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Aaron Birds in the Storm

Le nouvel album d'Aaron Birds in the Storm

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Aaron <i>Birds in the Storm</i> 4

Après la belle aventure du premier album, « Artificial Animals Riding On Neverland« , le duo Aaron revient à la rentrée avec « Birds in the Storm », dans les bacs le 4 octobre prochain.

Enregistrer un deuxième album, c’est en tout premier lieu tout faire pour le réussir. Ne pas y penser, même s’il y a beaucoup de cela, est un exercice périlleux. Après un miracle sidérant (un premier disque double platine), il fallait à la fois beaucoup de détermination et d’insouciance pour écrire une autre histoire. AaRON est donc un curieux groupe, comprenez un tandem atypique qui fait de son association magnétique une magie prolongée. Simon et Olivier. Ils sont deux, et parfois un seul ensemble. Souvent un son unique. Semblables dans leur attirance pour le danger de la création. Différents dans la manière de jouer avec ce vertige. Gémellaire affaire, soumise à la tentation extrême de ne s’incarner que dans la beauté des sentiments. Cela s’appelle de fait une sorte d’exigence romantique. Il faut écouter ce nouvel album d’AaRON « Birds in the Storm » pour comprendre que ce groupe est Viscontien. Parce qu’ici tout est histoire de lumières, de climats, d’arrangements, d’une certaine obsession du soin de décor et de la mise en scène de chaque chanson. Beauté majuscule, Simon Buret est une sorte de héros abrasif engagé dans ses chansons comme on entre en religion, avec l’impatience chevillée au corps. Elégance tout aussi majuscule, Olivier Coursier emboite l’ombre envoûtante de cette passion fébrile projetée par Simon. L’un court, l’autre pas toujours. Ils se sont enfermés chez eux pour enregistrer leurs nouvelles chansons. Non pas par désir d’autarcie, mais plutôt par besoin de se sentir encore artisans alors que le succès les poussait naturellement à se transformer en professionnels de la profession. AaRON ou la maîtrise du temps et de ce qu’il convient d’appeler une forme de liberté. Liberté de langage, de composition, de forme. Ainsi se déroule ce deuxième album d’AaRON, marqué par les stigmates du miracle, qui va chercher dans une météorologie agitée une motivation de croire encore au miracle. C’est pour cette raison peut-être que ce disque ressemble autant à nouveau à un premier album. Parce qu’il est vierge de toute mécanique de création, parce qu’il est sans concession. Compact, direct, spontané et pourtant inspiré par le choc de sensations extrêmes et antagonistes. Curieux passage initiatique que celui du succès, qui a conduit AaRON dans une traversée du désir où les bonheurs les plus ultimes ont côtoyé les drames les plus absurdes. La vie en quelque sorte. Avec ses mouvements de balancier qui donnent le vertige et ont offert ce besoin de vivre pleinement des plaisirs très terrestres. C’est finalement ce que raconte cet album entre l’éblouissement d’un soleil d’Eden et la fracture d’un orage meurtrier.

« Birds in the Storm », qu’y a-t-il de plus beau que des oiseaux dans la tempête, métaphore de cette capacité de pouvoir encore voler lorsque les vents sont furieusement contraires ? Les chansons d’AaRON ressemblent à une cartographie intime de la vie du groupe. Une sorte d’impression fixe de moments précis. Dix empreintes d’un instant, entre extases et petites morts. Olivier alchimiste de la chanson pop et Simon funambule en quête d’émotions terrestres ont tout fait pour écrire et composer des chansons incarnées. De chair et de sang. De sueur et de larmes. Loin de l’image éthérée et dandy d’un groupe qui joue la pose, AaRON revient dans un disque exutoire et nécessaire. A l’image de cette chanson d’ouverture Ludlow, sorte d’irrésistible marche pop écrite au réveil dans une New York encore endormie un jour de neige à Ludlow Street. Sensation physique de passer d’un coup d’un seul de l’ombre à la lumière, traduite par une rythmique martiale et des claviers aériens. Entre le ciel et la terre, il y a aussi l’eau et la sensation du roulement indéfectible de la vague qui donne cette chanson en mouvement perpétuel Rise, inspirée d’une divagation au large de la Sicile sur un bateau. Retour à la nuit qui parfois sollicite des envies de réveiller des sentiments lumineux.

Avec Seeds of gold, AaRON a composé une de ces chansons incroyablement physiques qui portent la pop dans ce qu’elle a de meilleur. Le plaisir du tube imparable qui fait souffler un vent force 4 et nous pousse hors de nous-mêmes et nous amène à croire qu’une seule chanson peut au moins changer le monde dans nos têtes. Retour à la spiritualité qui hante de bout en bout ce disque créé sous l’emprise d’un mysticisme profond et loin d’être folklorique. La voix de Simon y est pour beaucoup. Sans emphase, libre et déployée, souvent au bord de la fracture, elle est l’instrument majeur de l’album sur lequel les arrangements se sont identifiés. Voix païenne, alternant attraction sexuelle et angélique, implorant comme dans une prière africaine le rêve d’un monde peut être plus facile. Waiting For The Wind To Come. Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est dans la solitude des champs de cotons que l’on pourrait parfois croiser le blues d’AaRON. Il y a aussi beaucoup de déséquilibre dans l’air d’AaRON. Comme si Joy Division avait pris un coup de soleil, Inner Streets porte en elle toute cette tension, telle un cri primal, même les pianos semblent s’affoler. Puis il y a les chansons qui poussent au silence. Ecouter et se taire. Songs For Ever. Chanson pour une disparue qui hante le disque et qui malgré la tristesse et la souffrance lègue une force de vie en héritage. Parfois, c’est étrange, les chansons se suivent et se ressemblent. Arm Your Eyes, écrite aussi pour un ami en fuite, est portée par la voix guérisseuse de Simon. Tout cela c’est comme de la « Violence et passion », et nous revoilà du côté de l’extrémisme flamboyant de Visconti. Il fallait finalement une chanson qui résume à elle seule l’état d’esprit du disque. « Birds in the Storm », morceau de bravoure, sombre et épique, est à AaRON ce que Violator fut à Depeche Mode. Un morceau en liberté, construit en geyser, avec l’envie d’être aussi iconoclaste dans le mixage. Cette chanson marque également le désir de Simon de pousser les gens à planer. Vu du ciel, c’est finalement ce qu’AaRON préfère. A l’image de The lame souls, morceau satellite, comme une vision nocturne où tout à coup la beauté humaine ne peut être décelée que dans le sens de la hauteur. Et de s’apercevoir de haut que tout ce qui n’est pas parfait, tout ce qui est viscéralement désaxé, tout ce qui boite est finalement plus joli. C’est déjà l’heure de conclure ce disque, dans un dépouillement ultime. Avec une chanson sur le fil créée dans l’esprit d’une improvisation pour affirmer que la sensation d’être seul au monde lorsque vous êtes dans un combat entre douleur et extase, n’est qu’une traversée de la vie universelle. A thousand wars. En français, cela signifie que nous sommes tous un millier de guerres. Le nouveau disque d’AaRON est précisément là pour toutes les vaincre.

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