’ai eu beaucoup de chance parce que Jeanne Cherhal a tenu à me féliciter sur ma prestation à la Nouvelle Star et elle m’a dit qu’elle avait envie de m’écrire une chanson. J’étais ravie, un jour elle m’appelle et me dit qu’elle a passé une nuit blanche à écrire un morceau pour moi et me demande de l’écouter, de lui dire ce que j’en pense. Elle était tout modeste alors que moi je me dis « Ouah, Jeanne Cherhal m’appelle !! ». Quand j’ai écouté son morceau pour la première fois j’ai eu les larmes aux yeux, ça m’a touché, j’ai trouvé ça très beau. Ça lui ressemble, c’est vraiment du Jeanne Cherhal. Mais je réagis au coup de coeur. Les morceaux que j’interprète sur cet album qui sont de d’autres artistes, ce sont des coups de coeur. Ce sont des morceaux que j’avais vraiment envie de faire, j’ai été touché par ces morceaux là.
Tu peux nous citer les autres auteurs compositeurs ?
Ludéal m’a écrit Sans lui ; Ariane Moffatt, m’a écrit L’homme de la situation. J’ai croisé Ariane dans les couloirs de notre maison de disque. On a sympathisé, elle m’a offert son troisième album. C’est une Québécoise super chaleureuse, drôle, la super copine. J’ai écouté son album et je ne me lasse pas de l’écouter, j’adore son album. Je trouve qu’elle a un talent énorme. On a trouvé qu’on avait toutes les deux une manière similaire de chanter, ce grain de voix un peu voilé. Elle a voulu m’écrire une chanson, et quand je l’ai écouté, je dansais toute seule sur ma chaise. C’était génial.
C’est du vécu quelque part ?
Oui, ce sont des artistes qui ont vraiment su faire écho à mon univers. Le texte L’homme de la situation, je me reconnais dedans. Ça me fait penser à un ex à moi d’ailleurs. Bien fait pour toi
Parle nous un peu de tes jeunes années. Dans cet album, tu as voulu réunir des petits clins d’oeil : Amandine qui fait de la flute traversière, Amandine qui a fait aussi de l’opéra rock…
Je suis née dans une famille de musiciens, d’artistes. Mon papa est guitariste, mon beau père est bassiste. C’est vrai que j’ai tout de suite baigné dans un univers musical et artistique. J’ai fait de la flute traversière au conservatoire de Nice. Ensuite je suis partie en Angleterre, parfaire ma culture musicale. J’ai intégré des groupes, j’ai chanté dans des bars, et j’ai pris des cours de chant avec un prof lyrique, qui m’a appris les bases du chant. Une fois que j’ai eu traversé toutes ces expériences qui m’ont enrichie musicalement, je me suis lancée à passer différents castings, j’avais envie d’évoluer de faire autres choses. J’ai toujours été très attirée par le théâtre. Par chance, j’ai passé une audition à Toulouse pour un opéra rock qui s’appelle « The wall ». On retrouve Pink Floyd, le groupe que j’écoutais en boucle quand j’étais adolescente. C’était génial. C’est ma première grosse expérience pro, j’ai pris un super pied ! J’ai pris beaucoup de plaisir à faire ça, même si ça a été dur, stressant, beaucoup de boulot. J’interprétais le rôle de quatre femmes différentes, c’était très intéressant. On tournait tout en anglais. Le metteur en scène voulait vraiment respecter le film.
Tu prends beaucoup de plaisir à jouer tes chansons ?
Je pense que quand on est chanteur on interprète, on joue des personnages dans les chansons, on raconte des histoires. C’est aussi normal d’avoir ce petit truc là en plus. Le théâtre m’attire beaucoup, j’aime bien jouer à fond le personnage que j’interprète dans une chanson.
On peut dire que pendant ces années où tu as fait du piano bar, ça t’a un peu cassé la voix, il y a eu un accident qui fait qu’aujourd’hui tu as cette voix ?
Quand je chantais dans les bars, je n’avais pas vraiment de technique, je n’avais pas pris de cours avant. En plus, dans les bars, c’est un public qui ne te connait pas, qui n’est pas là pour toi. C’est difficile comme exercice parce qu’il faut passer au dessus du brouhaha, essayer de capter les gens. C’est très formateur mais comme je n’avais pas de technique et qu’on chantait 3-4 heures non stop, je me suis usée. C’était vraiment dur. Je me suis retrouvée aphone pendant plusieurs mois. C’était très dur, j’ai accusé le coup, j’étais limite en déprime. C’est ce prof de chant lyrique qui s’appelle Christian Crozes qui m’a sauvé. Il m’a demandé de m’arrêter pendant un an pour me remettre sur pied, retrouver ma voix. Les profs lyriques aiment bien les voix pures et lisses. J’ai dit que je ne pouvais pas m’arrêter, que je vivais de ça. Il m’a dit qu’il allait me remettre sur pied, mais que je garderais toujours des cicatrices. Du coup, j’ai cette voix avec mes cicatrices, c’est ce qui me donne ce grain voilé, abimé.
Il faut dire que le premier morceau de l’album plante un peu le décor. Tu as voulu faire passer un message avec Chacun son truc ?
Chacun son truc, le premier titre de l’album, c’est une manière de dire que c’est chacun son truc. On a tous des passions, des choses qu’on a envie de faire, faisons les, n’ayons pas peur. Il faut faire ce qu’on a envie de faire et ne pas forcément rester dans les choses formatées. Il faut suivre ses envies, ne pas avoir peur d’y aller ou se positionner en victime. Il faut toujours rester courageux et assumer les choses qu’on a envie de faire.
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