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Scène française

Louis Bertignac

Interview de Louis Bertignac

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Louis Bertignac 4

On entre par une cuisine que l’on devine familiale, toujours prête à accueillir l’ami improviste. À gauche, un studio, capharnaüm dévoilant une activité fébrile, une passion visiblement vivace. Au mur, à droite, des guitares, beaucoup, toutes belles, toutes différentes, pas des trophées, non, des outils, comme dans un établi, attendant de servir la création, une Dobro au sol, aussi un sitar, une batterie, des photos, des bougeoirs ottomans. Un studio revendiquant une existence. Vivant.  Au centre, l’ordinateur et un mur d’enceintes. Qui vont bientôt dévoiler les titres du nouvel album de Bertignac. L’homme ne change pas. On le croise par médias interposés depuis Téléphone, on le devine rigolard, habité, virtuose et fil de fer. C’est un peu ça. Son sourire est celui d’un gamin à qui on ne la fait pas. Son enthousiasme à la simplicité débonnaire a de quoi fédérer bien des âmes. C’est ainsi que Louis Bertignac, le guitariste hexagonal nous raconte son nouvel album !

Pourquoi avoir attendu 2010 pour enregistrer ce disque qui te ressemble autant ?
C’est un album de rock… Un florilège de riffs de guitare. Pour moi, c’est le deuxième album que j’aurais du faire après le premier Téléphone. Pourquoi avoir attendu 2010 ? Je ne sais pas… Et je ne savais pas que j’étais capable de sortir autant de riffs… Je n’avais même jamais essayé. Je sais, c’est bizarre. Il y a eu un déclic. Mais j’avais déjà fait des riffs, Ca, C’est Vraiment toi, Argent Trop Cher, il y avait des riffs. Mais Téléphone, c’était quand même plus des accords et des mélodies… Ce disque, j’aurais du le faire il y a longtemps. Ce disque, je pourrais sans problème le faire écouter à Jagger ou à Page, sans aucun complexe. Cette nouvelle confiance, elle vient aussi de mon manager, Maurice, qui est un amour de mec et qui a changé quelque chose dans ma vie. Il m’a fait jouer avec Bill Wyman, Alvin Lee, des héros pour moi et ces mecs, je leur ai mis la claque. Tout ça donne vachement confiance.

As tu quand même eu quelques complexes ?

Si j’avais des complexes ? Ouais, probablement. Mais il y a quelque chose de positif dans les complexes, c’est que ça t’évite de prendre la grosse tête, ça t’évite ce genre de conneries. Surtout, ça te pousse à toujours tenter de faire mieux. Moi, je veux arriver au sommet de moi. Je n’y suis pas encore. Mais avec cet album, je suis la bonne route. Je me suis toujours dit que je pouvais faire dix fois, cent fois mieux. Et puis, ce qui compte, c’est de savoir que je vais me retrouver sur scène pour jouer ces chansons et que je vais m’éclater. Un hommage au rock, cet album? Bien sûr, bien sûr… En fait, j’avais un album qui était quasiment prêt. J’avais fait les maquettes. En 2008-2009. J’avais écrit les textes, il était presque déjà mixé. Et puis je vais voir Prince en concert à Paris. Et juste devant moi, il y a, assis, ce cher Martin Meissonnier. Je suis content de le revoir. C’est un mec que je croise régulièrement, souvent par hasard, à Paris ou à Katmandou, un mec que j’aime beaucoup et pour qui j’ai beaucoup de respect depuis que j’ai lu son nom sur l’album de Page et Plant… Je lui propose de venir écouter chez moi mon album presque fini, pour avoir son avis. Il accepte. Après écoute, il me dit: « Ouais, c’est vachement bien mais je peux te dire un truc, sincèrement? C’est pas l’album que j’espère de toi depuis toujours. » Alors moi, je réponds: « Qu’est ce que tu attends de moi? ». Et il dit: « De toi, j’attends des riffs de guitares à n’en plus pouvoir, des solo qui durent…« . Et là, je vois exactement ce qu’il veut dire. Et ça me tourne dans la tronche pendant plusieurs jours. Et ça devient une évidence. Je décide d’essayer de faire des riffs …

Comment se passe la suite ?
Il se trouve que je pars une semaine après au Brésil, pour une tournée de 25 jours. Et, là, j’ai composé des riffs. Que j’enregistrais avec mon I-Phone, qui a un magnéto 4 pistes intégré (sourire). Je faisais un riff puis j’enregistrais une mélodie de voix par dessus (Il dégaine son téléphone et nous fait écouter. On dirait un enfant à la malice communicative). Je suis rentré à Paris avec une quinzaine de morceaux à base de riffs. J’envoie ça par Skype à Martin. Il me répond: « Putain, voilà, c’est exactement ça ! Tu les as, tes chansons. Il faut maintenant trouver un parolier... » Je pense direct à Boris Bergman. Qui a accepté, bien sûr. Meissonnier, ça a vraiment été le déclic, il m’a ouvert un truc… C’est marrant parce que c’est un mec qui n’a rien à voir avec le rock, à priori… Cette fois, ce n’est pas la guitare qui m’a dicté les choses. Les riffs, au Brésil, je les ai trouvés avec la tête. Et c’est ça qui a fait la différence. Ce disque, c’est ce que je faisais quand je jouais, dès que je prenais une guitare. Et quand je faisais un disque, ce n’était plus ça! Sauf là. Je ne comprends pas. Ca m’a pris d’un coup, j’ai eu au Brésil cette explosion de riffs dans la tête. Ouais, il y a eu pendant des années comme une sorte d’autocensure complètement inconsciente.

Pourquoi ?
J’en sais foutre rien ! Une rencontre, une évidence qui s’impose. À quoi ça tient l’existence… À rien. Comme le rock. Un seul petit riff peut tout changer. Absolument tout.

Comment c’est passé l’enregistrement de cet album ?
J’ai demandé aux musiciens de venir chez moi l’avant veille de l’enregistrement. On a joué les trucs tous les trois. Ils ont pris des notes. Et ça roulait, c’était facile. Ca collait. En deux jours, on a enregistré la basse, les guitares, la batterie et les voix. Moi, j’étais branché à trois amplis… Et les premières prises étaient toujours bonnes. Et voilà. On a expédié les chansons en un jour et demi. Le dimanche à 14 heures, c’était dans la boîte. Martin voulait absolument enregistrer en analogique. On a donc enregistré sur un magnéto à bandes avant de tout transférer sur un disque dur. Martin est évidemment le réalisateur du disque, ça s’est imposé tout seul. Ce disque, ça n’a été que de la facilité. On n’a pas eu le temps de douter.

Sur ton album, les paroles collent à merveille à tes assauts soniques de guitares !

C’est vraiment ça que j’ai aimé dans les paroles de Bergman. Lui, c’est vraiment l’écrivain de rock. Parce que justement, il a un truc que la plupart des autres n’a pas: Il écrit flou, il écrit des images. Dans ses textes, on peut trouver le sens que l’on veut. J’adore ce style. Ses mots sonnent. Je l’ai repris sur maximum trois phrases sur l’album. Il est venu. On a passé quelques jours ensemble. Il n’a pas écrit sur moi mais étonnamment, il y a plein de trucs qui collent. Ces chansons, tu rentres dedans et tu fais des analogies avec ta propre vie. Elles sont presque toutes pour moi finalement…

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